Le
message d’Aung San Suu Kyi pour l’Independence Day
Source :Democratic Voice of Burma, 4 janvier
2003
Ce message a été diffusé par la radio libre
Democratic Voice of Burma, qui émet depuis Oslo deux
heures par jour en Birmanie (ce dont nous vous reparlerons prochainement)
pour une audience estimée très modestement à
5 ou 6 millions de personnes. Ce discours, empreint comme tous
ceux d’Aung San Suu Kyi, de sagesse Bouddhiste (et notamment
de métaphores), a été traduit du Birman
à l’anglais, puis au français. Il a malheureusement
perdu de sa force au passage…
" Je voudrais dire au peuple Birman, en ce jour d’indépendance,
de garder au plus profond de lui-même l’esprit d’indépendance.
Vous devez le garder comme ce que vous avez de plus précieux.
Si ce que vous possédez est vraiment important pour vous,
personne ne vous en dépossédera. L’indépendance
est un sentiment dont on ne peut être dépossédé.
Notre indépendance ne signifiera quelque chose que si
vous la chérissez, nourrissez et protégez. C’est
cela le message que je voudrais faire passez en ce jour d’indépendance.
Je voudrais également en profiter pour remercier particulièrement
la jeunesse de Birmanie. Lors de mes déplacements dans
le pays, les jeunes m’ont chaleureusement accueilli et
supporté. Quand j’ai vu cette jeunesse, cela m’a
donné du courage et de l’espoir pour le futur du
pays. C’est pourquoi je tiens à la remercier, et
à l’encourager à continuer ses efforts.
Si je pouvais souhaiter quelque chose en ce jour d’indépendance,
je demanderais de la considération pour la jeunesse,
afin qu’elle puisse participer plus largement au devenir
du pays ".
Suu Kyi
et le Forum Social Asiatique
Source : The Hindu, 6 janvier 2003
Le prix Nobel de la paix aurait été empêché
d’envoyer un message téléphonique au premier
Forum Social Asiatique (l’équivalent du Forum Social
Européen qui s’est tenu à Florence en novembre
dernier). Craignant que Suu Kyi ne les critique sévèrement,
les militaires ont purement et simplement fait couper sa ligne
téléphonique le 2 janvier, date prévue
de sa communication au Forum, et date d’ouverture de celui-ci,
en Inde. Le résultat final devait être à
l’opposé de celui attendu, puisque finalement le
discours fut retransmis lors de la dernière journée
du Forum (c’est à dire devant une large audience),
mardi 7. La délégation d’ONG birmanes qui
participait au forum a réitéré la demande
faite à la communauté internationale de n’accorder
aucune aide au gouvernement militaire sous quelque forme que
se soit, tant que celui-ci ne respectera pas des " normes
civilisées " et ne mettra pas un terme aux atteintes
aux droits Humains, et notamment ceux des Femmes.
Thin Than Aung, secrétaire générale de
la Women’s League of Burma, et Nang Hseng Noung, du Shan
Women’s Action Network (le SWAN, responsable du rapport
" licence to rape " sur le viol en pays Shan) ont
déclaré à " The Hindu " que les
atrocités commises par les militaires contre les femmes
de Birmanie continuaient. Elles ont par ailleurs appelé
à un dialogue tripartite entre la junte, Aung San Suu
Kyi et des représentants des minorités ethniques.
L’Allemagne et l’Italie financent
" la lutte anti-drogue "…
Source : Xinhua News Agency, 7 janvier 2003
Les deux pays ont décidé de verser un total de
1,1 million de dollars US au gouvernement militaire Birman sur
quatre ans pour l’aider à lutter contre la production
de drogue dans la région Wa, d’après une
agence des Nations Unies. Le projet de contrôle de la
production de drogue, qui a débuté en 1999, devrait
se poursuivre jusqu’en 2005, d’après Jean-Luc
Demahieu, de l’UNODC (United Nations Office on Drug and
Crime). L’Allemagne s’est engagée à
hauteur de 1 million d’Euro, et l’Italie de 100
000 dollars. L’agence des Nations Unies, qui réclamait
16 millions de dollars pour ce projet, en a d’ores et
d déjà reçu 8, dont la majeure partie a
été donnée par les Etats-Unis et le Japon.
La France, pour sa part, a accepté de verser 200 000
dollars. Le projet comprend notamment le développement
de 500 hectares de riz prés de la frontière Birmano-Chinoise.
