Des
nouvelles du rapport " licence to rape "
La controverse entre la Thaïlande et la
Birmanie est de nouveau alimentée par le récent
soutien du Sénat Thaïlandais au rapport sur le viol
comme arme de guerre en pays Shan intitulé " licence
to rape " (consultable à Info Birmanie). Le gouvernement
birman a publié un texte niant formellement les agissement
de ses soldats, taxant les faits cités de "fabriqués
et faux". Tout en faisant pression sur la population Shan,
notamment en faisant signer des déclarations reniant
les plaintes.
Kraisak Choonhavan, président de la Commission des Affaires
étrangères du Sénat Thaïlandais a
condamné le 4 septembre dernier ce qu’il considère
comme le viol systématique, la torture et le meurtre
à grande échelle des minorités ethniques
en Birmanie.
" Dans les plaines centrales de l’Etat Shan, des
villageois sans armes ont été menacés,
certains tués. Le pire reste le viol systématique.
Plus de six cent femmes ont été violées,
certaines l’ont été régulièrement
pendant plusieurs années. Il y a parmi les victimes des
petites filles de onze ans, et de vieilles dames de soixante
ans. La plupart des viols ont été initiés
par des officiers, suivis par leurs subordonnés. Ils
ont été commis dans les villages et dans les camps
de l’armée, les deux tiers des victimes étant
ensuite abattues.
Des enfants et des adultes ont été torturés
et tués sans raison. Certains ont été plongés
dans l’eau bouillante, la tête en sang. Nous avons
les noms des victimes et des soldats responsables de ces atrocités
" a rappelé le sénateur.
Mr Kraisak a promis de continuer à exposer à ses
collègues les abus dénoncés en Birmanie.
Il a également demandé aux Nations-Unies de procéder
à une enquête.
Une déclaration de l’ambassade de Birmanie à
Bangkok niant les faits décrits par le rapport a été
à nouveau publié. Il y est dit " qu’il
est très regrettable qu’un officiel de haut rang
ait fait des déclarations irresponsables, notamment en
parlant de six cent femmes violées systématiquement
par l’armée du Myanmar. Récemment, des prétendues
ONG liées aux terroristes Shan ont publié un rapport
intitulé " licence to rape " dans lequel elles
portent des allégations de violences sexuelles commises
par troupes du Myanmar. Le gouvernement a déjà
annoncé que ces allégations etaient fabriquées
et sans fondement. Les femmes sont protégées de
ce type d’abus par des lois et à travers la culture
et la tradition du Myanmar. Notre pays étant bouddhiste,
les femmes y sont respectées et la seule idée
du viol est contraire à notre culture. Je ne parle même
pas du viol collectif qui est étranger aux oreilles birmanes.
Le coupable d’un viol sera puni par la loi puis naturellement
ostracisé par la société birmane".
Il est important de noter qu’aucune enquête n’a
été diligentée par les autorités
birmanes, et qu’au contraire on a fait pression sur les
populations pour qu’elles signent des déclarations
invalidant le rapport, préparées et imprimées
par le gouvernement. Des soldats auraient aidé les illettrés
à tenir la plume…
Un homme de cinquante quatre ans qui refusait de signer parce
que sa fille avait été violée a été
forcé à signer, les militaires lui tenant les
mains (il etait lui-même illettré). Les déclarations
sont " collectées " par les mêmes troupes
accusées de viols, ce qui en dit long sur la volonté
du gouvernement de faire la lumière sur cette affaire…
Communiqué
de presse concernant le sommet international sur la Birmanie
qui a lieu à Copenhague le 22 septembre.
La junte militaire birmane en procès à Copenhague
" Nous voulons dire à la communauté
internationale que la pression politique qui pèse sur
le pouvoir militaire birman doit être accentuée
plutôt que diminuée ", déclare la secrétaire
générale du comité danois pour la Birmanie
(Danish Burma Commitee), Anette Berentzen, avant le sommet international
sur la Birmanie qui aura lieu à Copenhague le 22 septembre
prochain. Nous voulons que ce message soit clair avant que les
dirigeants européens et asiatiques ne se rencontrent
les jours suivants lors du sommet de l’ASEM.
