Edito
par Mael Raynaud
Tous les observateurs, dont Info Birmanie, avaient salué
la libération d’Aung San Suu Kyi le 6 mai dernier,
tout en prenant bien soin de ne pas tomber dans le panneau trop
facile du relâchement face à la junte. Même
si cette libération etait de bonne augure, et ce d’abord
pour Aung San Suu Kyi elle même, elle ne devait pas faire
oublier que la situation du pays n’avait pas changé
du jour au lendemain (et que 1300 prisonniers politiques sont
encore enfermés, comme l’a rappelé cette
semaine le rapporteur des Nations Unies aux Droits de l’Homme).
La tentative des généraux de nettoyer leur image
à peu de frais a donc largement échoué.
Force est de constater qu’aussi bien au niveau Européen
qu’au niveau Français, comme dans la plupart des
autres pays, les diplomaties sont restées fermes sur
leurs positions, et même si certains, comme le Japon et
l’Australie, sans parler de la Chine, ne sont pas toujours
très clairs vis-à-vis des militaires, ceux-ci
se retrouvent de fait de plus en plus isolés. Les entreprises,
sous la pression de tous ceux qui soutiennent les démocrates
birmans, mais aussi pour des raisons économiques, sont
de moins en moins nombreuses à investir en Birmanie,
et à l’inverse certaines s’en retirent. Cela
a été le cas notamment de Triumph ou de Premier
Oil il y a quelques mois. C'est aujourd'hui le cas du groupe
Accor, qui vient d'annoncer son retrait de Birmanie. Et c'est
là une excellente nouvelle. D’abord parce qu’après
TotalFinaElf, le groupe hôtelier constituait le principal
soutien Français à la junte. Mais aussi et peut-être
surtout parce que c’est le signe que la grande campagne
lancée en 1996 visant à faire rentrer des devises
par le biais du tourisme est un demi-échec. Nous donnions
la semaine dernière le chiffre de 278 951 touristes ayant
visité la Birmanie en 2001. C’est autant de trop,
bien sur, mais c’est également loin des attentes
des généraux. A moins de considérer que
la multiplication des campagnes citoyennes et des procès
contre des firmes engagées en Birmanie porte ses fruits
et contraint les entreprises à revoir leurs objectifs
de developpement vis à vis d'un pays mis au banc des
nations.
C’est vrai qu’avec le scandale des femmes de ménages
exploitées par la société Arcade pour nettoyer
les chambres des hôtels du groupe Accor, celui-ci n’avait
nullement besoin de profiter de la publicité faite actuellement
à TFE sur le dossier birman. C’est une crainte
que ne semble pas partager le groupe Pinault-Printemps-Redoute,
toujours présent en Birmanie. A tort ?
Accor
se retire de Birmanie
Union internationale des travailleurs de l’alimentation,
de l’agriculture, de l’hôtellerie- restauration,
du tabac et des branches connexes (UITA)
Genève, 31 octobre 2002
La société transnationale française Accor
(hôtellerie, tourisme et loisirs), a informé l’UITA
qu’elle avait pris la décision de se retirer de
Birmanie. Le Président du Directoire, Jean-Marc Espalioux,
en a fait l’annonce le 30 octobre à l’occasion
d’une réunion syndicale internationale tenue sous
les auspices de l’UITA à Genève.
Accor gère actuellement deux hôtels en Birmanie,
le Novotel Mandalay et le Sofitel Plaza Yangon. M. Espalioux
a indiqué que la décision serait appliquée
dès que les négociations avec le partenaire local
de la société serait complétées.
Dans ses rencontres avec la direction générale
du Groupe Accor, l’UITA avait à chaque fois soulevé
la question de la présence de la société
en Birmanie. Depuis le renversement du gouvernement démocratiquement
élu de Aung San Suu Kyi, l’UITA avait appuyé
les appels lancés par les organisations syndicales birmanes
et le gouvernement en exil, qui demandaient un boycott du tourisme
et le désinvestissement des sociétés transnationales.
Encore récemment, à l’occasion de la Journée
syndicale du tourisme de l’UITA, les organisations affiliées
ont répondu à un appel lancé par celle-ci
en faisant parvenir au Groupe Accor et aux autres chaînes
hôtelières toujours actives en Birmanie un message
leur demandant de quitter le pays.
