Les
Was aux prises avec leur réputation de trafiquants de
drogue
Source : AFP, 11 déc 2002
La milice ethnique des Was de Birmanie, montrée du doigt
depuis des années par de nombreux gouvernements qui l'accusent
d'inonder la planète d'héroïne, le clame
haut et fort: elle a renoncé au trafic de drogue. "Donnez-nous
une chance de faire nos preuves", plaide Pauk Yu Yi, l'un
des quatre frères qui contrôlent la région
d'un demi-million d'habitants dans le nord-est de la Birmanie,
aux confins de la Chine, du Laos et de la Thaïlande, et
l'UWSA (United Wa State Army), armée redoutée
de 20.000 hommes aguerris appelés les Was rouges.
Lors d'une visite exceptionnelle organisée par le régime
militaire birman, dans le Triangle d'or, le chef wa fait visiter
Panghsang à un groupe de diplomates et de journalistes
locaux, en présence de quatre membres du gouvernement
de Rangoun. Active comme une ruche, la localité a la
réputation d'avoir été le centre de la
culture du pavot, adossé à la province chinoise
du Yunnan. Les pavots, qui recouvraient tous les champs alentours
de rouge, ont pour l'essentiel disparu du paysage, dans le cadre
d'une campagne d'éradication totale d'ici à 2005,
dit-il. Panghsang, ancien campement délabré de
l'Etat Shan, abrite aujourd'hui 60.000 habitants et a des allures
de Las Vegas miniature la nuit avec ses grands hôtels,
ses casinos et ses salons de massage qui bénéficient
de l'électricité 24 heures sur 24, luxe inconnu
dans la capitale Rangoun. Mais pour les experts antidrogue internationaux,
une telle prospérité a été bâtie
sur les énormes quantités d'opium qui ont fait
de la Birmanie le premier producteur mondial avant qu'elle ne
soit dépassée par l'Afghanistan.
Autre vitrine montrée par les Was, la ville de Mong Yawn,
près de la frontière thaïlandaise, désormais
entourée de plantations d'orangers, d'arbres à
caoutchouc et de rizières. La localité a surgi
de terre sur des territoires accordés aux Was en remerciement
après la "reddition" du leader nationaliste
shan Khun Sa, "roi de l'opium". Quelque 60.000 planteurs
de pavot y ont été relogés, et les Was
gagnaient du terrain vers le sud, aux portes de la Thaïlande.
En dépit des dénégations des Was, les autorités
thaïlandaises et américaines considèrent
Mong Yawn comme une "ville de la drogue" qui produit
chaque année dans des laboratoires les centaines de millions
de pilules d'amphétamines qui commencent à faire
des ravages en Thaïlande.
"Maintenant nous avons de la nourriture en abondance mais
pas de marché où la vendre", se plaint Pauk
Yu Yi, expliquant que la défiance des voisins thaïlandais
empêche les Was d'avoir des liens commerciaux avec eux."Qu'est-ce
qu'on va faire de tout cela si on ne peut pas le vendre?...
Autant recommencer à faire du pavot", dit-il, moitié
provocateur. Les Was rouges, historiquement proches des communistes
chinois, ont mis fin à des décennies de rébellion
en signant en 1989 un accord de cessez-le-feu avec la junte
de Rangoun en échange d'une large autonomie sur leurs
territoires. Et ces dernières années, la junte,
aidée par l'ONU, s'est efforcée de convaincre
le monde qu'elle luttait résolument, avec les Was, contre
le trafic de drogue.Même Washington, peu suspect de complaisance
vis-à-vis de Rangoun, a félicité la Birmanie
pour ses résultats dans l'éradication de l'opium
et envisage son retrait de la liste des grands producteurs de
drogue dans le monde."Avant, cette zone aurait pu être
décrite comme une véritable mer de pavots, mais
maintenant on peut dire qu'elle est pratiquement débarrassée
de l'opium grâce aux effors concertés du gouvernement
et des chefs des ethnies Wa et Kokang", affirme le ministre
des Affaires étrangères Win Aung, qui participe
au voyage. Phone Kyar Shin, vieux chef kokang, maintient lui
aussi que les jours où les milices ethniques produisaient
la drogue sont révolus. "Nous comprenons tous que
l'opium et son dérivé, l'héroïne,
posent un grand problème non seulement à la Birmanie
mais aussi au reste du monde", dit-il.