Ce message à la communauté internationale sera
porté lors des différentes tables rondes, au cours
desquelles on donnera aux victimes de la junte l’opportunité
de s’exprimer.
Le but est de renverser la situation, c’est à dire
de mettre la junte en procès, quand en Birmanie on a
plutôt l’habitude de faire passer ceux qui se battent
pour la démocratie, les défenseurs des droits
de l’homme, les représentants des minorités
ethniques et le peuple birman en général, devant
les juges.
Des prisonniers politiques raconteront leur expérience
de la torture et de l’emprisonnement illégal (environ
1 500 d’entre eux demeurant actuellement derrière
les barreaux).
On parlera également du travail forcé, de l’usage
systématique par l’armée du viol comme forme
d’oppression des minorités ethniques en Birmanie.
Les auteurs du rapport " permis de violer " ("
licence to rape ") qui rapportent 625 cas de viols commis
par des militaires birmans, seront presents à Copenhague
pour presenter les preuves choquantes contenues dans leur rapport.
Les victimes auront l’occasion de s’exprimer devant
un panel de personnalités comprenant Mairead Maguire,
prix Nobel de la paix 1977 et qui, après avoir ecouté
ces temoignages, donnera des recommandations à la communauté
internationale.
Au même moment des leaders des minorités ethniques
birmanes se rencontreront à Copenhague, dans le but d’arriver
à une position commune sur la façon dont la société
birmane pourrait etre organisé une fois la democratie
etablie en Birmanie, et de prouver au monde qu'il existe une
alternative réaliste au gouvernement militaire. Le Dr
Sein Win, Premier ministre du gouvernement birman en exil, participera
à la réunion, à l'issue de laquelle sera
présentée la résolution commune. "La
junte militaire déclare qu'ils doivent se maintenir au
pouvoir poue éviter la désintégration,
à l'image de l'ex-Yougoslavie" explique Annette
Berentzen, "mais c'est juste une mauvaise excuse pour ne
pas s'accrocher au pouvoir. A Copenhague, nous montrerons la
réalité, celle d'un mouvement démocratique
et de groupes ethniques prêts et davantage intéressés
pour construire un avenir stable et pacifique en Birmanie."
Aung San Suu Kyi assiste à une cérémonie
avec des membres de la junte
Le leader des démocrates birmans, Aung San Suu Kyi, a
assisté à une cérémonie de commémoration
des attentats du 11 septembre avec des responsables de la junte,
à Rangoun. C'est la première fois depuis sa libération
qu’Aung San Suu Kyi apparaît en public avec des
hauts
responsables du régime. La délégation gouvernementale
était conduite par le général Kyaw Win,
numéro deux des renseignements militaires, et comprenait
aussi le vice-Ministre des Affaires étrangères
Khin Maung Win.
Aung San Suu Kyi et le numéro deux des renseignements
militaires étaient tous deux assis au premier rang mais
ne se sont pas adressé la parole. Leur présence
à la même cérémonie publique revêt
néanmoins un caractère symbolique.
Environ 300 personnes, dont des membres de l'administration
birmane, du corps diplomatique et des agences des Nations unies
présentes à Rangoun avaient été
invités à la courte cérémonie de
recueillement organisée dans un hôtel de luxe.
Le nouveau chargé d'affaires américain, Mme Carmen
Martinez, a prononcé un bref discours à la mémoire
des quelques 3.000 morts des attentats du 11 septembre 2001.
Le général Kyaw Win est l'interlocuteur d’Aung
San Suu Kyi dans le dialogue secret de "réconciliation
nationale" qu'elle mène depuis bientôt deux
ans avec la junte au pouvoir.
Délégation
de l'UE: Aung San Suu Kyi se dit "neutre" quant aux
sanctions
Aung
San Suu Kyi a expliqué mardi à une délégation
de l'Union européenne être "neutre" quant
au maintien des sanctions internationales contre Rangoun.
