Birmanie>Net Hebdo n° 14
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie


Sommaire
> Les Was aux prises avec leur réputation de trafiquants de drogue
> Washington juge insuffisante la lutte contre la drogue menée par Rangoun
> La Baronne Crawley condamne l’application des droits de l’homme en Birmanie
> Expropriations à Sittwe
> Deux nouveaux bataillons pour l’Armée Birmane

Les Was aux prises avec leur réputation de trafiquants de drogue
Source : AFP, 11 déc 2002

La milice ethnique des Was de Birmanie, montrée du doigt depuis des années par de nombreux gouvernements qui l'accusent d'inonder la planète d'héroïne, le clame haut et fort: elle a renoncé au trafic de drogue. "Donnez-nous une chance de faire nos preuves", plaide Pauk Yu Yi, l'un des quatre frères qui contrôlent la région d'un demi-million d'habitants dans le nord-est de la Birmanie, aux confins de la Chine, du Laos et de la Thaïlande, et l'UWSA (United Wa State Army), armée redoutée de 20.000 hommes aguerris appelés les Was rouges.
Lors d'une visite exceptionnelle organisée par le régime militaire birman, dans le Triangle d'or, le chef wa fait visiter Panghsang à un groupe de diplomates et de journalistes locaux, en présence de quatre membres du gouvernement de Rangoun. Active comme une ruche, la localité a la réputation d'avoir été le centre de la culture du pavot, adossé à la province chinoise du Yunnan. Les pavots, qui recouvraient tous les champs alentours de rouge, ont pour l'essentiel disparu du paysage, dans le cadre d'une campagne d'éradication totale d'ici à 2005, dit-il. Panghsang, ancien campement délabré de l'Etat Shan, abrite aujourd'hui 60.000 habitants et a des allures de Las Vegas miniature la nuit avec ses grands hôtels, ses casinos et ses salons de massage qui bénéficient de l'électricité 24 heures sur 24, luxe inconnu dans la capitale Rangoun. Mais pour les experts antidrogue internationaux, une telle prospérité a été bâtie sur les énormes quantités d'opium qui ont fait de la Birmanie le premier producteur mondial avant qu'elle ne soit dépassée par l'Afghanistan.
Autre vitrine montrée par les Was, la ville de Mong Yawn, près de la frontière thaïlandaise, désormais entourée de plantations d'orangers, d'arbres à caoutchouc et de rizières. La localité a surgi de terre sur des territoires accordés aux Was en remerciement après la "reddition" du leader nationaliste shan Khun Sa, "roi de l'opium". Quelque 60.000 planteurs de pavot y ont été relogés, et les Was gagnaient du terrain vers le sud, aux portes de la Thaïlande.
En dépit des dénégations des Was, les autorités thaïlandaises et américaines considèrent Mong Yawn comme une "ville de la drogue" qui produit chaque année dans des laboratoires les centaines de millions de pilules d'amphétamines qui commencent à faire des ravages en Thaïlande.
"Maintenant nous avons de la nourriture en abondance mais pas de marché où la vendre", se plaint Pauk Yu Yi, expliquant que la défiance des voisins thaïlandais empêche les Was d'avoir des liens commerciaux avec eux."Qu'est-ce qu'on va faire de tout cela si on ne peut pas le vendre?... Autant recommencer à faire du pavot", dit-il, moitié provocateur. Les Was rouges, historiquement proches des communistes chinois, ont mis fin à des décennies de rébellion en signant en 1989 un accord de cessez-le-feu avec la junte de Rangoun en échange d'une large autonomie sur leurs territoires. Et ces dernières années, la junte, aidée par l'ONU, s'est efforcée de convaincre le monde qu'elle luttait résolument, avec les Was, contre le trafic de drogue.Même Washington, peu suspect de complaisance vis-à-vis de Rangoun, a félicité la Birmanie pour ses résultats dans l'éradication de l'opium et envisage son retrait de la liste des grands producteurs de drogue dans le monde."Avant, cette zone aurait pu être décrite comme une véritable mer de pavots, mais maintenant on peut dire qu'elle est pratiquement débarrassée de l'opium grâce aux effors concertés du gouvernement et des chefs des ethnies Wa et Kokang", affirme le ministre des Affaires étrangères Win Aung, qui participe au voyage. Phone Kyar Shin, vieux chef kokang, maintient lui aussi que les jours où les milices ethniques produisaient la drogue sont révolus. "Nous comprenons tous que l'opium et son dérivé, l'héroïne, posent un grand problème non seulement à la Birmanie mais aussi au reste du monde", dit-il.


