Birmanie>Net Hebdo n° 02
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Edito

Cette deuxième édition de notre hebdomadaire électronique est entièrement consacrée à un évènement d’importance qui a eu lieu dimanche dernier à Copenhague. Alors que se tenait dans la capitale danoise un sommet UE-ASEAN dit " ASEM4 " (pour ASia Europe Meeting), les ONG des deux continents se réunissaient quant à elles au sein d’un contre sommet, ASEM4PEOPLE, dont la dernière journée etait consacrée à la Birmanie. Au cours de celle-ci, des dirigeants de toutes les minorités ethniques de Birmanie ont co-signé avec Sein Win, le Premier ministre en exil, la déclaration qui suit. Il s’agit d’un texte auquel toutes les organisations birmanes favorables à la démocratie doivent pouvoir adhérer. Info Birmanie, présente à ce sommet, ne peut que se faire le témoin de l’émotion que l’on pouvait sentir dans la salle, à la vision des sept leaders d’organisations représentants les sept minorités ethniques, de Sein Win, de Teddy Burri, de Moe Aye, qui dirige la radio " free voice of Burma " , d’Harn Yawnghwe qui dirige l’Euro Burma Office assis à la même table pour présenter ce texte, en présence de Mairead Maguire, prix Nobel de la paix 1977, de Asda Jayanama, ancien représentant de la Thaïlande aux Nations Unies et de Helle Degn, commissaire aux droits de l’Homme de la région baltique et ancienne ministre danoise de l’aide au développement.
Notre association se félicite d’avoir pu accueillir Sein Win, qui dirige donc le NCGUB (National Coalition Government for the Union of Burma), et d’avoir pu organiser une table ronde en sa présence à l’Assemblée Nationale.
Cette lettre étant gratuite, n’hésitez pas à nous demander de rajouter votre nom ou un autre à sa liste de diffusion.



Sommet international de la Birmanie

22 septembre 2002. Déclaration faite au nom des peuples des états Arakan, Chin, Kachin, Karen, Karenni, Mon, Shan, et du gouvernement en exil (NCGUB) .

Lorsque le Général Ne Win a pris le pouvoir en 1962, mettant fin à la démocratie, il proclamait que l’armée se devait de protéger la Birmanie de la désintégration. D’après lui, le mouvement des minorités ethniques pour obtenir un amendement à la constitution qui permettrait la naissance d’un état fédéral allait faire éclater le pays. En mettant un terme à un dialogue pourtant légitime et en imposant une solution militaire, Ne Win plongeait en fait le pays dans la guerre civile.
Pourtant, la création de l’Union de la Birmanie etait basée sur les Accords de Panglong en 1947 entre les leaders des minorités ethniques et Aung San.
Ces Accords reposaient sur des principes simples : égalité des droits entre les différentes nationalités ethniques, autodétermination et démocratie. Malheureusement Aung San fut assassiné et les Accords de Panglong ne furent jamais respectés.
Plusieurs régimes militaires successifs ont tenté ces 53 dernières années de supprimer les minorités ethniques qui représentent 40% de la population birmane et qui vivent sur plus de 60% du territoire national. C’est là la source de bien des atteintes aux droits de l’Homme, et de tellement d’ excès que le pays finit par exploser en 1988, quand des mouvements demandant le retour à la démocratie prirent forme dans tous le pays.
Une fois de plus les militaires confisquèrent le pouvoir à la rue, pour " sauver " la nation de la désintégration. La junte déclare que sans une forte force militaire qui contrôle le pays, l’Union de la Birmanie éclaterait comme celle de Yougoslavie. Il y a pour elle 135 races en Birmanie, chacune ayant pour but d’établir une nation indépendante.
Ceci n’est pas vrai. Il n’y a que 8 états qui constituent l’Union de la Birmanie, et nous demandons en premier lieu aux militaires de reconnaître les droits humains et politiques élémentaires aux birmans, sans distinction ethnique. Ces droits ne peuvent leur être reniés.
Nous demandons ensuite au SPDC de reconnaître qu’il n’y a pas de solution militaire aux problèmes de la Birmanie. Seuls le dialogue, les négociations, les compromis et la volonté de travailler ensemble permettront de reconstruire la nation.
De plus, nous, représentants des minorités ethniques, approuvons le dialogue entre le SPDC et Aung San Suu Kyi qui a commencé en octobre 2000. Nous sommes cependant déçus qu’aucun progrès n’ait eu lieu depuis lors.
Nous le sommes encore plus de voir que les militaires n’ont fait aucun effort pour gagner la confiance de ceux qui représentent pourtant 40% de la population. Des opérations militaires accompagnées d’atteintes aux droits de l’Homme, notamment de viols, d’exécutions sommaires, de contraintes au travail forcé ou au déplacement de populations se sont intensifiées dans les régions frontalières.
Nous demandons donc au SPDC :
- De lancer immédiatement un vrai dialogue avec Aung San Suu Kyi.
- D’arrêter immédiatement les viols, le travail forcé, les déplacements de populations, les exécutions sommaires, et autres atteintes aux droits de l’Homme, particulièrement dans les zones peuplées par les minorités ethniques.
- De cesser immédiatement les hostilités et les opérations militaires contre les minorités ethniques.
- De libérer immédiatement les prisonniers politiques, et de leur permettre de participer au débat politique.
- De permettre aux différentes armées qui ont signé des accords de cesser le feu avec lui de se rencontrer librement pour discuter entre elles de la façon dont elles peuvent soutenir le dialogue et aider à reconstruire le pays.
- D’élargir le processus de dialogue afin d’y inclure les minorités ethniques dans un dialogue tripartite.
De plus, nous appelons la communauté internationale :
- A favoriser l’arrêt de l’usage systématique du viol comme arme de guerre.
- A donner refuge, aide sociale et psychologique aux survivantes de viols.
- A apporter aide et assistance humanitaire au peuple birman.
- A appliquer les résolutions de l’Assemblée Générale des Nations Unies qui appellent depuis 1994 à un dialogue tripartite entre les militaires, le mouvement démocratique emmené par Aung San Suu Kyi et les minorités ethniques.
- A faire appliquer les demandes de l’Organisation Internationale du travail concernant le travail forcé en Birmanie.
- A renforcer les sanctions internationales et à introduire de nouvelles mesures contre les militaires jusqu’à ce que ceux-ci donnent de vrais signes d’une volonté de dialogue.
De notre coté :
- nous réaffirmons notre volonté d’engagement dans un dialogue tripartite, que nous considérons comme le meilleur moyen pour notre pays d’arriver à une réconciliation nationale et à la démocratie.
- Nous sommes prêts à cesser les hostilités avec l’armée birmane, si celle-ci
déclare un cessez le feu national.
- Nous continuerons à consulter les autres organisations à l’intérieur et à l’extérieur de la Birmanie pour réfléchir à la façon dont nous pouvons vraiment aider à la reconstruction de la Birmanie dans l’esprit des Accords de Panglong.
- Nous continuerons à travailler avec la communauté internationale et les Nations Unies pour trouver une solution juste et équitable pour la Birmanie.
Nous sommes prêts à parler avec le SPDC pour trouver des moyens de travailler ensemble au bien de la nation et son peuple.

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