Birmanie>Net Hebdo n° 25
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie


Sommaire


Explosion à Rangoun pour la Journée des forces armées: deux morts, un blessé
Source : AFP, 27 mars 2003 

Deux femmes ont été tuéees et un homme blessé dans une explosion survenue en plein coeur de Rangoun alors que les plus hautes autorités birmanes célébraient en fanfare la Journée des forces armées."Deux employées de la Commission du développement de la ville ont été tuées et un homme a été blessé", a annoncé un responsable de cette commission à l'AFP, précisant que l'explosion avait eu lieu près d'un bureau de téléphone du centre-ville. Une source diplomatique occidentale a confirmé la mort de deux personnes
tandis qu'un responsable du gouvernement confirmait la mort de seulement une personne. Cette explosion est survenue lors de la Journée des forces armées, commémorée le 27 mars, date anniversaire de l'appel à la résistance face à l'occupant  japonais lancé en 1945 par le général Aung San, héros de l'indépendance et père de la dirigeante de l'opposition Aung San Suu Kyi. Ce jour férié est traditionnellement marqué par un important défilé militaire des trois armes, et 7.000 hommes avaient défilé au centre de la capitale
jeudi matin au milieu d'un important dispositif de sécurité. Des témoins ont indiqué qu'un engin explosif avait été probablement placé
sous un tas d'ordure et que l'explosion ait eu lieu lorsque des enfants des rues fouillaient les déchets. Plusieurs vitres ont été brisées par le souffle. Par ailleurs, des agents de la sécurité ont découvert un engin explosif dans un parc du centre de Rangoun en matinée, a indiqué à l'AFP une source des services de sécurité, précisant que ce parc était situé en face de
l'ambassade des Etats-Unis. Il n'est pas rare que des engins de faible puissance posés par des membres de minorités ethniques explosent dans la capitale birmane, mais ces incidents ne font généralement pas de victimes. Le numéro un de la junte au pouvoir, le généralissme Than Shwe avait justement dénoncé dans son discours traditionnel du 27 mars la menace
persistante à la stabilité que représentent selon lui "certains groupes sous influence étrangère", dans une référence aux milices ethniques insurgées qui n'ont toujours pas déposé les armes. En fin de journée, c'est Aung San Suu Kyi qui a célébré cette journée symbolique de la résistance avec des membres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). "Nous sommes tous des révolutionnaires et devons être unis", a déclaré Mme Suu Kyi dans un bref discours devant 500 de ses partisans et un groupe de
diplomates. "Notre lutte contre le fascisme a été un succès en 1945. Notre combat pour la démocratie réussira de même", a-t-elle assuré.

