Visite d'un prix Nobel en Birmanie
Madame Jody Williams, prix Nobel de la paix 1997 pour son combat
contre les mines anti-personnel, s’est rendu en Birmanie la semaine dernière,
portant des messages de soutien d’autres prix Nobel tels que Rigoberta Menchu,
Desmond Tutu, Oscar Arias, Joseph Roblat, Norman Borlaug, Betty Williams et
Mairead McGuire à Aung San Suu Kyi. C’est la première fois qu’un prix Nobel
rend visite à la dame de Rangoun depuis que celle-ci a reçu le prix Nobel
de la paix en 1991. Madame Williams s’est rendu au domicile d’Aung San Suu
Kyi, où les deux femmes ont discuté de la situation politique en Birmanie,
mais aussi des besoins humanitaires du pays et de la catastrophe que représente
l’usage des mines anti-personnel dans les guerres. Pour Aung San Suu Kyi,
qui a appelé de ses vœux un soutien international au processus de démocratisation,
il n’y a aucune autre solution que le dialogue pour que la Birmanie connaisse
une transition pacifique. Jody Williams rapporte que sur la question de la
pression internationale, Aung San Suu Kyi a été très claire : il est primordial
que la communauté internationale maintienne et intensifie la pression mise
sur la junte militaire, et que cette pression a déjà montré son efficacité.
De son coté, Jody Williams souligne que si la pression a permis des améliorations
de la situation en Birmanie, la communauté internationale ne doit surtout
pas relâcher ses efforts. Malgré la libération d’Aung San Suu Kyi il y a
presque un an, son parti reste soumis aux mêmes pressions. Il n’est donc
pas encore temps d’investir dans ce pays, d’alléger les sanctions ou de favoriser
le tourisme. Il faudra pour cela attendre que de réels progrès apparaissent
dans le processus de démocratisation. Madame Williams, au nom du mouvement
pour l’abolition des mines, a également tenu à remercier Aung San Suu Kyi,
la NLD et le CRPP (Committee Representing the Peoples Parliament) pour leur
engagement à se joindre à ce mouvement dés qu’ils auraient la possibilité
de former un gouvernement. Malgré les difficultés qu’elle rencontre, Aung
San Suu Kyi s’est montré optimiste quand à l’avenir du pays.
Les généraux, l'envoyé
de l'ONU et le micro sans fil
Source : AFP, 25 mars 2003
Un micro sans fil découvert par le rapporteur spécial
de l'ONU pour les droits de l'Homme sous la table d'une pièce
où il interviewait "confidentiellement" des prisonniers
politiques : la Birmanie ne pouvait guère faire mieux
pour renforcer son image de brebis galeuse de la communauté
internationale. C'est un Paulo Sergio Pinheiro "très
en colère" qui a annoncé lundi à Rangoun
écourter sa visite destinée à actualiser
le rapport qu'il doit présenter devant la Commission
des droits de l'Homme réunie à Genève et
faisant une large place aux prisonniers d'opinion. "J'ai informé
les autorités que lorsque j'interviewais des détenus
à la prison d'Insein (à Rangoun) samedi,
j'ai trouvé un micro sans fil sous la table de la pièce
où je me trouvais", a dit, visiblement très amer,
le rapporteur spécial de la Commission des droits de
l'Homme de l'ONU sur la Birmanie. "Ceci est embarrassant pour
les deux côtés : pour eux, mais aussi pour moi",
a expliqué M. Pinheiro. Washington, pourtant accaparé
par une guerre en Irak, a immédiatement réagi
par la voix d'un responsable du Département d'Etat en
"regrettant que la Birmanie n'ait pas respecté ses engagements".
Cet accroc, sur lequel les autorités ont promis de mener
"une enquête approfondie" à laquelle personne ne
croit, va encore ternir l'image de la junte au pouvoir qui a
exprimé ses "sincères regrets" dès mardi.
La Birmanie, sous sanctions internationales en raison de ses
violations des droits de l'Homme, avait trouvé en M.
Pinheiro un interlocuteur préférant la méthode
douce à la confrontation, et qui appelait encore au début
du mois la communauté internationale à "ne
pas isoler" la Birmanie, mais à lui "donner du temps".
"C'est un incident très regrettable", estime un diplomate
joint à Rangoun, "c'est triste pour tout le monde,
pour le régime, comme pour les prisonniers politiques,
comme pour M. Pinheiro. Ca ne peut pas faire avancer les choses".
"Ce ne sont pas des procédés, surtout lorsqu'on
a promis qu'il n'en serait pas ainsi", ajoute-t-il. Toléré
par les généraux birmans pour son approche patiente
et conciliante, M. Pinheiro a pu au cours de ses cinq missions
bénéficier d'une grande latitude dans ses entretiens
dans le pays et avait obtenu l'engagement de la junte que ses
interlocuteurs --prisonniers ou membres de minorités
ethniques-- ne seraient pas persécutés. C'était
un grand progrès par rapport à son prédécesseur,
qui n'a jamais été autorisé à
poser un pied sur le sol birman. Après un tel coup de
canif dans le contrat, M. Pinheiro envisagera-t-il une démission
? "Il va certainement se poser la question après un coup
pareil", estime ce diplomate. D'autant que, sur le fond, M.
