Birmanie>Net Hebdo n° 07
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie


Sommaire
> Recherche de documents
> Aung San Suu Kyi, l’interview
> La CISL publie une "liste noire" de 325 entreprises en lien avec la Birmanie
> Fin de la visite de l’expert des Nations Unies
> La Birmanie a la plus grande armée d'enfants au monde
> Conférence Kachin : un pas trés important en avant.
> Interdiction de deux magazines par le Bureau de la censure

Recherche de documents

Info Birmanie collabore avec l'association Khiasma à un projet de livre sur la Birmanie. Ce livre, dont la sortie est prévue pour mars 2003, regroupera des témoignages, de courtes bandes dessinées et des éléments d'information générale.
Vous en saurez plus en consultant le site Internet du projet : www.birmanie.org http://www.birmanie.org
Des besoins urgents de documentation photographique nous amènent à vous demander aujourd'hui votre contribution (pour ceux qui seraient allés en Birmanie, ou posséderaient des documents utiles). Une liste suit, regroupant ce que sont précisément ces besoins.

Il est à préciser que la valeur esthétique des photographies est de peu d'importance. Il s'agit de documentation destinée aux auteurs de bande dessinée.

Voici la liste :
- aéroport de Rangoon
- Rangoon (vues d'ensemble, restaurants (de l'intérieur surtout), intérieurs des habitations)
- militaires
- de hauts-gradés du SPDC priant dans une ou des pagodes
- intérieurs de pagodes (notamment Shwedagon)
- images de Manerplaw avant la chute
- Mandalay (non le site, mais la ville "normale" - et notamment, habitations vues de l'intérieur)
- New Pagan
-images des travailleurs forcés ayant eu à rénover les douves du palais de Mandalay

Si vous avez des documents susceptibles de nous aider, merci de les faire parvenir à info birmanie en précisant "documentation pour les bandes dessinées"

Merci d'avance.

Frédéric Debomy
membre du bureau d'Info Birmanie et responsable du projet "Birmanie, la peur est une habitude" au sein de l'association Khiasma.



Aung San Suu Kyi, l’interview
Source : Asia Tribune

Au moment où le leader des démocrates birmans termine une visite de quatre jours en dehors de Rangoun, nous vous livrons la traduction de l’interview qu’elle a accordé ce mois-ci à Asia Tribune. Au cours de cette visite, elle a rencontré la population de plusieurs villes au nord de Rangoun, allant jusqu’à Tharawaddy en compagnie du vice-président de la NLD, U Tin Oo et d’autres membres de son parti. Il est prévu qu’elle se rende en pays Chin d’ici la fin 2002 ou début 2003, accomplissant ainsi symboliquement le voyage qu’avait prévu son père, avant d’être assassiné

Accroître l’aide, c’est la solution à la crise humanitaire ?

Non, une meilleure gouvernance est la réponse à la crise humanitaire.

Pensez-vous qu’accroître l’aide humanitaire accordée à la Birmanie donnera une plus grande marge de manœuvre à la société civile ?

Non, simplement parce qu’en renforçant l’aide accordée au pays, vous ne faites rien pour sa société civile. D’autres mesures doivent être prise pour cela, comme faire pression pour que l’on instaure un véritable pluralisme, car sans pluralisme il n’y a pas de société civile forte.
Ceux qui comme vous sont prudents face à l’accroissement de l’aide humanitaire sont souvent décrits comme étant irresponsables, manquant de compassion, et faisant passer la politique avant les vies humaines. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est un jugement hâtif. Je pensais que les réactionnaires approuvaient que l’on soit prudent. Il est étrange que les réactionnaires disent aujourd’hui que la prudence est irresponsable. Quand les gens pensent que vous en faites trop ils disent que vous êtes irresponsables, mais quand ils pensent que vous n’en faites pas assez, ils le disent aussi. On peut donc dire que c’est un jugement très subjectif.

Ceux qui comme vous souhaitent poser des conditions à l’aide sont-ils trop inflexibles ?

