Birmanie>Net Hebdo n° 01
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie


Sommaire
> Des nouvelles du rapport " licence to rape "
> Sommet international sur la Birmanie
> Aung San Suu Kyi assiste à une cérémonie avec des membres de la junte.
> Délégation de l'UE: Aung San Suu Kyi se dit "neutre" quant aux sanctions
> Visite de la Troïka Européenne (8-10 sept 2002)
> Des réfugiés Rohingya s’opposent à la police du Bangladesh.
> Plainte contre TOTALFINAELF
> Interview de Shan Lum, Membre de la KIO

Des nouvelles du rapport " licence to rape "

La controverse entre la Thaïlande et la Birmanie est de nouveau alimentée par le récent soutien du Sénat Thaïlandais au rapport sur le viol comme arme de guerre en pays Shan intitulé " licence to rape " (consultable à Info Birmanie). Le gouvernement birman a publié un texte niant formellement les agissement de ses soldats, taxant les faits cités de "fabriqués et faux". Tout en faisant pression sur la population Shan, notamment en faisant signer des déclarations reniant les plaintes.
Kraisak Choonhavan, président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat Thaïlandais a condamné le 4 septembre dernier ce qu’il considère comme le viol systématique, la torture et le meurtre à grande échelle des minorités ethniques en Birmanie.
" Dans les plaines centrales de l’Etat Shan, des villageois sans armes ont été menacés, certains tués. Le pire reste le viol systématique. Plus de six cent femmes ont été violées, certaines l’ont été régulièrement pendant plusieurs années. Il y a parmi les victimes des petites filles de onze ans, et de vieilles dames de soixante ans. La plupart des viols ont été initiés par des officiers, suivis par leurs subordonnés. Ils ont été commis dans les villages et dans les camps de l’armée, les deux tiers des victimes étant ensuite abattues.
Des enfants et des adultes ont été torturés et tués sans raison. Certains ont été plongés dans l’eau bouillante, la tête en sang. Nous avons les noms des victimes et des soldats responsables de ces atrocités " a rappelé le sénateur.
Mr Kraisak a promis de continuer à exposer à ses collègues les abus dénoncés en Birmanie. Il a également demandé aux Nations-Unies de procéder à une enquête.
Une déclaration de l’ambassade de Birmanie à Bangkok niant les faits décrits par le rapport a été à nouveau publié. Il y est dit " qu’il est très regrettable qu’un officiel de haut rang ait fait des déclarations irresponsables, notamment en parlant de six cent femmes violées systématiquement par l’armée du Myanmar. Récemment, des prétendues ONG liées aux terroristes Shan ont publié un rapport intitulé " licence to rape " dans lequel elles portent des allégations de violences sexuelles commises par troupes du Myanmar. Le gouvernement a déjà annoncé que ces allégations etaient fabriquées et sans fondement. Les femmes sont protégées de ce type d’abus par des lois et à travers la culture et la tradition du Myanmar. Notre pays étant bouddhiste, les femmes y sont respectées et la seule idée du viol est contraire à notre culture. Je ne parle même pas du viol collectif qui est étranger aux oreilles birmanes. Le coupable d’un viol sera puni par la loi puis naturellement ostracisé par la société birmane".
Il est important de noter qu’aucune enquête n’a été diligentée par les autorités birmanes, et qu’au contraire on a fait pression sur les populations pour qu’elles signent des déclarations invalidant le rapport, préparées et imprimées par le gouvernement. Des soldats auraient aidé les illettrés à tenir la plume…
Un homme de cinquante quatre ans qui refusait de signer parce que sa fille avait été violée a été forcé à signer, les militaires lui tenant les mains (il etait lui-même illettré). Les déclarations sont " collectées " par les mêmes troupes accusées de viols, ce qui en dit long sur la volonté du gouvernement de faire la lumière sur cette affaire…



Communiqué de presse concernant le sommet international sur la Birmanie qui a lieu à Copenhague le 22 septembre.

