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Birmanie>Net Hebdo n° 24
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie


Sommaire


Visite d'un prix Nobel en Birmanie

Madame Jody Williams, prix Nobel de la paix 1997 pour son combat contre les mines anti-personnel, s’est rendu en Birmanie la semaine dernière, portant des messages de soutien d’autres prix Nobel tels que Rigoberta Menchu, Desmond Tutu, Oscar Arias, Joseph Roblat, Norman Borlaug, Betty Williams et Mairead McGuire à Aung San Suu Kyi. C’est la première fois qu’un prix Nobel rend visite à la dame de Rangoun depuis que celle-ci a reçu le prix Nobel de la paix en 1991. Madame Williams s’est rendu au domicile d’Aung San Suu Kyi, où les deux femmes ont discuté de la situation politique en Birmanie, mais aussi des besoins humanitaires du pays et de la catastrophe que représente l’usage des mines anti-personnel dans les guerres. Pour Aung San Suu Kyi, qui a appelé de ses vœux un soutien international au processus de démocratisation, il n’y a aucune autre solution que le dialogue pour que la Birmanie connaisse une transition pacifique. Jody Williams rapporte que sur la question de la pression internationale, Aung San Suu Kyi a été très claire : il est primordial que la communauté internationale maintienne et intensifie la pression mise sur la junte militaire, et que cette pression a déjà montré son efficacité. De son coté, Jody Williams souligne que si la pression a permis des améliorations de la situation en Birmanie, la communauté internationale ne doit surtout pas relâcher ses efforts. Malgré la libération d’Aung San Suu Kyi il y a presque un an, son parti reste soumis aux mêmes pressions. Il n’est donc pas encore temps d’investir dans ce pays, d’alléger les sanctions ou de favoriser le tourisme. Il faudra pour cela attendre que de réels progrès apparaissent dans le processus de démocratisation. Madame Williams, au nom du mouvement pour l’abolition des mines, a également tenu à remercier Aung San Suu Kyi, la NLD et le CRPP (Committee Representing the Peoples Parliament) pour leur engagement à se joindre à ce mouvement dés qu’ils auraient la possibilité de former un gouvernement. Malgré les difficultés qu’elle rencontre, Aung San Suu Kyi s’est montré optimiste quand à l’avenir du pays.

Les généraux, l'envoyé de l'ONU et le micro sans fil
Source : AFP, 25 mars 2003

Un micro sans fil découvert par le rapporteur  spécial de l'ONU pour les droits de l'Homme sous la table d'une pièce où il interviewait "confidentiellement" des prisonniers politiques : la Birmanie ne pouvait guère faire mieux pour renforcer son image de brebis galeuse de la communauté internationale. C'est un Paulo Sergio Pinheiro "très en colère" qui a annoncé lundi à Rangoun  écourter sa visite destinée à actualiser le rapport qu'il doit présenter devant la Commission des droits de l'Homme réunie à Genève et faisant une large place aux prisonniers d'opinion. "J'ai informé les autorités que lorsque j'interviewais des détenus à la  prison d'Insein (à Rangoun) samedi, j'ai trouvé un micro sans fil sous la table de la pièce où je me trouvais", a dit, visiblement très amer, le rapporteur spécial de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU sur la Birmanie. "Ceci est embarrassant pour les deux côtés : pour eux, mais aussi pour moi", a expliqué M. Pinheiro. Washington, pourtant accaparé par une guerre en Irak, a immédiatement réagi  par la voix d'un responsable du Département d'Etat en "regrettant que la Birmanie n'ait pas respecté ses engagements". Cet accroc, sur lequel les autorités ont promis de mener "une enquête approfondie" à laquelle personne ne croit, va encore ternir l'image de la junte au pouvoir qui a exprimé ses "sincères regrets" dès mardi. La Birmanie, sous sanctions internationales en raison de ses violations des droits de l'Homme, avait trouvé en M. Pinheiro un interlocuteur préférant la méthode douce à la confrontation, et qui appelait encore au début du mois la  communauté internationale à "ne pas isoler" la Birmanie, mais à lui "donner du temps". "C'est un incident très regrettable", estime un diplomate joint à Rangoun,  "c'est triste pour tout le monde, pour le régime, comme pour les prisonniers politiques, comme pour M. Pinheiro. Ca ne peut pas faire avancer les choses". "Ce ne sont pas des procédés, surtout lorsqu'on a promis qu'il n'en serait pas ainsi", ajoute-t-il. Toléré par les généraux birmans pour son approche patiente et conciliante, M. Pinheiro a pu au cours de ses cinq missions bénéficier d'une grande latitude dans ses entretiens dans le pays et avait obtenu l'engagement de la junte que ses interlocuteurs --prisonniers ou membres de minorités ethniques-- ne seraient pas persécutés. C'était un grand progrès par rapport à son prédécesseur, qui n'a jamais été  autorisé à poser un pied sur le sol birman. Après un tel coup de canif dans le contrat, M. Pinheiro envisagera-t-il une démission ? "Il va certainement se poser la question après un coup pareil", estime ce diplomate. D'autant que, sur le fond, M. Pinheiro a d'autres raisons d'être frustré dans  sa mission. Il a expliqué aux généraux cette semaine que le rythme très lent de la libération de prisonniers politiques était "inacceptable". Il reste entre 1.200 et 1.300 prisonniers politiques en Birmanie. Après avoir élargi plusieurs centaines de prisonniers depuis 2000 dans un  geste de bonne volonté, la junte n'en a quasiment pas libéré ces derniers mois, hormis un groupe de 45 personnes comprenant un nombre non spécifié de prisonniers d'opinion, opportunément relâchés quelques jours avant l'arrivée de M. Pinheiro.
Parallèlement, le "dialogue" sur une transition démocratique attendu entre les généraux et la dirigeante de l'opposition Aung San Suu Kyi est  inexistant, selon tous les experts, et le découragement de M. Pinheiro semble avoir gagné aussi l'autre grand interlocuteur onusien de Rangoun, le diplomate malaisien Razali Ismail.  Cet envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU avait joué un rôle essentiel en permettant à la junte et au prix Nobel de la paix d'ouvrir, fin  2000, des discussions secrètes et historiques. Mais à la veille de sa 9e mission à Rangoun en novembre dernier, M. Razali  avait menacé de démissionner "si les discussions n'allaient nulle part". "L'horizon est bouché", conclut le diplomate.