Trop inflexibles ? Pas du tout, justement parce que tout dépend des conditions.
Si les conditions sont raisonnables, vous ne pouvez pas dire qu’il y a inflexibilité.
Ceux qui à l’inverse soutiennent l’accroissement de l’aide humanitaire disent que la crise humanitaire ne peut pas attendre les changements politiques. Etes-vous d’accord ?
Je dirais que la Birmanie ne peut pas attendre les changements politiques.
Les aides plus larges reçues par ses voisins sont parfois citées pour justifier un accroissement massif de l’aide accordée à la Birmanie. Cette comparaison est-elle juste ?
Pas du tout. La différence est celle entre la Birmanie et ses voisins politiquement.
Nous devons nous demander si cette différence justifie une difference de traitement.

Quelles conditions sont nécessaires pour s’assurer que l’assistance humanitaire profitera à la population ?

Je l’ai dit et répété ad nauseam, la transparence et le contrôle indépendant.
Sans cela, il n’y a aucune assurance de ce que deviendra l’aide. Elle peut ne pas servir la population, ou au contraire servir à l’oppresser un peu plus. Sans ses conditions, vous ne pouvez pas dire que l’aide aidera la population.
Si vous pouviez vous adresser à ceux qui décident d’accroître l’aide, que leur diriez-vous ?
Je leur dirais que l’aspect le plus important dans cette affaire c’est la bonne gouvernance. Une fois de plus, sans cela, il n’y a aucune façon de s’assurer que l’aide profitera à la population. Nous ne répéterons jamais assez que la bonne gouvernance est la solution aux problèmes de la Birmanie.

Quel type d’aide est-il important de soutenir à l’heure actuelle ?

Il est possible qu’il y ait des formes d’aide humanitaire que l’on puisse utiliser correctement parce qu’il y a un contrôle et une transparence.
Vous pensez au sida/HIV ?
Il y a beaucoup à faire en la matière en effet mais je ne crois pas qu’on doive focaliser sur ce problème, parce qu’il y en a d’autres.

Vous avez également souvent dit que l’aide devait profiter à la population et apporter la démocratisation. On dit souvent que le commerce et l’aide permettent d’élargir la classe moyenne, et conduisent à un besoin de démocratie, ce qui justifierait un accroissement massif de l’aide économique apportée à la Birmanie.
Etes-vous d’accord ?

Je ne crois pas qu’en créant une classe moyenne on favorise la démocratie. Je crois au contraire qu’en favorisant la démocratie on favorise l’épanouissement de chacun. De bonnes reformes politiques mèneront à de bonnes reformes économiques.




La CISL publie une "liste noire" de 325 entreprises en lien avec la Birmanie

Sources : AFP, 25 octobre 2002
Xinhua News Agency, 22 octobre 2002


La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) publie une "liste noire" actualisée de 325 entreprises étrangères ayant des activités "qui contribuent à soutenir le régime de dictature brutal et répressif" en place en Birmanie. Par rapport à sa liste précédente, la CISL indique avoir ajouté 92 nouvelles compagnies, alors que d'autres ont été retirées, de cette énumération des "principaux investissements et autres formes de rapports économiques" établis par des entreprises en Birmanie. Parmi les nouveaux entrants, la CISL cite le groupe britannique British American Tobacco (BAT), numéro deux mondial du tabac, le constructeur automobile japonais Suzuki, le groupe de distribution français Pinault-Printemps-Redoute (PPR), le groupe de télécommunications thaïlandais Shin Corporation et la compagnie aérienne autrichienne Austrian Airlines. La CISL cite également dans son communiqué les groupes coréens Hyundaï (automobile) et Daewoo (conglomérat) et LG Electronics.
"Commercer avec la Birmanie revient à soutenir la dictature militaire birmane", qui "accepte chaque investissement direct étranger", estime le CISL, ajoutant que "plusieurs entreprises" étrangères "ont constitué des joint-ventures avec des sociétés contrôlées par la junte". "Le régime birman est directement responsable de l'utilisation croissante du travail forcé et d'un grand nombre de graves violations des droits de l'Homme, et est lourdement impliqué dans le blanchiment d'argent et dans la production d'opium et d'autres drogues interdites", explique la CISL. "Les preuves des liens existants entre des compagnies étrangères, la junte militaire" au pouvoir en Birmanie "et l'utilisation du travail forcé ont été
détaillées dans un rapport de 350 pages présenté par la CISL à l'Organisation internationale du travail (OIT) la semaine dernière", explique la CISL. Il est par ailleurs intéressant de savoir que les investissements étrangers en Birmanie ont chuté de 96,59 pour cent au premier semestre 2002 par rapport à la même période l’année précédente. Ils portent sur 1, 516 milliards de dollars, que l’on ne pourra s’empecher de comparer aux 1,2 milliards de dollars du contrat de TotalFinaElf…
A l’inverse, le nombre de touristes a augmenté de 23,46 % dans la même période. En 2001, 278 951 touristes étrangers se sont rendus en Birmanie, d’après les sources officielles. Dont bon nombre de Français.