Washington
juge insuffisante la lutte contre la drogue menée par
Rangoun
Source : AFP, 17 décembre 2002
Les Etats-Unis ont annoncé à la Birmanie que leurs
autorités avaient pris des mesures insuffisantes de lutte
contre la production de drogue, a annoncé mardi à
Washington la junte birmane, mais l'administration américaine
a démenti dans la foulée avoir pris toute décision
définitive sur ce sujet. "Le gouvernement de Birmanie
a été informé que ses efforts pour se conformer
au programme antinarcotique du département d'Etat américain,
pour obtenir une certification de l'administration Bush liée
à certaines mesures de lutte contre la drogue, ont été
rejetés", selon un communiqué de la junte.Le
refus des Etats-Unis d'accorder une certification dans la lutte
contre la drogue intervient alors que la Birmanie "a engagé
un effort massif", qui s'est notamment traduit par des
"baisses significatives de la prodution d'opium et une
coopération avec les autorités américaines",
a souligné le porte-parole du régime au pouvoir
à Rangoun, le colonel Hla Min."En travaillant avec
des tribus dans la région du Triangle d'or, nous avons
pu ramener la production à un niveau historiquement bas,
et nous réduirons notre production encore de moitié
l'an prochain, la ramenant de 800 à 400 tonnes",
a encore souligné le colonel. Le porte-parole du département
d'Etat, Richard Boucher, interrogé sur cette déclaration,
a affirmé qu'elle était "pour le moins prématurée",
et ajouté que Washington ne prendrait pas de décision
sur la certification de la Birmanie avant "plusieurs mois".
La certification vise, de la part de Washington, à démontrer
qu'un pays fait des efforts suffisants dans la lutte contre
les stupéfiants pour échapper à certaines
sanctions américaines. Des responsables américains
reconnaissent en privé depuis longtemps la sincérité
de l'engagement antidrogue de certains militaires au pouvoir
à Rangoun, tout en critiquant sévèrement
les violations des droits de l'homme commises par le régime,
la répression politique et la conduite de l'économie.Les
partisans de l'opposition, incarnée par la dissidente
Aung San Suu Kyi, font campagne contre l'attribution à
la Birmanie d'une certification reconnaissant ses efforts dans
la lutte contre la drogue, de peur qu'elle puisse être
interprétée comme un soutien au régime.
La Baronne Crawley condamne l’application
des droits de l’homme en Birmanie
04.12.02- Bureau des Affaires étrangères à
Londres
Rapport de presse : Un porte-parole du Bureau des Affaires étrangères
soulignait aujourd’hui l’intervention de la Baronne
Crawley qui, au nom du Gouvernement, prenait la parole le 3
décembre, devant la Chambre des Lords, au cours d’un
débat portant sur la Birmanie.
Elle condamne le rapport qui fait référence à
la situation des droits de l’homme appliqués par
le régime birman. " La Baronne Crawley précisait
que la réponse du régime birman aux rapports crédibles
concernant le non respect des droits de l’homme, ne tenait
aucun compte des nombreux rapports concernant le travail des
contestataires et des opposants politiques ".
Nous désapprouvons fermement et nous avons exprimé
notre inquiétude à maintes reprises. Le Général
en Chef Than Shwe a le pouvoir de prendre des mesures réelles
pour contribuer à offrir plus de prospérité
et de paix future à tout le peuple birman. Nous en appelons,
au nom du Gouvernement, au Général en Chef Than
Shwe pour qu’il exerce la volonté et le leadership
politique utile et nécessaires afin de surmonter la présente
impasse. La Baronne Crawley ajoutait que le Royaume-Uni maintiendrait
la pression jusqu’à ce que la Birmanie s’engage
de façon irréversible à mettre tout en
œuvre pour adopter un réel changement durable.
Expropriations à Sittwe
Source
: Narinjara news, 19 décembre 2002
Dix-huit familles ont été expropriées de
force de leurs domiciles à Sittwe, la capitale de l’Etat
Arakan, depuis le 25 octobre. Elles se sont réfugiées
dans des abris de fortune aux abords de la ville. La municipalité
les a délogées au motif qu’elles vivaient
trop prés de l’Hôpital, sans même prendre
la peine de les reloger (il ne s’agit donc pas d’un
déplacement forcé, mais d’une éviction
pure et simple). Les familles, qui sont depuis à la merci
des intempéries, ont délégué un
membre de l’une d’entre elles, U Mung Daing, auprès
des autorités. Celles-ci lui ont répondu que le
site n’appartenait pas à l’Etat mais à
un particulier, U Shwe Tha. Les familles ont donc demandé
à réintégrer leurs maisons. La municipalité
a accepté de revoir la situation, mais aucun changement
n’est intervenu depuis.
Deux
nouveaux bataillons pour l’Armée Birmane
Source
: Democratic Voice of Burma, 9 décembre 2002
L’armée Birmane devrait créer d’ici
la fin du mois deux nouveaux bataillons d’artillerie,
le 307ème et 308ème , placés sous commandement
des forces côtières, et basés à Palauk
dans les environs de Palaw et Kyaukmedaung, dans la région
de Tavoy. Plus de 300 acres de terrain ont été
réquisitionnés de force à cet effet, et
les villageois délogés ont été forcés
à participer " volontairement " à la
construction des batiments militaires, avant d’être
invités à quitter les lieux. Un neuvième
bataillon d’artillerie devrait par ailleurs voir le jour
à Kyunsu, dans la division de Tenasserim.
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