Washington juge insuffisante la lutte contre la drogue menée par Rangoun
Source : AFP, 17 décembre 2002

Les Etats-Unis ont annoncé à la Birmanie que leurs autorités avaient pris des mesures insuffisantes de lutte contre la production de drogue, a annoncé mardi à Washington la junte birmane, mais l'administration américaine a démenti dans la foulée avoir pris toute décision définitive sur ce sujet. "Le gouvernement de Birmanie a été informé que ses efforts pour se conformer au programme antinarcotique du département d'Etat américain, pour obtenir une certification de l'administration Bush liée à certaines mesures de lutte contre la drogue, ont été rejetés", selon un communiqué de la junte.Le refus des Etats-Unis d'accorder une certification dans la lutte contre la drogue intervient alors que la Birmanie "a engagé un effort massif", qui s'est notamment traduit par des "baisses significatives de la prodution d'opium et une coopération avec les autorités américaines", a souligné le porte-parole du régime au pouvoir à Rangoun, le colonel Hla Min."En travaillant avec des tribus dans la région du Triangle d'or, nous avons pu ramener la production à un niveau historiquement bas, et nous réduirons notre production encore de moitié l'an prochain, la ramenant de 800 à 400 tonnes", a encore souligné le colonel. Le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, interrogé sur cette déclaration, a affirmé qu'elle était "pour le moins prématurée", et ajouté que Washington ne prendrait pas de décision sur la certification de la Birmanie avant "plusieurs mois". La certification vise, de la part de Washington, à démontrer qu'un pays fait des efforts suffisants dans la lutte contre les stupéfiants pour échapper à certaines sanctions américaines. Des responsables américains reconnaissent en privé depuis longtemps la sincérité de l'engagement antidrogue de certains militaires au pouvoir à Rangoun, tout en critiquant sévèrement les violations des droits de l'homme commises par le régime, la répression politique et la conduite de l'économie.Les partisans de l'opposition, incarnée par la dissidente Aung San Suu Kyi, font campagne contre l'attribution à la Birmanie d'une certification reconnaissant ses efforts dans la lutte contre la drogue, de peur qu'elle puisse être interprétée comme un soutien au régime.


La Baronne Crawley condamne l’application des droits de l’homme en Birmanie

04.12.02- Bureau des Affaires étrangères à Londres

Rapport de presse : Un porte-parole du Bureau des Affaires étrangères soulignait aujourd’hui l’intervention de la Baronne Crawley qui, au nom du Gouvernement, prenait la parole le 3 décembre, devant la Chambre des Lords, au cours d’un débat portant sur la Birmanie.
Elle condamne le rapport qui fait référence à la situation des droits de l’homme appliqués par le régime birman. " La Baronne Crawley précisait que la réponse du régime birman aux rapports crédibles concernant le non respect des droits de l’homme, ne tenait aucun compte des nombreux rapports concernant le travail des contestataires et des opposants politiques ".
Nous désapprouvons fermement et nous avons exprimé notre inquiétude à maintes reprises. Le Général en Chef Than Shwe a le pouvoir de prendre des mesures réelles pour contribuer à offrir plus de prospérité et de paix future à tout le peuple birman. Nous en appelons, au nom du Gouvernement, au Général en Chef Than Shwe pour qu’il exerce la volonté et le leadership politique utile et nécessaires afin de surmonter la présente impasse. La Baronne Crawley ajoutait que le Royaume-Uni maintiendrait la pression jusqu’à ce que la Birmanie s’engage de façon irréversible à mettre tout en œuvre pour adopter un réel changement durable.



Expropriations à Sittwe

Source : Narinjara news, 19 décembre 2002

Dix-huit familles ont été expropriées de force de leurs domiciles à Sittwe, la capitale de l’Etat Arakan, depuis le 25 octobre. Elles se sont réfugiées dans des abris de fortune aux abords de la ville. La municipalité les a délogées au motif qu’elles vivaient trop prés de l’Hôpital, sans même prendre la peine de les reloger (il ne s’agit donc pas d’un déplacement forcé, mais d’une éviction pure et simple). Les familles, qui sont depuis à la merci des intempéries, ont délégué un membre de l’une d’entre elles, U Mung Daing, auprès des autorités. Celles-ci lui ont répondu que le site n’appartenait pas à l’Etat mais à un particulier, U Shwe Tha. Les familles ont donc demandé à réintégrer leurs maisons. La municipalité a accepté de revoir la situation, mais aucun changement n’est intervenu depuis.


Deux nouveaux bataillons pour l’Armée Birmane
Source : Democratic Voice of Burma, 9 décembre 2002

L’armée Birmane devrait créer d’ici la fin du mois deux nouveaux bataillons d’artillerie, le 307ème et 308ème , placés sous commandement des forces côtières, et basés à Palauk dans les environs de Palaw et Kyaukmedaung, dans la région de Tavoy. Plus de 300 acres de terrain ont été réquisitionnés de force à cet effet, et les villageois délogés ont été forcés à participer " volontairement " à la construction des batiments militaires, avant d’être invités à quitter les lieux. Un neuvième bataillon d’artillerie devrait par ailleurs voir le jour à Kyunsu, dans la division de Tenasserim.


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