La junte militaire birmane en procès à Copenhague

" Nous voulons dire à la communauté internationale que la pression politique qui pèse sur le pouvoir militaire birman doit être accentuée plutôt que diminuée ", déclare la secrétaire générale du comité danois pour la Birmanie (Danish Burma Commitee), Anette Berentzen, avant le sommet international sur la Birmanie qui aura lieu à Copenhague le 22 septembre prochain. Nous voulons que ce message soit clair avant que les dirigeants européens et asiatiques ne se rencontrent les jours suivants lors du sommet de l’ASEM.
Ce message à la communauté internationale sera porté lors des différentes tables rondes, au cours desquelles on donnera aux victimes de la junte l’opportunité de s’exprimer.
Le but est de renverser la situation, c’est à dire de mettre la junte en procès, quand en Birmanie on a plutôt l’habitude de faire passer ceux qui se battent pour la démocratie, les défenseurs des droits de l’homme, les représentants des minorités ethniques et le peuple birman en général, devant les juges.
Des prisonniers politiques raconteront leur expérience de la torture et de l’emprisonnement illégal (environ 1 500 d’entre eux demeurant actuellement derrière les barreaux).
On parlera également du travail forcé, de l’usage systématique par l’armée du viol comme forme d’oppression des minorités ethniques en Birmanie. Les auteurs du rapport " permis de violer " (" licence to rape ") qui rapportent 625 cas de viols commis par des militaires birmans, seront presents à Copenhague pour presenter les preuves choquantes contenues dans leur rapport.
Les victimes auront l’occasion de s’exprimer devant un panel de personnalités comprenant Mairead Maguire, prix Nobel de la paix 1977 et qui, après avoir ecouté ces temoignages, donnera des recommandations à la communauté internationale.
Au même moment des leaders des minorités ethniques birmanes se rencontreront à Copenhague, dans le but d’arriver à une position commune sur la façon dont la société birmane pourrait etre organisé une fois la democratie etablie en Birmanie, et de prouver au monde qu'il existe une alternative réaliste au gouvernement militaire. Le Dr Sein Win, Premier ministre du gouvernement birman en exil, participera à la réunion, à l'issue de laquelle sera présentée la résolution commune. "La junte militaire déclare qu'ils doivent se maintenir au pouvoir poue éviter la désintégration, à l'image de l'ex-Yougoslavie" explique Annette Berentzen, "mais c'est juste une mauvaise excuse pour ne pas s'accrocher au pouvoir. A Copenhague, nous montrerons la réalité, celle d'un mouvement démocratique et de groupes ethniques prêts et davantage intéressés pour construire un avenir stable et pacifique en Birmanie."



Aung San Suu Kyi assiste à une cérémonie avec des membres de la junte


Le leader des démocrates birmans, Aung San Suu Kyi, a assisté à une cérémonie de commémoration des attentats du 11 septembre avec des responsables de la junte, à Rangoun. C'est la première fois depuis sa libération qu’Aung San Suu Kyi apparaît en public avec des hauts
responsables du régime. La délégation gouvernementale était conduite par le général Kyaw Win, numéro deux des renseignements militaires, et comprenait aussi le vice-Ministre des Affaires étrangères Khin Maung Win.
Aung San Suu Kyi et le numéro deux des renseignements militaires étaient tous deux assis au premier rang mais ne se sont pas adressé la parole. Leur présence à la même cérémonie publique revêt néanmoins un caractère symbolique.
Environ 300 personnes, dont des membres de l'administration birmane, du corps diplomatique et des agences des Nations unies présentes à Rangoun avaient été invités à la courte cérémonie de recueillement organisée dans un hôtel de luxe.
Le nouveau chargé d'affaires américain, Mme Carmen Martinez, a prononcé un bref discours à la mémoire des quelques 3.000 morts des attentats du 11 septembre 2001.
Le général Kyaw Win est l'interlocuteur d’Aung San Suu Kyi dans le dialogue secret de "réconciliation nationale" qu'elle mène depuis bientôt deux ans avec la junte au pouvoir.