Fin de la visite de l’expert des Nations Unies

" Déclaration relative aux arrestations politiques en Birmanie faite par la présidence de l’UE au nom de ses membres (11 octobre 2002).

Concluant une visite de 10 jours en Birmanie, l’expert des droits de l'homme de l'ONU a invité les autorités birmanes à autoriser l'ouverture
d'une enquête digne de foi sur les violations des droits de l'homme qui auraient été commises par des groupes armés contre les minorités ethniques du pays. Le Rapporteur spécial des droits de l'homme de l'ONU, Paulo Sergio Pinheiro, a notamment invité le Gouvernement de Rangoun à faire toute lalumière sur les accusations de violences sexuelles commises dans l'Etat Shan, et à permettre une présence substantielle du personnel de la Croix rouge internationale dans les zones de conflit. Il avait refusé de visiter le pays Shan, puisque ne pouvant pas y circuler librement, ce qui lui a valu les félicitations de l’opposition Shan. Il a également demandé qu'une enquête soit ouverte concernant les allégations de conscription forcée des enfants-soldats au Myanmar. Au cours de sa visite dans le pays, le Rapporteur spécial a rencontré des membres de la junte, de l'opposition, ainsi que des représentants du système onusien dans le pays. Il s'est également entretenu avec des prisonniers politiques, et a visité plusieurs régions du pays.
Il s’est ensuite rendu en Thailande où il rencontré des organisations Shan, notamment à propos du rapport " licence to rape ", ainsi que l’envoyé spécial du secretaire général des Nations Unies Razali Ismael.



La Birmanie a la plus grande armée d'enfants au monde
Source : AFP, 15 octobre 2002

Des enfants, dont les plus jeunes ont onze ans, sont enrôlés de force dans l'armée de Birmanie, où ils sont conduits à commettre des violations aux droits de l'Homme, a accusé l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW). Dans un rapport de 220 pages publié mardi et intitulé: "Mon fusil était plus grand que moi: enfants soldats en Birmanie" HRW estime que plus de 20% des 350.000 soldats servant dans l'armée birmane ont moins de 18 ans. "La Birmanie ne respecte pas bien les droits de l'Homme, mais quand il s'agit des enfants-soldats, son cas est l'un des pires au monde" a déclaré Jo Becker, directrice de la section "Droits de l'enfant" de Human Rights Watch.
La grande majorité des enfants soldats sont enrôlés dans l'armée nationale, mais des groupes armés d'opposition les utilisent aussi, affirme le rapport. "L'armée birmane a recours aux menaces, à l'intimidation et souvent à la violence pour forcer de jeunes garçons à devenir soldats", a ajouté Jo Becker. "Etre un jeune garçon en Birmanie aujourd'hui signifie courir le risque permanent d'être enlevé dans la rue, forcé de commettre des atrocités contre des villageois et ne plus jamais revoir sa famille". Ce rapport, que l'organisation estime être le plus complet effectué sur ce
sujet à ce jour, a été réalisé après des rencontres avec plus de trois douzaines d'enfants, anciens soldats ou actuellement sous les drapeaux.
Selon HRW, les recruteurs de l'armée sont particulièrement actifs dans les gares et des arrêts de bus, menaçant les enfants d'emprisonnement s'ils
refusent de s'enrôler. On ne leur donne pas la possibilité de contacter leurs familles, ils sont envoyés dans des camps où on les entraîne au maniement des armes et où ils sont régulièrement battus et brutalement punis s'ils tentent de s'évader. Salaing Toe Aung, recruté à l'âge de 16 ans, se souvient qu'un garçon repris après une tentative d'évasion avait été battu avec des gourdins pendant trente minutes avant d'être placé, inconscient, dans un pilori pendant une semaine. "Il n'a rien mangé pendant une semaine et a été envoyé à l'hôpital, où il est mort", a-t-il affirmé. L'armée birmane a doublé en taille depuis 1988, et avec un nombre estimé de soldats de 350.000, elle est l'une des plus importantes d'Asie du sud-est. Human Rights Watch estime le nombre de conscrits de moins de 18 ans à plus de 70.000. "La communauté internationale reconnaît de plus en plus comme inacceptable le recours aux enfants soldats" ajoute Jo Becker. "L'armée birmane et les groupes armés doivent cesser immédiatement de recruter des enfants et démobiliser tous ceux qui se trouvent dans ses rangs".