"Yaa baa", la pilule qui rend fous les Thaïlandais
Source : AFP, 27 mars 2003

 Des laboratoires clandestins de Birmanie jusqu'au cerveau des Thaïlandais où elle provoque des lésions irréversibles, la petite pilule de "yaa baa" suit un parcours qui passe par de nombreux intermédiaires et a remplacé progressivement l'héroïne. Le yaa baa, ou "médicament qui rend fou", est au coeur depuis deux mois d'une campagne antidrogue dont le bilan vertigineux --1.900 trafiquants présumés abattus-- donne la mesure de l'inquiétude devant l'engouement qu'il suscite depuis le milieu des années 1990 en Thaïlande, premier consommateur mondial. Le yaa baaa est un redoutable psychotrope car il est à la fois une drogue de travail et de loisir et touche toutes les couches de la société, expliquent Pierre-Arnaud Chouvy et Joël Meissonnier dans "Yaa baa", un livre récemment publié par l'IRASEC, Institut de Recherche sur l'Asie du Sud-Est Contemporaine (éditions L'Harmattan). Ouvriers du bâtiment, marins, paysans, chauffeurs routiers ou de taxi absorbent cette drogue de synthèse pour faire face à des journées harassantes, étudiants à leurs examens, sportifs à leurs compétitions, et clientèle des bars et discothèques à des nuits de fête. Plusieurs avantages ont permis à la méthampéthamine de supplanter l'héroïne, selon les auteurs de "Yaa baa". La drogue "véhicule une image totalement positive" car, étant synthétique, elle apparaît comme moderne et inoffensive. Elle passe pour une "drogue du bonheur" pour le bien-être, l'énergie et la confiance qu'elle procure. La petite pilule se consomme facilement: un cachet gobé comme une aspirine, dissout dans l'eau puis bu, quand il n'est pas injecté en intraveineuse, pulvérisé puis inhalé, ou fumé. Autre attrait du yaa baa, dont il existe au moins 90 sortes: la "simplicité des techniques de production" --disponibles sur l'internet-- et son affranchissement des aléas climatiques, contrairement au pavot ou à la coca. Dernier avantage: son prix, qui n'était que d'1,5 euro (seulement 5 centimes à la production) avant de progresser de 300% sous l'effet de la campagne  antidrogue lancée au 1er février. Ainsi, quelque 800 millions de pilules ont inondé l'an dernier la Thaïlande, où près de 4 millions de personnes seraient consommatrices. Pourtant cette drogue n'est pas nouvelle. Elle a été utilisée comme antidépresseur dans les années 20 puis comme psychostimulant pendant la  deuxième guerre mondiale ou la guerre du Vietnam.  Mais le yaa baa est devenu une spécialité du Triangle d'or --Thaïlande, Birmanie, Laos-- et a bénéficié des circuits de l'héroïne, qu'il remplace progressivement en raison de sa souplesse. "La majorité de la drogue provient bel et bien de Birmanie, particulièrement
des régions contrôlées par les Wa de la UWSA", écrivent les auteurs en référence à la milice pro-Rangoun qui possède une cinquantaine de laboratoires près de la frontière. Grâce à une armées de "fourmis" souvent recrutées parmi les minorités ethniques, une "multitude d'itinéraires" et des protections auprès des militaires birmans puis de la police et de l'administration thaïlandaises, la méthamphétamine arrive dans les grands foyers de consommation. Elle sera passée par sept niveaux intermédiaires, du passeur au revendeur. Ce dernier en vend au consommateur en nombre qui excède ses besoins. Ainsi le drogué se transforme-t-il en revendeur lui-même, le trafic prospère et la drogue est disponible partout, explique "Yaa baa". Des propriétaires de bateaux de Ranong (sud) ou chefs de chantier de Bangkok
contraignent leurs marins et ouvriers à en prendre au début de leur journée de travail. Dans les campagnes, "les paysans la dissolvent parfois dans une bouteille d'eau qu'ils boivent en travaillant". Mais c'est surtout la jeunesse qui est en danger. On trouve en Thaïlande des consommateurs de sept ans, et, constatent les auteurs, "l'école est devenue l'une des principales plaques tournantes du commerce de méthamphétamine".


Des manifestants exigent que BAT quitte la Birmanie
Source : The Guardian, jeudi 27 mars 2003

 
Depuis quelques semaines, la firme anglo-Américaine British American Tobacco est l’objet d’une campagne lancée par l’ONG anglaise Burma Campaign UK. Cinquante " Kenneth Clarke " se sont rassemblés hier à Londres pour exiger que British American Tobacco ferme l’usine qu’elle possède avec le pouvoir militaire en Birmanie. Les manifestants portant un masque du vice-président de BAT ont scandé des slogans en birman, devant le siège de l’entreprise, en portant des affiches montrant des extraits d’une lettre de l’ancien chancelier à un électeur dans laquelle il se dit mal à l’aise vis-à-vis des investissements dans ce pays.
John Jackson, directeur de la Campagne Birmanie au Royaume-Uni, a déclaré : " on ne va pas laisser Ken Clarke s’en tirer comme ça. BAT collabore avec une dictature militaire. Ils financent un régime qui viole, tue et torture son peuple ".
Les manifestants de la Campagne Birmanie ont été rejoints par des représentants de Unison et des membres de la communauté Birmane, dont le moine bouddhiste U Uttara. BAT a dit : " nous comprenons et avons le plus grand respect pour ces questions des droits de l’homme. Cependant, nous ne pensons pas que la meilleure solution est de fermer les entreprises dans les pays dont le gouvernement est critiqué pour son attitude face aux droits de l’homme.  Les entreprises n’ont pas de mandat pour s’immiscer dans les domaines réservés à l’autorité politique, et ne doivent pas en avoir ".




Net Hebdo est une newsletter gratuite éditée tous les mercredis par l'association Info Birmanie.
Pour vous abonner, il vous suffit d'écrire à l'association: info-birmanie@globenet.org
Une version papier mensuelle est disponible contre 20 EUR par an.

Info Birmanie - 9 passage Dagorno - 75020 Paris - 01 44 93 93 57 - info-birmanie@globenet.org - www.birmanie.org