Délégation de l'UE: Aung San Suu Kyi se dit "neutre" quant aux sanctions

Aung San Suu Kyi a expliqué mardi à une délégation de l'Union européenne être "neutre" quant au maintien des sanctions internationales contre Rangoun.
La dirigeante de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) a eu des "discussions sur tous les sujets" pendant deux heures au siège de la LND avec la délégation de l'UE en visite à Rangoun.
"Les pays font ce qu'ils pensent qu'ils doivent faire", a-t-elle déclaré au sujet des sanctions imposées par l'Europe et les Etats-Unis en raison des violations des droits de l'Homme auxquelles se livre le régime militaire. "Elle n'a pas fait de commentaire sur (la politique) des sanctions", a ajouté le porte-parole de la LND, "elle a une position de neutralité sur cette question".
Le prix Nobel de la paix, jusqu'à récemment très ferme partisan du maintien d'un strict régime de sanctions, avait récemment marqué une inflexion de sa position sur cette question cruciale pour le régime paria, apparemment à la suite de deux longs voyages en province où elle avait pu constater le dénuement de la population.
Elle avait en effet indiqué en août qu'elle ne s'opposerait plus à l'aide étrangère à la Birmanie --pays dont l'économie est exsangue-- tant que
celle-ci profiterait au peuple et serait assortie de fortes garanties de transparence.
La position de Mme Suu Kyi est un élément déterminant dans la décision de la communauté internationale d'assouplir éventuellement les sanctions contre le régime.
L'UE avait indiqué en mai que la levée de l'assignation à résidence de la dissidente --geste consenti par la junte pour prouver sa bonne volonté à la communauté internationale-- n'était pas une mesure suffisante pour qu'elle envisage de lever ses sanctions.
Parmi ces sanctions figurent une suspension de toute aide bilatérale hors humanitaire, un embargo sur les armes, un gel des avoirs et un refus de visa pour les membres du Conseil d'Etat pour la paix et le développement (SPDC) au pouvoir, du gouvernement et de l'armée.
La délégation européenne, composée de deux représentants du Danemark et de la Grèce, actuel et futur présidents de l'UE, et de deux représentants de la Commssion, devait selon son programme rencontrer le numéro trois du régime, le chef des renseignements militaires, mais le général Khin Nyunt était encore mardi en fin de journée retenu en province par le mauvais temps en cette période de mousson.
Arrivée dimanche à Rangoun, la délégation européenne devait quitter la Birmanie mardi soir.


Visite de la Troïka Européenne (8-10 sept 2002)

Une mission de l’Union Européenne (UE), emmenée par le danois Carsten Nilaus Pedersen, s’est rendue en Birmanie du 8 au 10 septembre dernier. La troïka a rencontré notamment le vice Ministre des Affaires étrangères, U Khin Maung Win, le Secrétaire Général de la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD), le prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi , des représentants des minorités ethniques, des agences de l’ONU et des ONG internationales.
La rencontre prévue avec le Secrétaire n° 1 de la junte miltaire, le SPDC (State Peace and Development Concil), a été annulée, officiellement parce que les trop fortes pluies l’empêchaient de rentrer à Rangoun (sic).
Le double objectif de la mission etait d’obtenir des informations de première main sur la situation politique en Birmanie, notamment en ce qui concerne les droits de l’Homme, et de faire entendre clairement les attentes de l’UE, au moment où cette dernière doit bientôt discuter de sa position vis-à-vis du pouvoir birman.
C’est dans ce contexte que la Troïka a défendue certaines positions de l'UE, afin :
- D'encourager la poursuite du processus de Réconciliation Nationale entre le SPDC, Aung San Suu Kyi et les minorités ethniques.
- D'appeler à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques birmans, au retrait des restrictions aux libertés d’expression, d'association et de rassemblement.
- D'exprimer l’inquiétude de l’UE quand au respect des droits de l’Homme, particulièrement dans les zones des minorités ethniques, et la pratique du travail forcé en Birmanie.
- De souligner l’inquiétude de l’UE face au fait que la Birmanie reste l’un des principales producteurs d’opium et autres drogues.
- D'exprimer son soutien à la mission de l’envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, le Malaysien Razali Ismail.
- D'exprimer la reconnaissance par l’UE des pas effectués par le SPDC vers la Réconciliation Nationale : La libération d’Aung San Suu Kyi, de plusieurs dizaines de prisonniers politiques et l’établissement en Birmanie d’un officier de liaison de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
- D'affirmer que l’UE est prête à répondre positivement, et proportionnellement, à des évolutions positives significatives du climat politique du pays.



