ObjetÊ: Birmanie> Net Hebdo n¡ 32 DateÊ: jeudi 17 juillet 2003 19:31 DeÊ: INFO BIRMANIE RŽpondre ˆÊ: info-birmanie@globenet.org ËÊ: Bir Birmanie>Net Hebdo n¡ 32 La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie Sommaire numŽro spŽcial visite de Razali Ismael a Rangoun Un birman tŽmoigne contre Total Aung San Suu Kyi dŽtenue dansla prison d'Insein, prs de Rangoun La Birmanie reste au centredes discussions de l'Asie du Sud-Est L'ASEAN interpelle la Birmanieet demande la libŽration d'Aung San Suu Kyi La Birmanie sous pression ˆPhnom Penh, et aprs? La pression internationale s'accentue sur la junte birmane Un birman tŽmoigne contre Total Le nouvel Observateur, semaine du jeudi 22 mai 2003 Htoo Chit, militant birman des droits de l'Homme "J'apporte 14 tŽmoignages contre Total" Le Nouvel Observateur: La date de votre audition par le magistrat du tribunal de Nanterre qui instruit la plainte pour "sŽquestration" dŽposŽe contre Total par deux de vos compatriotes a-t-elle ŽtŽ fixŽe ? Htoo Chit. Oui. Je serai entendu le 12 juin par le juge. Je lui indiquerai ce que je sais de la pratique du travail forcŽ dans la zone du chantier du gazoduc de Yadana, construit par Total dans le sud de la Birmanie. Et je lui remettrai les tŽmoignages des quatorze Birmans qui ont dŽcidŽ de parler. Certains sont d'anciens soldats de l'armŽe birmane dont les unitŽs ont utilisŽ ou surveillŽ des travailleurs forcŽs. D'autres ont ŽtŽ salariŽs de Total ou d'autres entreprises lors de la construction du gazoduc et sont des tŽmoins directs de l'usage du travail forcŽ... N. O. Les responsables de Total en Birmanie pouvaient-ils ignorer le recours au travail forcŽ dans la zone du gazoduc? Htoo Chit. Sauf exception, ce n'est pas ˆ la pose des tubes qu'Žtaient affectŽs les paysans raflŽs par l'armŽe. C'Žtait surtout ˆ des travaux de construction et de terrassement. Ce sont eux, par exemple, qui ont construit les casernements pour les 10000 soldats chargŽes d'assurer la sŽcuritŽ du chantier. Ce sont eux aussi qui ont amŽnagŽ cinq des six plates-formes d'hŽlicoptres qui jalonnent le couloir de sŽcuritŽ, autour du gazoduc. Il est arrivŽ que les soldats cachent la prŽsence des travailleurs forcŽs aux gens de Total en les conduisant dans la jungle lorsqu'ils entendaient un hŽlicoptre. Mais en gŽnŽral les responsables de Total Žtaient parfaitement au courant de ce qui se passait sur le terrain. La preuve, c'est qu'ils versaient de l'argent aux unitŽs de l'armŽe birmane pour rŽmunŽrer leurs services... N. O. Total affirme que sa prŽsence dans la rŽgion a apportŽ un rŽel progrs Žconomique... Htoo Chit. Ce n'est pas l'avis des organisations de dŽfense des droits de l'homme. Les Birmans qui ont ŽtŽ, au moins pendant un temps, recrutŽs par Total ont obtenu ˆ l'Žchelle locale de bons salaires. Mais ils constituent une minoritŽ. Le problme, c'est que ces bons salaires ont fait monter les prix. Un kilo de riz vaut dix fois plus cher aujourd'hui qu'en 1992. Le rŽsultat, c'est que la majoritŽ des habitants vivent beaucoup plus mal qu'avant. Et les pcheurs, trs nombreux dans la rŽgion, ont perdu leur travail ˆ cause des mesures de sŽcuritŽ. Aucune embarcation n'est autorisŽe dans une zone de 15 kilomtres qui longe la c™te et leurs bateaux sont beaucoup trop petits pour aller au-delˆ... C'est pourquoi beaucoup de gens tentent de franchir la frontire pour aller travailler en Tha•lande... Propos recueillis par RenŽ Backmann Aprs avoir participŽ aux manifestations de 1988 en faveur de la