La dirigeante de la Ligue Nationale pour la Démocratie
(LND) a eu des "discussions sur tous les sujets" pendant
deux heures au siège de la LND avec la délégation
de l'UE en visite à Rangoun.
"Les pays font ce qu'ils pensent qu'ils doivent faire",
a-t-elle déclaré au sujet des sanctions imposées
par l'Europe et les Etats-Unis en raison des violations des
droits de l'Homme auxquelles se livre le régime militaire.
"Elle n'a pas fait de commentaire sur (la politique) des
sanctions", a ajouté le porte-parole de la LND,
"elle a une position de neutralité sur cette question".
Le prix Nobel de la paix, jusqu'à récemment très
ferme partisan du maintien d'un strict régime de sanctions,
avait récemment marqué une inflexion de sa position
sur cette question cruciale pour le régime paria, apparemment
à la suite de deux longs voyages en province où
elle avait pu constater le dénuement de la population.
Elle avait en effet indiqué en août qu'elle ne
s'opposerait plus à l'aide étrangère à
la Birmanie --pays dont l'économie est exsangue-- tant
que
celle-ci profiterait au peuple et serait assortie de fortes
garanties de transparence.
La position de Mme Suu Kyi est un élément déterminant
dans la décision de la communauté internationale
d'assouplir éventuellement les sanctions contre le régime.
L'UE avait indiqué en mai que la levée de l'assignation
à résidence de la dissidente --geste consenti
par la junte pour prouver sa bonne volonté à la
communauté internationale-- n'était pas une mesure
suffisante pour qu'elle envisage de lever ses sanctions.
Parmi ces sanctions figurent une suspension de toute aide bilatérale
hors humanitaire, un embargo sur les armes, un gel des avoirs
et un refus de visa pour les membres du Conseil d'Etat pour
la paix et le développement (SPDC) au pouvoir, du gouvernement
et de l'armée.
La délégation européenne, composée
de deux représentants du Danemark et de la Grèce,
actuel et futur présidents de l'UE, et de deux représentants
de la Commssion, devait selon son programme rencontrer le numéro
trois du régime, le chef des renseignements militaires,
mais le général Khin Nyunt était encore
mardi en fin de journée retenu en province par le mauvais
temps en cette période de mousson.
Arrivée dimanche à Rangoun, la délégation
européenne devait quitter la Birmanie mardi soir.
Visite de la Troïka Européenne (8-10
sept 2002)
Une mission de l’Union Européenne (UE), emmenée
par le danois Carsten Nilaus Pedersen, s’est rendue en
Birmanie du 8 au 10 septembre dernier. La troïka a rencontré
notamment le vice Ministre des Affaires étrangères,
U Khin Maung Win, le Secrétaire Général
de la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD), le prix
Nobel de la paix Aung San Suu Kyi , des représentants
des minorités ethniques, des agences de l’ONU et
des ONG internationales.
La rencontre prévue avec le Secrétaire n°
1 de la junte miltaire, le SPDC (State Peace and Development
Concil), a été annulée, officiellement
parce que les trop fortes pluies l’empêchaient de
rentrer à Rangoun (sic).
Le double objectif de la mission etait d’obtenir des informations
de première main sur la situation politique en Birmanie,
notamment en ce qui concerne les droits de l’Homme, et
de faire entendre clairement les attentes de l’UE, au
moment où cette dernière doit bientôt discuter
de sa position vis-à-vis du pouvoir birman.
C’est dans ce contexte que la Troïka a défendue
certaines positions de l'UE, afin :
- D'encourager la poursuite du processus de Réconciliation
Nationale entre le SPDC, Aung San Suu Kyi et les minorités
ethniques.
- D'appeler à la libération immédiate de
tous les prisonniers politiques birmans, au retrait des restrictions
aux libertés d’expression, d'association et de
rassemblement.