Des réfugiés Rohingya s’opposent à la police du Bangladesh.

A en croire " The Ittefaq ", un quotidien du Bangladesh, un groupe de réfugiés Rohingya refusant son rapatriement dans l’Arakan, la région d’origine des Rohingya en Birmanie, s’est abrité dans le camp de réfugiés de Nayapara dans le sud-est du Bangladesh avant d’être pris dans une rixe avec la police. Au moins vingt réfugiés et quatre policiers ont été blessés, a rapporté le journal. Cinq Rohingya dont une femme ont été arrêtés à la suite de cet incident.
Les sources policières et des témoins affirment que la rixe a débuté après que la police ait tenté de disperser une manifestation contre le rapatriement en tirant des balles à blanc.



Plainte contre TOTALFINAELF

Nous reproduisons ici le communiqué de l’association Sherpa :
" Des réfugiés birmans portent plainte contre les dirigeants de TotalFinaElf et sa filiale opératrice en Birmanie pour séquestration
Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée le lundi 26 août 2002 par Maître William BOURDON, après d’importants travaux de recherche documentaire et juridique effectués par l’association SHERPA, auprès du Doyen des Juges d’Instruction de Nanterre au nom de deux citoyens birmans victimes du travail forcé sur le chantier de construction du gazoduc Yadana en Birmanie, dont la société française TOTALFINAELF est le principal opérateur.
Cette plainte pour crime de séquestration vise les dirigeants des sociétés TOTALFINAELF et sa filiale TOTALFINAELF E & P MYANMAR, à l’époque des faits (Hiver 1995), respectivement Messieurs Thierry DESMAREST et Hervé MADEO.
Les plaignants font grief aux dirigeants des deux sociétés françaises, d’avoir en pleine connaissance de la réalité du recours au travail forcé en Birmanie, exercé un rôle déterminant dans leur enrôlement par l’armée birmane, dont elles ont recruté et payé les bataillons, pour effectuer, contraints et forcés, dans l’intérêt des deux sociétés, des travaux sur le chantier de construction du gazoduc.
Les plaignants, dont l’un n’était âgé que de 13 ans au moment des faits, espèrent par cette action, voir identifiés et poursuivis les responsables des graves infractions dénoncées et par conséquent obtenir réparation des préjudices subis.
Ils attendent de la justice française, compétente s’agissant des crimes commis par des français à l’étranger, que soit amorcée, sans délai, toute investigation utile.
L’association SHERPA, réseau international de juristes, soutient pleinement cette action qui vise à démontrer que l’extraterritorialité dans laquelle agissent certains agents privés n’est pas la garantie systématique de l’impunité. "
SHERPA
156, rue de Rivoli - 75001 Paris
Tél : 01 42 60 84 17
Fax : 01 42 60 19 43
E-mail :
asso.sherpa@wanadoo.fr


Interview de Shan Lum, Membre de la KIO (Kachin Independance Organisation).