dŽmocratie, Htoo Chit, 38 ans, a d'abord rejoint un mouvement d'opposition armŽ, avant de militer pour la dŽfense des droits de l'homme et d'enquter sur les consŽquences de l'arrivŽe de Total. Clandestin depuis quinze ans, il a demandŽ ˆ la France le statut de rŽfugiŽ politique. Aung San Suu Kyi dŽtenue dans la prison d'Insein, prs de Rangoun Source: AFP, 19 juin La chef de file de l'opposition birmane, Aung San Suu Kyi, est dŽtenue dans la prison d'Insein, prs de Rangoun, la capitale, en vertu d'une loi "draconienne" qui autorise la dŽtention sans accs ˆ un avocat pendant une pŽriode allant jusqu'ˆ cinq ans, a annoncŽ jeudi le Foreign Office. "Je suis scandalisŽ d'apprendre aujourd'hui, que le jour de son 58me anniversaire, Aung San Suu Kyi est dŽtenue dans la cŽlbre prison d'Insein dans les environs de Rangoun, dans une cabane de deux pices", a dŽclarŽ Mike O'Brien, secrŽtaire d'Etat aux affaires Žtrangres, dans un communiquŽ. "Je suis particulirement inquiet d'entendre que Aung San Suu Kyi est dŽtenue en vertu de la section 10(a) de la loi sur la protection de l'Etat de 1975", poursuit M. O'Brien. "C'est la plus draconienne des lois du rŽgime militaire birman, qui autorise la dŽtention d'une personne sans accs ˆ sa famille ou ˆ des avocats pour des pŽriodes successives de 180 jours et jusqu'ˆ cinq ans, sans possibilitŽ de faire appel", a-t-il ajoutŽ. Mme Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, a ŽtŽ arrtŽe le 30 mai lors d'affrontements violents entre ses sympathisants et des ŽlŽments pro-rŽgime dans le nord de la Birmanie o elle effectuait une tournŽe politique.Les conditions de dŽtention de l'opposante "discrŽditent compltement les dŽclarations du rŽgime prŽtendant qu'elle a ŽtŽ arrtŽe pour sa protection", a soulignŽ le secrŽtaire d'Etat britannique. Il prŽcise "avoir le numŽro de tŽlŽphone de la prison" et "s'efforcer de contacter Aung San Suu Kyi". "Il est totalement inacceptable qu'elle soit dŽtenue de cette manire. J'appelle le gŽnŽralissime Than Shwe (numŽro un du rŽgime militaire birman), ˆ la libŽrer, ainsi que tous les autres prisonniers politiques", poursuit M. O'Brien. "La communautŽ internationale ne restera pas les bras croisŽs pendant que le rŽgime militaire birman poursuit ses violations des droits de l'Homme et des droits dŽmocratiques d'Aung San Suu Kyi et du peuple birman", a-t-il assurŽ. L'Union europŽenne a renforcŽ lundi ses sanctions contre la Birmanie, notamment en Žtendant la liste des responsables birmans frappŽs par une interdiction de visa. La Birmanie reste au centre des discussions de l'Asie du Sud-Est Source: AFP, 19 juin 2003 La dŽtention de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, qui a passŽ jeudi son 58e anniversaire au secret, restait au centre des prŽoccupations des pays du Sud-Est asiatique, au dernier jour des rŽunions entamŽes lundi dans la capitale cambodgienne. L'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN) rencontrait jeudi ses dix grands partenaires de dialogue: Australie, Canada, Chine, Etats-Unis, Union EuropŽenne (UE), Inde, Japon, CorŽe du Sud, Russie et Nouvelle-ZŽlande pour parler sŽcuritŽ, dŽveloppement et commerce. Mais c'est la question birmane qui dominait encore les discussions. Le Premier ministre du Cambodge Hun Sen "a dit que s'il Žtait impliquŽ personnellement dans la situation en Birmanie, non seulement il libŽrerait (Aung San Suu Kyi) en bonne santŽ, mais il organiserait des Žlections libres et Žquitables", a dit Sok An, ministre du Conseil des