- D'exprimer l’inquiétude de l’UE quand au
respect des droits de l’Homme, particulièrement
dans les zones des minorités ethniques, et la pratique
du travail forcé en Birmanie.
- De souligner l’inquiétude de l’UE face
au fait que la Birmanie reste l’un des principales producteurs
d’opium et autres drogues.
- D'exprimer son soutien à la mission de l’envoyé
spécial du Secrétaire Général des
Nations Unies, le Malaysien Razali Ismail.
- D'exprimer la reconnaissance par l’UE des pas effectués
par le SPDC vers la Réconciliation Nationale : La libération
d’Aung San Suu Kyi, de plusieurs dizaines de prisonniers
politiques et l’établissement en Birmanie d’un
officier de liaison de l’Organisation Internationale du
Travail (OIT).
- D'affirmer que l’UE est prête à répondre
positivement, et proportionnellement, à des évolutions
positives significatives du climat politique du pays.
Des réfugiés Rohingya s’opposent
à la police du Bangladesh.
A en croire " The Ittefaq
", un quotidien du Bangladesh, un groupe de réfugiés
Rohingya refusant son rapatriement dans l’Arakan, la région
d’origine des Rohingya en Birmanie, s’est abrité
dans le camp de réfugiés de Nayapara dans le sud-est
du Bangladesh avant d’être pris dans une rixe avec
la police. Au moins vingt réfugiés et quatre policiers
ont été blessés, a rapporté le journal.
Cinq Rohingya dont une femme ont été arrêtés
à la suite de cet incident.
Les sources policières et des témoins affirment
que la rixe a débuté après que la police
ait tenté de disperser une manifestation contre le rapatriement
en tirant des balles à blanc.
Plainte contre TOTALFINAELF
Nous reproduisons ici le communiqué de l’association
Sherpa :
" Des réfugiés birmans portent plainte contre
les dirigeants de TotalFinaElf et sa filiale opératrice
en Birmanie pour séquestration
Une plainte avec constitution de partie civile a été
déposée le lundi 26 août 2002 par Maître
William BOURDON, après d’importants travaux de
recherche documentaire et juridique effectués par l’association
SHERPA, auprès du Doyen des Juges d’Instruction
de Nanterre au nom de deux citoyens birmans victimes du travail
forcé sur le chantier de construction du gazoduc Yadana
en Birmanie, dont la société française
TOTALFINAELF est le principal opérateur.
Cette plainte pour crime de séquestration vise les dirigeants
des sociétés TOTALFINAELF et sa filiale TOTALFINAELF
E & P MYANMAR, à l’époque des faits
(Hiver 1995), respectivement Messieurs Thierry DESMAREST et
Hervé MADEO.
Les plaignants font grief aux dirigeants des deux sociétés
françaises, d’avoir en pleine connaissance de la
réalité du recours au travail forcé en
Birmanie, exercé un rôle déterminant dans
leur enrôlement par l’armée birmane, dont
elles ont recruté et payé les bataillons, pour
effectuer, contraints et forcés, dans l’intérêt
des deux sociétés, des travaux sur le chantier
de construction du gazoduc.
Les plaignants, dont l’un n’était âgé
que de 13 ans au moment des faits, espèrent par cette
action, voir identifiés et poursuivis les responsables
des graves infractions dénoncées et par conséquent
obtenir réparation des préjudices subis.
Ils attendent de la justice française, compétente
s’agissant des crimes commis par des français à
l’étranger, que soit amorcée, sans délai,
toute investigation utile.
L’association SHERPA, réseau international de juristes,
soutient pleinement cette action qui vise à démontrer
que l’extraterritorialité dans laquelle agissent
certains agents privés n’est pas la garantie systématique
de l’impunité. "
SHERPA
156, rue de Rivoli - 75001 Paris
Tél : 01 42 60 84 17
Fax : 01 42 60 19 43
E-mail : asso.sherpa@wanadoo.fr
Interview de Shan Lum, Membre de la KIO (Kachin
Independance Organisation).