Pinheiro a d'autres raisons d'être frustré dans
sa mission. Il a expliqué aux généraux
cette semaine que le rythme très lent de la libération
de prisonniers politiques était "inacceptable". Il reste
entre 1.200 et 1.300 prisonniers politiques en Birmanie. Après
avoir élargi plusieurs centaines de prisonniers depuis
2000 dans un geste de bonne volonté, la junte n'en
a quasiment pas libéré ces derniers mois, hormis
un groupe de 45 personnes comprenant un nombre non spécifié
de prisonniers d'opinion, opportunément relâchés
quelques jours avant l'arrivée de M. Pinheiro.
Parallèlement, le "dialogue" sur une transition démocratique
attendu entre les généraux et la dirigeante de
l'opposition Aung San Suu Kyi est inexistant, selon tous
les experts, et le découragement de M. Pinheiro semble
avoir gagné aussi l'autre grand interlocuteur onusien
de Rangoun, le diplomate malaisien Razali Ismail. Cet
envoyé spécial du secrétaire général
de l'ONU avait joué un rôle essentiel en permettant
à la junte et au prix Nobel de la paix d'ouvrir, fin
2000, des discussions secrètes et historiques. Mais à
la veille de sa 9e mission à Rangoun en novembre dernier,
M. Razali avait menacé de démissionner "si
les discussions n'allaient nulle part". "L'horizon est bouché",
conclut le diplomate.
Réunion de l'Alliance militaire
Source : Euro Burma Office, 25 février 2003
Une réunion d’urgence de l’Alliance Militaire,
à savoir le Parti de Libération Arakan, le Front
National Chin, le Parti National Progressiste Karenni, le Conseil
de Restitution de l’Etat de Shan et l’Union National
de Karen, à laquelle ont participé 17 représentants,
s’est tenue avec succès dans une zone libre, le
24 février 2003. Durant cette réunion d’urgence,
toutes les parties se sont mises d’accord pour accueillir
très favorablement l’offre du Gouvernement Royal
de Thaïlande, d’agir en tant que médiateur
entre l’Etat de Paix du Conseil de Développement
(SPDC) et les Forces Nationales Ethniques, en vu d’une
une réconciliation nationale. Ils ont également
soulevé le point que, en cas de dialogue entre le SPDC
et l’Alliance Militaire, le lieu devra être neutre
et toutes alliances militaires devront participer collectivement
et s’exprimer d’une même voix.
Le célèbre journaliste Win Tin
"fête" son soixante-treizième anniversaire en détention
Source : Reporters sans frontières
C'est en détention à l'hôpital général
de Rangoon que Win Tin, journaliste et membre de la Ligue nationale
pour la démocratie, célébrera, le 12 mars
2003, son soixante-treizième anniversaire. A cette occasion,
Reporters sans frontières et la Burma Media Association
(BMA) réitèrent leur appel à la libération
de Win Tin pour raisons médicales. Les deux organisations,
craignant qu'une nouvelle incarcération n'aggrave la
santé fragile du journaliste, espèrent que les
autorités birmanes feront preuve de compassion envers
un homme de 73 ans, malade, et qui vient de passer les treize
dernières années de sa vie en prison. Reporters
sans frontières et BMA rappellent qu'elles s'opposent
à toute levée des sanctions politiques et économiques
contre le gouvernement birman avant la libération des
prisonniers politiques et la fin de la censure sur l'information.
Suite à des problèmes cardiaques, Win Tin a été
transféré, le 22 novembre 2002, à l'hôpital
général de Rangoon. Depuis cette date, le journaliste
séjourne dans l'une des chambres, d'environ quinze mètres
carrés, aménagées pour les prisonniers
politiques dans les sous-sols de l'établissement. Un
médecin examine tous les jours le journaliste qui reçoit
les médicaments appropriés à son état
de santé. Le 5 février dernier, Win Tin a reçu
la visite de la délégation d'Amnesty International,
pour la première fois en mission d'enquête en Birmanie
à l'invitation de la junte militaire. Le journaliste
et les représentants de l'organisation ont pu s'entretenir
pendant plus d'une heure. La délégation d'Amnesty
International a affirmé à son retour en Europe
que le moral du journaliste était excellent et son état
de santé raisonnablement bon. Win Tin souffre néanmoins
toujours de problèmes urinaires. Ancien rédacteur
en chef du quotidien Hanthawadi et vice-président de
l^(1)Association des écrivains de Birmanie, Win Tin est
détenu depuis le 4 juillet 1989. Il a été
condamné à une peine totale de vingt ans de détention,
notamment pour avoir adressé au rapporteur des Nations
unies pour la Birmanie un document contenant des informations
sur les conditions de détention et les mauvais traitements
infligés aux détenus de la prison d'Insein.
|