…Mais la production continue
Source
: AFP, 7 janvier 2003
C’est précisément dans cette zone que la
police Chinoise a intercepté 8 tonnes d’Héroïne
durant l’année 2002, soit 70% des saisies Chinoises
totales. La plus grande partie de la drogue aurait été
produite en Birmanie. En effet, sur les 92 400 hectares de culture
du pavot estimées dans le triangle d’or, 87 000
se trouvent en territoire Birman. Les 8 tonnes saisies par la
police ne sont en effet qu’une bien maigre partie des
1 800 tonnes d’Héroïnes qui transitent chaque
année par ce pays. D’après les cartes de
la police Chinoise, une longue ceinture de pavot se cache derrière
les 1 400 kilomètres de frontières Birmano-Chinoise,
c’est à dire dans la zone tenue par les Was, alliés
des militaires Birmans. Il est difficile de dire quelle proportion
de l’Héroïne Birmane transite par la Chine,
mais depuis les années 80 les trafiquants semblent privilégier
cette route vers les Etas-Unis et l’Europe. Une collaboration
entre les polices Chinoises, Birmanes et Laotiennes a permis
la saisie de 280 kilos d’Héroïne, 120 kilos
de metamphetamines, 33 arrestations et la découverte
de 10 laboratoires. La police se refuse à estimer le
nombre de Chinois usagers de drogue, mais reconnaît que
l’Héroïne, l’ecstasy et les metamphetamines
sont en circulation dans les bars et boites de nuit du pays.
Than
Shwe et Khin Nyunt en visite en Chine
Source
: BBC, 6 novembre 2003
Le Général Than Shwe, numéro un de la junte
Birmane, est en visite officielle à Pékin, pour
une durée de six jours. La Birmanie, redevable à
la Chine d’un soutien sans failles depuis 14 ans, a donc
envoyé son leader à la rencontre de son principal
allié militaire et économique. Le fait que Than
Shwe fasse ce déplacement hors des frontières,
fait très rare pour un dirigeant Birman, montre l’importance
que revêtent pour Rangoun les liens avec Pékin.
Le premier secrétaire du SPDC devrait rencontrer le président
Jiang Zemin, ainsi que son successeur annoncé, Hu Jintao,
qui a pris la direction du PCC en novembre.
La Chine n’est officiellement que le troisième
partenaire commercial de la Birmanie, après Singapour
et la Thaïlande (bien que les chiffres sous-estiment vraisemblablement
le commerce informel sur la frontière Sino-Birmane).
Mais c’est en revanche son principal allié en matière
de défense, et ce pour le matériel comme pour
l’entraînement des troupes. La Chine a, à
de multiples reprises, demandé à son voisin de
favoriser les changements politiques et économiques.
Elle pourrait réitérer cette demande (qui d’ailleurs
dans le même sens que celles formulées par le reste
de la communauté internationale).Than Shwe est accompagné
de sa femme et d’une délégation de 63 officiels,
dont le numéro trois du régime, le Général
Khin Nyunt.
Charlie
Hebdo et la Birmanie
L'hebdomadaire
publie cette semaine et la semaine prochaine un article de Frederic
Laudet intitulé "Blanchiment de fossiles en Birmanie".
Extraits:
"La prise du pouvoir en 1988 par les Généraux
Birmans s'est traduite, outre le massacre de milliers de manifestants,
par de terribles purges au sein des Universités."
"En fevrier 1997, le Général Khin Nyunt,
chef des renseignements, ordonne le ratissage des fossilesde
la formatioongéologique de Pondaung, célèbre
pour avoir livré par le passé des restes de singes
agés de 40 millions d'années".
" Khin Nyunt dévoile alors les raisons d'un tel
engouement pour la paléontologie: dans un discours, il
déclare qu'il posséde désormais les preuves
que l'humanité et la civilisation ont leurs racines en
Birmanie ! Les fossiles illustreraient meme "la grandeur
de la nation" et la supériorité de la culture
Birmane par "son existence depuis des temps immémoriaux".
"Au printemps 1998, une équipe de l'université
Montpellier II s'envole pour Rangoun, précédée
par deux paléontologues américains, et suivis
par des chercheurs japonais. Tous sont les invités d'honneur
de Khin Nyunt".
"Les missions paléontologiques font partie d'une
vaste opération de révisionnisme organisée
par la junte, la "myanmafication", dont le but est
de forger une identité propre et une histoire communeà
l'artificielle et hétérogène "Union
du Myanmar".
"Quand aux chercheurs locaux, ils sont invités à
réecrire en conséquence la "véritable
histoire" de l'Union.
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