Le NCUB (National Council of Union of Burma ) a mis en place
une formation aux relations internationales pour 17 jeunes,
issus des mouvements de l’opposition démocratique
birmane. Dans ce cadre, Shan Lum a rejoint l’équipe
d’Info Birmanie du 28 janvier au 20 avril 2002. Nous profitons
de sa présence pour demander à ce protagoniste
de témoigner de la situation actuelle.
IB : Tu as quitté la Birmanie en 1987, à l’âge
de 17 ans. Peux-tu nous expliquer les raisons de ce départ
?
Shan Lum : Je n’ai pas quitté la Birmanie pour
des raisons personelles. A cette époque, j’etais
soldat de la KIA (Kachin Independance Army,ndlr). Mon organisation
a envoyé une mission en Thailande pour prendre des contacts
avec la communauté internationale et travailler avec
les autres groupes ethniques, et j’ai suivi cette mission.
IB : Comment les choses se sont-elles passées lors de
ta fuite et à ton arrivée en Thaïlande ?
Shan Lum : Les choses ne sont pas faciles. Nous pouvons etre
arretés à n’importe quel moment. Nous vivons
illégalement en Thailande, mais nous sommes obligés
d’y rester. La Thailande est le seul pays qui permette
à des Birmans d’etre en contact avec la communauté
internationale. Dun autre coté, je dirais que la Thailande
soutient le mouvement démocratique Birman, en laissant
beaucoup d’opposants, réfugiés et migrants
Birmans vivre sur son territoire.
Pour ma part je suis assez heureux de vivre en Thailande.
IB : Comment as-tu vécu les événements
de 1988 ?
Shan Lum : Beaucoup de groupes armés ethniques se battent
depuis des decennies, mais la Birmanie etant isolée depuis
le coup d’Etat militaire de 1962, la communauté
internationale est très peu au fait de la situation.
Le soulevement etudiant de 1988 a été le moment
clé et le declencheur du mouvement pour la démocratie.
IB : Qu’en retiens-tu 14 ans après ?
Shan Lum : Je suis parfois frustré que le mouvement mette
autant de temps à aboutir et que nos vies privées
lui soient sacrifiées, mais nous n’allons pas abandonner
notre but qui est d’instaurer la démocratie en
Birmanie, meme si nous sommes confrontés à un
certain nombre de difficultés dans nos propres vies.
IB : Peux-tu nous présenter la KIO ?
La KIO a été fondée en 1962 pour combattre
la dictature militaire en Birmanie. Notre objectif
est de defendre les droits de la population Kachin, sa culture,
son histoire, et son droit à
l’auto détermination. Mais après nous etre
battu pendant plus de trente ans, nous nous sommes aperçus
qu’il y avait eu beaucoup de morts dans les deux camps,
et que la population continuait à souffrir. De plus nous
pensons quele problème est politique est qu’on
doit le resoudre par des moyens politiques. Nous avons signé
un cessez le feu en 1994, parce que nous pensons que la voie
armée n’est pas une solution.
Cela fait bientôt dix ans que nous avons signé
ce cessez le feu, mais aucun dialogue n’a vu le jour entre
la KIO et le SPDC. Le peuple Kachin souffre toujours de l’oppression
du regime militaire, comme tous les groupes ethniques de Birmanie.
IB : Quelles fonctions occupes-tu en son sein ?
Shan Lum : Je suis permanent de la ROKA (Representative Office
of Kachin Affairs, la branche " affaire etrangeres "
de la KIO). Nous travaillons en collaboration avec les autres
organisations et groupes ethniques. Nous sommes egalement coordinateur
du projet de developemment de l’Etat Kachin.
IB : La KIO a signé en 1994 un Cessez-le-feu avec la
junte. De ton point de vue, quels en ont été les
effets négatifs et positifs ?
Shan Lum : Je suis assez déçu par le cessez le
feu. Les troupes du SPDC contrôlent de plus en plus le
territoire, le commerce, la population et les ressources naturelles.