ministres. L'ASEAN, ˆ l'issue de deux jours de rŽunion de ses ministres des Affaires Žtrangres mardi, avait fait la dŽmarche inŽdite d'interpeller l'un des ses membres, en demandant ˆ la Birmanie de "lever rapidement" les restrictions pesant sur Mme Suu Kyi, au secret depuis le 30 mai. Dans une dŽmarche elle aussi inhabituelle, le ministre birman des Affaires Žtrangres Win Aung a donnŽ une confŽrence de presse jeudi, dans laquelle il a reconnu le dŽluge de critiques que son pays s'Žtait attirŽ avec ce nouvel accs de rŽpression. "Je les ai ŽcoutŽes toutes trs, trs sŽrieusement et j'en ai pris note trs, trs sŽrieusement", a-t-il dŽclarŽ, ajoutant qu'il les transmettrait au gouvernement militaire ˆ son retour ˆ Rangoun et que "ces points de vue seront discutŽs". "Je veux vous assurer d'une chose, c'est que nous n'abandonnerons pas notre approche vers la rŽconciliation nationale", a-t-il poursuivi au sujet du processus de rŽformes politiques auquel la junte s'est engagŽe mais qui n'a pas encore ŽtŽ lancŽ. "Nous n'abandonnerons pas notre chemin vers la dŽmocratrisation de notre pays". Concernant la libŽration de Mme Suu Kyi, ˆ l'encontre de laquelle "le rŽgime n'a pas d'animositŽ", le ministre est restŽ Žvasif: "la rŽponse n'est peut-tre pas encore trs claire". "Nous ne sommes pas brutaux. Nous avons de l'amour, de la gentillesse pour tout le monde, nous ne sommes pas sans coeur", a ajoutŽ Win Aung, "nous n'avons aucune intention de lui faire du mal". Alexander Downer, ministre australien des Affaires Žtrangres, a dit ˆ la presse que selon lui Mme Suu Kyi aurait dŽjˆ due tre libŽrŽe. "Nous voulons voir Aung San Suu Kyi libŽrŽe aujourd'hui, hier. Elle aurait du tre libŽrŽe depuis longtemps". "Que ce soit son anniversaire n'est pas la question, elle devrait tre libŽrŽe", a-t-il martelŽ. Les Etats-Unis, l'UE, le Canada et le Japon devaient tous dans leur rencontres individuelles avec l'ASEAN Žvoquer la question. Le ministre cambodgien des Affaires Žtrangres Hor Namhong avait pourtant souhaitŽ que les discussions de jeudi ne reviennent pas sur les questions abordŽes mercredi lors de la rŽunion du Forum rŽgional de l'ASEAN, dominŽe par la Birmanie et le programme nuclŽaire nord-corŽen. Mercredi le secrŽtaire d'Etat amŽricain Colin Powell avait appelŽ ˆ Phnom Penh l'ASEAN ˆ faire pression pour la libŽration du prix Nobel de la paix, arrtŽ aprs des heurts meurtriers dans le nord de la Birmanie o son convoi est apparemment tombŽ dans une embuscade tendue par des sympathisants du rŽgime. Officiellement Mme Suu Kyi, qui a dŽjˆ ŽtŽ en rŽsidence surveillŽe plus de sept ans depuis 1989, est maintenue au secret depuis trois semaines pour "assurer sa protection". Les discussions post-ministŽrielles de l'ASEAN concluent les rŽunions de l'ASEAN ouvertes lundi. L'association comprend, outre la Birmanie, Brunei, le Cambodge, l'IndonŽsie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Tha•lande et le Vietnam. L'ASEAN interpelle la Birmanie et demande la libŽration d'Aung San Suu Kyi Source: AFP, 17 juin 2003 Les chefs de la diplomatie d'Asie du Sud-Est ont achevŽ mardi leur rencontre annuelle par une dŽclaration exceptionnelle qui interpelle l'un des leurs, la Birmanie, appelŽe ˆ libŽrer rapidement l'opposante Aung San Suu Kyi. Avec l'accs de rŽpression en Birmanie, l'ASEAN, sous fortes pressions occidentales et particulirement amŽricaines, a fait l'impensable jusqu'ici: montrer du doigt l'un des siens. L'ASEAN n'avait jamais auparavant fait de commentaires