"La décision d’Accor suit des décisions
identiques prises par d’autres entreprises hôtelières
et sociétés transnationales", a déclaré
le secrétaire général de l’UITA,
Ron Oswald. "Nous sommes heureux que l’UITA ait pu
jouer un rôle dans le processus qui a finalement convaincu
la société que son refus de quitter la Birmanie
ne pouvait que lui être nuisible à long terme.
La relation constructive établie au fil des années
entre l’UITA et la direction générale d’Accor
a certainement été un élément important
de ce succès".
http://www.iuf.org.uk
Online Burma Library -- http://www.burmalibrary.org
UE: Position commune et conclusions du conseil
Le Conseil a adopté une
position commune amendant sa position commune n° 96/635/CFSP
dans le but de prendre en compte les changements dans la composition
du régime en Birmanie/Myanmar, et la prolonger de six
mois. La position commune comprend des mesures restrictives
(interdiction de visa, gel des avoirs) à l’encontre
d’un certain nombre de dirigeants Birmans (doc. 12890/02).
Le conseil a adopté les conclusions suivantes:
“Le Conseil de l’Europe a depuis longtemps appelé
à l’instauration d’une démocratie
en Birmanie, à la recherche d’une réconciliation
nationale, et au respect des Droits de l’Homme. L’Union
Européenne continue à suivre de prés les
évolutions dans ce pays, et à exprimer son soutien
à Mr Razali, l’envoyé spécial du
Secrétaire Général des Nations Unies. L’UE
a salué la libération d’Aung San Suu Kyi
au début du mois de mai 2002, ainsi que celle d’autres
prisonniers politiques, et le relatif adoucissement des contraintes
liées aux activités politiques dans ce pays. Le
Conseil est cependant déçu du fait que les premiers
pas effectués n’aient pas mené à
l’établissement d’un processus démocratique
plus large. L’UE a noté avec beaucoup d’inquiétude
les récentes détentions et arrestations d’ordre
politiques en Birmanie/Myanmar, et notamment celles de plusieurs
étudiants en Août et de trente personnes fin septembre.
L’UE appelle les autorités de ce pays a immédiatement
faire cesser les arrestations d’ordre politique. Le Conseil
croit que le processus démocratique ne peut plus être
mis de côté si les ambitions de réconciliation
nationale, de respect des Droits de l’Homme, et de transition
vers un pouvoir civil affichées par les autorités
veulent aboutir. L’absence de progrès jette le
doute sur le processus actuel, et ne fait qu’accroître
les souffrances du peuple birman. De plus, le Conseil a insisté
sur la nécessité pour le gouvernement de la Birmanie/Myanmar
d’engager sans délai un véritable dialogue
avec l’opposition, qui mènerait vers une transition
politique pacifique et une réconciliation nationale.
Un tel dialogue devra à terme inclure tous les acteurs
politiques, notamment des représentants des minorités
ethniques, et mener à un rétablissement d’un
vrai et légitime gouvernement démocratique en
Birmanie/Myanmar, qui bénéficierait d’un
soutien entier de la communauté internationale.
Le conseil a exprimé sa vive inquiétude quant
aux violations permanentes des Droits de l’Homme en Birmanie/Myanmar,
et a réitéré son soutien au rapporteur
spécial des Nations Unies aux Droits de l’Homme,
Mr Pinheiro.
Le conseil a demandé la libération immédiate
et sans conditions de tous les prisonniers politiques, en priorité
les plus âgés et les malades. Le conseil a également
invité les autorités a poursuivre la coopération
avec le CICR (croix rouge, ndlr) dans le but d’améliorer
les conditions de vie dans les prisons. Le conseil a réitéré
son appel à l’allègement des restrictions
aux libertés d’association et d’expression,
notamment la liberté de la presse. Le Conseil a exprimé
sa sérieuse inquiétude quant aux souffrances disproportionnées
dont sont victimes les minorités ethniques, les femmes,
les enfants, les personnes déplacées de l’intérieur,
notamment dans les zones où aucun cessez-le-feu n’a
été signé, c’est-à-dire les
permanentes et systématiques violations des droits civils,
politiques, sociaux et culturels, notamment l’usage du
viol. Le Conseil a demandé aux autorités de mettre
un terme définitif à l’utilisation du travail
forcé, et les a encouragés à travailler
avec l’officier de liaison de l’Organisation Internationale
du Travail (OIT) sur ce terrain. Le Conseil a également
demandé aux autorités de prendre des mesures vigoureuses
pour combattre la production et le trafic de drogues.