Le NCUB (National Council of Union of Burma ) a mis en place une formation aux relations internationales pour 17 jeunes, issus des mouvements de l’opposition démocratique birmane. Dans ce cadre, Shan Lum a rejoint l’équipe d’Info Birmanie du 28 janvier au 20 avril 2002. Nous profitons de sa présence pour demander à ce protagoniste de témoigner de la situation actuelle.
IB : Tu as quitté la Birmanie en 1987, à l’âge de 17 ans. Peux-tu nous expliquer les raisons de ce départ ?
Shan Lum : Je n’ai pas quitté la Birmanie pour des raisons personelles. A cette époque, j’etais soldat de la KIA (Kachin Independance Army,ndlr). Mon organisation a envoyé une mission en Thailande pour prendre des contacts avec la communauté internationale et travailler avec les autres groupes ethniques, et j’ai suivi cette mission.
IB : Comment les choses se sont-elles passées lors de ta fuite et à ton arrivée en Thaïlande ?
Shan Lum : Les choses ne sont pas faciles. Nous pouvons etre arretés à n’importe quel moment. Nous vivons illégalement en Thailande, mais nous sommes obligés d’y rester. La Thailande est le seul pays qui permette à des Birmans d’etre en contact avec la communauté internationale. Dun autre coté, je dirais que la Thailande soutient le mouvement démocratique Birman, en laissant beaucoup d’opposants, réfugiés et migrants Birmans vivre sur son territoire.
Pour ma part je suis assez heureux de vivre en Thailande.
IB : Comment as-tu vécu les événements de 1988 ?
Shan Lum : Beaucoup de groupes armés ethniques se battent depuis des decennies, mais la Birmanie etant isolée depuis le coup d’Etat militaire de 1962, la communauté internationale est très peu au fait de la situation. Le soulevement etudiant de 1988 a été le moment clé et le declencheur du mouvement pour la démocratie.
IB : Qu’en retiens-tu 14 ans après ?
Shan Lum : Je suis parfois frustré que le mouvement mette autant de temps à aboutir et que nos vies privées lui soient sacrifiées, mais nous n’allons pas abandonner notre but qui est d’instaurer la démocratie en Birmanie, meme si nous sommes confrontés à un certain nombre de difficultés dans nos propres vies.
IB : Peux-tu nous présenter la KIO ?
La KIO a été fondée en 1962 pour combattre la dictature militaire en Birmanie. Notre objectif
est de defendre les droits de la population Kachin, sa culture, son histoire, et son droit à
l’auto détermination. Mais après nous etre battu pendant plus de trente ans, nous nous sommes aperçus qu’il y avait eu beaucoup de morts dans les deux camps, et que la population continuait à souffrir. De plus nous pensons quele problème est politique est qu’on doit le resoudre par des moyens politiques. Nous avons signé un cessez le feu en 1994, parce que nous pensons que la voie armée n’est pas une solution.
Cela fait bientôt dix ans que nous avons signé ce cessez le feu, mais aucun dialogue n’a vu le jour entre la KIO et le SPDC. Le peuple Kachin souffre toujours de l’oppression du regime militaire, comme tous les groupes ethniques de Birmanie.

IB : Quelles fonctions occupes-tu en son sein ?
Shan Lum : Je suis permanent de la ROKA (Representative Office of Kachin Affairs, la branche " affaire etrangeres " de la KIO). Nous travaillons en collaboration avec les autres organisations et groupes ethniques. Nous sommes egalement coordinateur du projet de developemment de l’Etat Kachin.
IB : La KIO a signé en 1994 un Cessez-le-feu avec la junte. De ton point de vue, quels en ont été les effets négatifs et positifs ?
Shan Lum : Je suis assez déçu par le cessez le feu. Les troupes du SPDC contrôlent de plus en plus le territoire, le commerce, la population et les ressources naturelles. Cela dit, comme je l’ai déjà dit, la lutte armée n’est pas non plus une bonne solution pour resoudre les problèmes politiques et ethniques en Birmanie.