Cela dit, comme je l’ai déjà dit, la lutte
armée n’est pas non plus une bonne solution pour
resoudre les problèmes politiques et ethniques en Birmanie.
IB : Quelle description ferais tu de la Birmanie à l’heure
où nous parlons ?
Shan Lum : La Birmanie vit depuis longtemps sous la coupe d’une
dictature militaire.
Ce régime en a fait un des pays les plus pauvres du monde,
où les violations des droits de l’Homme sont les
pires, où le taux d’alphabétisation est
l’un des plus bas du monde.
A l’inverse, c’est le premier producteur mondial
de drogue. Je ne pense pas que ces problèmes pourront
etre résolus tant que la junte restera au pouvoir.
IB : Penses-tu qu’Aung San Suu Kyi peut conduire la Birmanie
à la démocratie ?
Shan Lum : C’est un grand leader. Elle est d’une
grande importance pour notre mouvement pour la démocratie
en Birmanie. Mais sans la participation du peuple, un grand
leader seul ne peut pas accomplir une telle tache.
IB : Après l’ouverture économique en 1989,
beaucoup de pays ont prônés " l’engagement
constructif " au mépris de la demande d’Aung
San Suu Kyi. Depuis novembre 2000, l’OIT a condamné
" l’utilisation massive et généralisée
" du travail forcé en Birmanie et demande à
ses membres de veiller à ce que leurs activités
ne favorisent pas davantage cette situation. Penses-tu que ces
sanctions soient suffisantes ?
Shan Lum : Je pense que beaucoup de pays ont une attitude ambiguë
vis à vis de la Birmanie.
Beaucoup de pays démocratiques et civilisés clament
haut et fort que l’on doit mettre un terme aux violations
des droits de l’Homme, mais à l’epreuve des
faits leur premiere priorité est plutot d’ordre
économique. Beaucoup d’entreprises européennes
ou américaines font encore des affaires avec la junte,
et beaucoup de touristes visitent encore notre pays.
Tous ces hommes d’affaires et ces gouvernements devraient
ecouter la voix du peuple et de l’opposition Birmane.
IB : La France est également concernée, puisque
TotalFinaElf a investit 1,2 milliards de dollars en 1992 pour
la construction du pipeline " Yadana ", qui rapporterait
aujourd’hui à la MOGE un revenu de 100 à
400 millions de dollars par an.
Shan Lum : Je suis certain que c’est en partie grace à
Total que la junte va pouvoir porter ses troupes à 500,000
hommes d’ici la fin 2002, acheter des Mig 29 et un réacteur
nucléaire aux russes. L’argent vient, selon toute
vraisemblance, de l’exploitation du pipe-line Yadana.
Renforcer son armée et des acheter des armes n’est
pas le signe d’une volonté pacifique, mais au contraire
fait craindre de nouveaux conflits internes, la Birmanie n’ayant
pas d’ennemis exterieurs. La population française
devrait comprendre qu’une entreprise française
contribue indirectement au massacres du peuple Birman.
IB : Quelle est ta position dans le grand débat sur le
tourisme en Birmanie : Faut-il y aller ou pas ?
Shan Lum : Meme si la Birmanie est un trés beau pays
et les Birmans un peuple chaleureux, je condamne le tourisme
dans mon pays parce que :
- Visiter la Birmanie enrichit directement la junte et qu’elle
se sert de cet argent pour opprimer encore un peu plus sa population,
aggrandir son armée et acheter des armes, alors que les
conditions de santé et d’education sont catastrophiques.
On sait très bien que la junte n’utilisera pas
cet argent pour faire du social.
- Les touristes ne peuvent pas voir la réalité
des conditions de vie des Birmans dans les zones de conflits
et zones frontalieres où la junte a recours au travail
forcé et autres atteintes droits de l’Homme.
- Le tourisme entraine du travail forcé, car la junte
construit des hotels, des routes, des chemins de fer et autres
pour les besoins du tourisme. Je pense que les touristes eux-aussi
devraient ecouter les democrates Birmans, pas la junte.
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