Myanmar
: Amnesty International se félicite de sa première
visite dans le pays et demande que de nouveaux progrès
soient réalisés
Index AI : ASA 16/007/2003
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Après sa toute première visite au Myanmar, Amnesty
International a appelé le State Peace and Development
Council (SPDC, Conseil national pour la paix et le développement)
– gouvernement militaire du Myanmar – à libérer
immédiatement et sans condition tous les prisonniers
d’opinion encore détenus dans le pays. “
Le maintien en détention de 1 200 à 1 300 prisonniers
politiques, dont beaucoup sont à notre avis des prisonniers
d’opinion, détenus uniquement pour leurs activités
politiques pacifiques, a été l’un des principaux
points de discussion avec les autorités ”, a déclaré
Amnesty International lors d’une conférence de
presse organisée aujourd’hui (lundi 10 février
2003) à Bangkok, en Thaïlande. L’organisation,
qui demandait depuis 1988 l’autorisation de se rendre
au Myanmar, a salué les efforts réalisés
par les représentants du gouvernement de ce pays pour
répondre aux demandes de la délégation,
et s’est félicitée de la franchise avec
laquelle elle avait pu s’entretenir avec des ministres
et des hauts responsables de la police et du système
pénitentiaire. Pendant sa visite, la délégation
d’Amnesty International a aussi rencontré Daw Aung
San Suu Kyi en sa qualité de secrétaire générale
de la National League for Democracy (NLD, Ligue nationale pour
la démocratie), ainsi que des membres et des sympathisants
de ce parti. Elle s’est également entretenue avec
des représentants de diverses organisations internationales,
du secteur diplomatique et du monde des affaires, et a visité
des lieux de détention, tels que la prison d’Insein,
à Yangon (Rangoon), et le quartier pénitentiaire
de l’hôpital général de Yangon. La
rencontre avec Daw Aung San Suu Kyi a eu lieu chez elle le 31
janvier. “ Nous avons discuté de nos diverses préoccupations
communes dans le cadre d’un entretien cordial qui a duré
deux heures ”, a déclaré Amnesty International,
expliquant que, conformément à l’accord
conclu avec Daw Aung San Suu Kyi, le contenu de cet entretien
était confidentiel. L’organisation considère
cette mission comme le début d’un processus qui
devrait aboutir à son retour dans le pays dans un but
de recherche. “ L’un de nos principaux objectifs
dans le cadre de cette visite était de rencontrer le
plus de monde possible à Yangon et de préparer
le terrain pour une mission de recherche dans d’autres
parties du pays plus tard dans l’année ”,
a-t-elle précisé. À la fin de leur visite,
les délégués ont présenté
aux autorités des recommandations écrites leur
demandant d’agir immédiatement pour soulager les
souffrances dans les prisons et les centres de détention.
Ils ont demandé, en particulier, que tous les prisonniers,
y compris les prisonniers politiques, aient accès au
matériel nécessaire pour lire et écrire
et ne soient pas détenus à l’isolement.
Dans ses rencontres avec des représentants du SPDC, Amnesty
International a aussi évoqué des cas de prisonniers
politiques récemment arrêtés et a demandé
la libération immédiate pour raisons humanitaires
de l’une d’entre eux, détenue à la
prison d’Insein, à Yangon, avec son enfant de dix-huit
mois. L’organisation attend une réponse rapide
du SPDC à ses recommandations. Les préoccupations
d’Amnesty International au Myanmar sont vastes, et l’organisation
a abordé de très nombreux sujets, tout en mettant
l’accent sur l’administration de la justice.
“ Tant que le pays ne disposera pas de bonnes lois, de
méthodes de maintien de l’ordre appropriées,
de procès équitables et de conditions de détention
humaines, les violations pourront se poursuivre et se poursuivront,
leurs auteurs resteront impunis et les victimes n’auront
aucune chance d’obtenir réparation ”, a-t-elle
déclaré.
Complément d’information
La visite d’Amnesty International a eu lieu du 30 janvier
au 8 février 2003. C’était la première
fois que l’organisation se rendait au Myanmar. Sa délégation
était composée de Demelza Stubbings, directrice
du Programme régional Asie et Pacifique, et de Donna
Guest, chercheuse sur le Myanmar et la Thaïlande.
Amnesty International a pour politique de chercher à
se rendre dans tous les pays du monde pour y enquêter
sur la situation des droits humains et s’y entretenir
avec les autorités et d’autres acteurs dans le
but de protéger et de promouvoir les droits humains.
Pour obtenir la déclaration officielle (en anglais) prononcée
par le chef de la délégation lors de la conférence
de presse de Bangkok, veuillez consulter notre site web :
http://www.news.amnesty.org
Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter
le Service de presse d’Amnesty International à
Londres, au +44 20 7413 5566, ou consulter le site web http://www.amnesty.org
La journaliste
Christine Ockrent remet à Aung San Suu Kyi le trophée
Reporters sans frontières -Fondation de France attribué
à San San Nweh en 1999
Le 31 décembre 2002, Christine Ockrent, célèbre
journaliste de la télévision française
et membre du conseil d'administration de Reporters sans frontières,
s'est entretenue avec Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix,
à son domicile de Rangoon (Birmanie). Lors de cet entretien,
les deux femmes ont évoqué le sort des journalistes
emprisonnés, notamment celui de Win Tin, 73 ans, détenu
depuis plus de treize ans.
Chritine Ockrent a remis à Aung San Suu Kyi le trophée
Reporters sans frontières - Fondation de France, attribué
en 1999 à la journaliste et écrivain birmane San
San Nweh. Depuis 1992, le prix Reporters sans frontières
- Fondation de France, décerné chaque année,
salue et récompense un journaliste qui, par son activité
professionnelle, ses prises de position ou son attitude, a su
témoigner de son attachement à la liberté
de l'information. San San Nweh avait été arrêtée
à Rangoon le 5 août 1994 et condamnée à
dix ans de prison pour "diffusion d'informations préjudiciables
à l'Etat". La journaliste, aujourd'hui âgée
de 57 ans, a été libérée en juillet
2001. Elle n'a jamais été autorisée à
sortir de Birmanie pour recevoir son prix.
Reporters sans frontières réitère son appel
à la libération des seize journalistes birmans
toujours emprisonnés par la junte militaire.
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