IB : Quelle description ferais tu de la Birmanie à l’heure où nous parlons ?
Shan Lum : La Birmanie vit depuis longtemps sous la coupe d’une dictature militaire.
Ce régime en a fait un des pays les plus pauvres du monde, où les violations des droits de l’Homme sont les pires, où le taux d’alphabétisation est l’un des plus bas du monde.
A l’inverse, c’est le premier producteur mondial de drogue. Je ne pense pas que ces problèmes pourront etre résolus tant que la junte restera au pouvoir.
IB : Penses-tu qu’Aung San Suu Kyi peut conduire la Birmanie à la démocratie ?
Shan Lum : C’est un grand leader. Elle est d’une grande importance pour notre mouvement pour la démocratie en Birmanie. Mais sans la participation du peuple, un grand leader seul ne peut pas accomplir une telle tache.
IB : Après l’ouverture économique en 1989, beaucoup de pays ont prônés " l’engagement constructif " au mépris de la demande d’Aung San Suu Kyi. Depuis novembre 2000, l’OIT a condamné " l’utilisation massive et généralisée " du travail forcé en Birmanie et demande à ses membres de veiller à ce que leurs activités ne favorisent pas davantage cette situation. Penses-tu que ces sanctions soient suffisantes ?
Shan Lum : Je pense que beaucoup de pays ont une attitude ambiguë vis à vis de la Birmanie.
Beaucoup de pays démocratiques et civilisés clament haut et fort que l’on doit mettre un terme aux violations des droits de l’Homme, mais à l’epreuve des faits leur premiere priorité est plutot d’ordre économique. Beaucoup d’entreprises européennes ou américaines font encore des affaires avec la junte, et beaucoup de touristes visitent encore notre pays.
Tous ces hommes d’affaires et ces gouvernements devraient ecouter la voix du peuple et de l’opposition Birmane.
IB : La France est également concernée, puisque TotalFinaElf a investit 1,2 milliards de dollars en 1992 pour la construction du pipeline " Yadana ", qui rapporterait aujourd’hui à la MOGE un revenu de 100 à 400 millions de dollars par an.
Shan Lum : Je suis certain que c’est en partie grace à Total que la junte va pouvoir porter ses troupes à 500,000 hommes d’ici la fin 2002, acheter des Mig 29 et un réacteur nucléaire aux russes. L’argent vient, selon toute vraisemblance, de l’exploitation du pipe-line Yadana. Renforcer son armée et des acheter des armes n’est pas le signe d’une volonté pacifique, mais au contraire fait craindre de nouveaux conflits internes, la Birmanie n’ayant pas d’ennemis exterieurs. La population française devrait comprendre qu’une entreprise française contribue indirectement au massacres du peuple Birman.

IB : Quelle est ta position dans le grand débat sur le tourisme en Birmanie : Faut-il y aller ou pas ?
Shan Lum : Meme si la Birmanie est un trés beau pays et les Birmans un peuple chaleureux, je condamne le tourisme dans mon pays parce que :
- Visiter la Birmanie enrichit directement la junte et qu’elle se sert de cet argent pour opprimer encore un peu plus sa population, aggrandir son armée et acheter des armes, alors que les conditions de santé et d’education sont catastrophiques. On sait très bien que la junte n’utilisera pas cet argent pour faire du social.
- Les touristes ne peuvent pas voir la réalité des conditions de vie des Birmans dans les zones de conflits et zones frontalieres où la junte a recours au travail forcé et autres atteintes droits de l’Homme.
- Le tourisme entraine du travail forcé, car la junte construit des hotels, des routes, des chemins de fer et autres pour les besoins du tourisme. Je pense que les touristes eux-aussi devraient ecouter les democrates Birmans, pas la junte.


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