Réunion de l'Alliance militaire
Source : Euro Burma Office, 25 février 2003

Une réunion d’urgence de l’Alliance Militaire, à savoir le Parti de Libération Arakan, le Front National Chin, le Parti National Progressiste Karenni, le Conseil de Restitution de l’Etat de Shan et l’Union National de Karen, à laquelle ont participé 17 représentants, s’est tenue avec succès dans une zone libre, le 24 février 2003. Durant cette réunion d’urgence, toutes les parties se sont mises d’accord pour accueillir très favorablement l’offre du Gouvernement Royal de Thaïlande, d’agir en tant que médiateur entre l’Etat de Paix du Conseil de Développement (SPDC) et les Forces Nationales Ethniques, en vu d’une une réconciliation nationale. Ils ont également soulevé le point que, en cas de dialogue entre le SPDC et l’Alliance Militaire, le lieu devra être neutre et toutes alliances militaires devront participer collectivement et s’exprimer d’une même voix.

Le célèbre journaliste Win Tin "fête" son soixante-treizième anniversaire en détention
Source : Reporters sans frontières

C'est en détention à l'hôpital général de Rangoon que Win Tin, journaliste et membre de la Ligue nationale pour la démocratie, célébrera, le 12 mars 2003, son soixante-treizième anniversaire. A cette occasion, Reporters sans frontières et la Burma Media Association (BMA) réitèrent leur appel à la libération de Win Tin pour raisons médicales. Les deux organisations, craignant qu'une nouvelle incarcération n'aggrave la santé fragile du journaliste, espèrent que les autorités birmanes feront preuve de compassion envers un homme de 73 ans, malade, et qui vient de passer les treize dernières années de sa vie en prison. Reporters sans frontières et BMA rappellent qu'elles s'opposent à toute levée des sanctions politiques et économiques contre le gouvernement birman avant la libération des prisonniers politiques et la fin de la censure sur l'information. Suite à des problèmes cardiaques, Win Tin a été transféré, le 22 novembre 2002, à l'hôpital général de Rangoon. Depuis cette date, le journaliste séjourne dans l'une des chambres, d'environ quinze mètres carrés, aménagées pour les prisonniers politiques dans les sous-sols de l'établissement. Un médecin examine tous les jours le journaliste qui reçoit les médicaments appropriés à son état de santé. Le 5 février dernier, Win Tin a reçu la visite de la délégation d'Amnesty International, pour la première fois en mission d'enquête en Birmanie à l'invitation de la junte militaire. Le journaliste et les représentants de l'organisation ont pu s'entretenir pendant plus d'une heure. La délégation d'Amnesty International a affirmé à son retour en Europe que le moral du journaliste était excellent et son état de santé raisonnablement bon. Win Tin souffre néanmoins toujours de problèmes urinaires. Ancien rédacteur en chef du quotidien Hanthawadi et vice-président de l^(1)Association des écrivains de Birmanie, Win Tin est détenu depuis le 4 juillet 1989. Il a été condamné à une peine totale de vingt ans de détention, notamment pour avoir adressé au rapporteur des Nations unies pour la Birmanie un document contenant des informations sur les conditions de détention et les mauvais traitements infligés aux détenus de la prison d'Insein.

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