Le Conseil a exprimé son inquiétude quant à
la situation humanitaire, et a demandé aux autorités
de s’assurer que l’assistance humanitaire parvient
à la population la plus vulnérable. En particulier,
le Conseil souligne l’importance de mesurer correctement,
en collaboration avec les parties intéressées,
notamment la NLD, l’étendue de l’épidémie
de sida/HIV, qui s’étend dans le pays. Dans ce
contexte, l’UE est en train de finir de mettre sur pieds
un programme de lutte contre le sida qui porterait sur 5 millions
d’euro. Si les conditions sont remplies pour l’établissement
de ce programme, l’UE prendra en considération
l’éventualité d’une aide plus large
à la population.
Le Conseil a exprimé sa préoccupation face à
la dégradation rapide de la situation économique
dans le pays, et aux premières indications d’un
manque de nourriture chez certains groupes de population. Le
Conseil a encouragé les autorités à accepter
l’invitation des Institutions Financières Internationales
à ouvrir un dialogue sur des réformes macro-économiques.
Le Conseil a également encouragé les autorités
signer les huit conventions anti-terroristes dont la Birmanie/Myanmar
n’est pas signataires, ainsi qu’à ratifier
la convention sur les armes chimiques (CWC), la convention sur
les armes biologiques et toxiques (BTWC), ainsi que la convention
de Palerme sur le crime organisé transnational.
Le Conseil a décidé de prolonger la position commune
de l’UE sur la Birmanie/Myanmar de six mois, et de porter
une attention particulière à l’évolution
de la situation politique dans ce pays. Le Conseil est prêt
à réagir en proportion à des développements
qui surviendraient en Birmanie/Myanmar, qu’ils soient
positifs ou négatifs.
Mines antipersonnelles
Source: Kaladan Press, 3 novembre 2002
Deux militaires birmans ont été tués et
deux autres blessés par des mines antipersonnelles posées
par la Nasaka, la police des frontières birmane, sur
200 km sur la frontière avec le Bangladesh. D’après
un membre de la Rohingya National Army (RNA), il arrive fréquemment
que des militaires se prennent ainsi à leur propre piège.
Cette version birmane de l’arroseur arrosé prêterait
presque à sourire si la frontière entre les deux
pays ne devait pas être dangereuse à très
long terme, comme toutes les régions du monde infestées
de mines anti-personnelles.
Des
armes serbes en Birmanie
Source: Onasa News Agency, 4 novembre 2002
Le Premier ministre Serbe, Mladen Ivanic, a admis ce lundi que
son pays avait négocié la vente d’un surplus
d’armes à la Birmanie, mais que celles-ci s’etaient
arrêtées quand son pays s’etait aperçu
que la Birmanie etait sous embargo des Nations Unies.
Déplacements
forcés à Rangoun
Source: Democratic Voice of Burma, 2 novembre 2002
Les autorités ont demandé à des habitants
de la capitale birmane de quitter leurs maisons avant le 15
de ce mois. Les habitations, datant de la période coloniale,
entourent un ancien bâtiment du gouvernement. Plusieurs
centaines de familles seraient concernées par ce qui
semble bien être une volonté de faire place nette
dans le centre historique de Rangoun.
Travail
forcé
Source: Democratic Voice of Burma, 2 novembre 2002
November 2 2002
Le SPDC serait sur le point d’utiliser des prisonniers
pour réparer un pipeline line gazier du sud de la Birmanie,
abîmé par les récentes pluies et l’érosion.
Ce pipeline est une branche de celui de Total qui relie la cimenterie
de Pa'An. Il a jusqu'ici été impossible d'etablir
la responsabilité du groupe français, qui pourrait
avoir été "oublié" sur ce projet,
qui quoi qu'il en soit porte atteinte à l'environnement
de façon trés inquiétante.
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