Conférence Kachin : un pas trés important en avant
Source : Irrawaddy, 22 octobre 2002

Alors que la situation politique et humanitaire devient de plus en plus sensible dans cette région, les différents groupes ethniques Kachin se sont réunis à l’appel du plus important d’entre eux, la Kachin Independent Organization (KIO), pour une conférence publique à Laiza, près de la frontière chinoise. Le but avoué etait de mettre sur pied une plateforme commune représentant le peuple Kachin.
Plus de 300 délégués se sont réunis pendant cinq jours pour discuter du futur de la région et de sa population.



Interdiction de deux magazines par le Bureau de la censure
RSF, 30 octobre 2002

Reporters sans frontières et la Burma Media Association (BMA, organisation de journalistes birmans en exil) déplorent la censure dont ont été victimes deux magazines sur décision du Comité de contrôle des ?uvres littéraires (Bureau de la censure). Les deux organisations dénoncent les sanctions prises à l'encontre des deux publications, témoignant une fois de plus du manque de volonté du Conseil d'Etat pour la paix et le développement (SPDC) d'alléger sa main mise sur la presse privée du pays. Reporters sans frontières et la BMA ont demandé au lieutenant-général Tin Hlaing, ministre birman de l'Intérieur, d'annuler immédiatement ces décisions et de mettre fin au contrôle préalable de l'information.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières et la BMA, le 10 octobre, le Bureau de la censure a interdit de publication pendant un mois les magazines Han Thit et Beauty Magazine. Selon la radio Democratic Voice of Burma (DVB), le mensuel Han Thit (New Style) s'est vu infliger cette sanction pour avoir cité dans son numéro d'octobre, un texte du poète décédé en septembre Maung Chaw Nwe, faisant référence à un autre homme de lettres, Ko Lay. Les travaux littéraires de ce dernier sont interdits par le Bureau de la censure depuis 1997 en raison de sa participation à une réunion littéraire organisée par la Ligue nationale pour la démocratie (NLD). Depuis lors, il est formellement prohibé de mentionner son nom dans les journaux.
Parallèlement, Beauty Magazine a été interdit de publication pour avoir fait paraître une publicité relative à une société thaïlandaise. Déjà à la fin du mois de mai, Reporters sans frontières et la BMA avaient dénoncé la décision du SPDC d'interdire toutes publicités relatives à la Thaïlande dans les colonnes des médias privés. Les éditeurs s'étaient vus obligés de signer une lettre dans laquelle ils s'engageaient à respecter cet ordre. Cette décision faisait suite à la crise diplomatique et militaire entre les deux Etats voisins et qui avait entraîné la fermeture des postes frontières. Malgré une relative normalisation des relations entre la Birmanie et la Thaïlande depuis la réouverture des postes de Mae Sai, Mae Sot et Ranong, le 15 octobre après cinq mois de querelles bilatérales, l'interdiction persiste et menace toujours les publications privées dont les entreprises thaïes étaient jusqu'alors les principaux annonceurs.


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