sur la situation intŽrieure de l'un de ses membres, au nom du sacro-saint principe de non-ingŽrence qui la gouverne depuis sa crŽation ˆ la fin des annŽes 60. La question a fait l'objet de vifs et longs dŽbats, poussant sur la touche d'autres sujets importants comme le programme nuclŽaire nord-corŽen. Dans son communiquŽ final, l'ASEAN explique qu'elle "attend avec impatience la levŽe des restrictions ˆ l'encontre d'Aung San Suu Kyi et des membres" de son parti et "accueille favorablement les assurances fournies par la Birmanie selon laquelle les mesures prises (contre l'opposition) Žtaient temporaires". L'opposante est maintenue au secret par le gouvernement militaire --officiellement "pour sa protection"-- depuis des violences meurtrires survenues le 30 mai, lorsque son convoi est tombŽ dans une embuscade tendue par des ŽlŽments du rŽgime, dans le nord birman. L'ASEAN "appelle instamment la Birmanie ˆ reprendre ses efforts en vue de la rŽconciliation nationale et le dialogue entre les parties concernŽes en vue d'une transition pacifique vers la dŽmocratie". L'envoyŽ spŽcial de l'ONU, le Malaisien Razali Ismail, a permis l'ouverture de discussions de "rŽconciliation nationale" fin 2000 dans le pays gouvernŽ par les militaires depuis quatre dŽcennies. Mais ces discussions devaient dŽboucher sur un vrai dialogue politique qui n'a toujours pas ŽtŽ ouvert. L'ASEAN a , sur une proposition indonŽsienne, dŽcidŽ "en principe, d'envoyer une mission de haut niveau" en Birmanie, a dŽclarŽ le ministre philippin Blas Ople, prŽcisant qu'ˆ ce stade Rangoun n'avait pas donnŽ son accord. La mission de cette dŽlŽgation, qui devrait voir les gŽnŽraux comme Mme Suu Kyi, est de "voir comment l'ASEAN peut aider la Birmanie ˆ accŽlŽrer les rŽformes" politiques, a prŽcisŽ le ministre. L'arrestation de Mme Suu Kyi a soulevŽ une avalanche de protestations dans le monde. Les Etats-Unis et l'Union europŽenne ont dŽjˆ durci leurs sanctions et le Japon a menacŽ de suspendre son aide Žconomique. L'ASEAN a trs nettement durci sa position depuis lundi: un projet initial de communiquŽ faisait simplement Žtat de sa "reconnaissance" sur les informations fournies par le ministre des Affaires Žtrangres Win Aung concernant "l'incident" du 30 mai. Mais le secrŽtaire d'Etat amŽricain Colin Powell, qui doit prendre part mercredi ˆ Phnom Penh ˆ des discussions du Forum rŽgional de l'ASEAN (FRA), avait averti qu'il ferait pression sur l'ASEAN pour qu'elle agisse fermement auprs de Rangoun. L'ASEAN regroupe, outre la Birmanie, Brunei, le Cambodge, l'IndonŽsie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Tha•lande et le Vietnam. L'Association a aussi rŽaffirmŽ dans son communiquŽ final son "soutien continu" ˆ M. Razali, qui s'est rendu au dŽbut du mois ˆ Rangoun et a pu obtenir l'autorisation de voir l'opposante, dont il avait assurŽ qu'elle "allait bien". Concernant le terrorisme, l'ASEAN a rŽaffirmŽ "le besoin de s'attaquer ˆ (ses) racines" de mme que "sa dŽtermination ˆ coopŽrer Žtroitement avec la communautŽ internationale". Cette question devrait tre l'un des thmes dominants des rŽunions du FRA, o M. Powell martlera le message de la nŽcessitŽ d'une lutte sans merci contre le terrorisme qui, huit mois aprs l'attentat de Bali, reprŽsente une rŽelle menace pour la rŽgion. Des dizaines de membres prŽsumŽs du rŽseau rŽgional de la Jamaah Islamiyah ont ŽtŽ arrtŽs en Malaisie, ˆ Singapour, aux Philippines, au Cambodge et en Tha•lande. La Birmanie sous pression ˆ Phnom Penh, et aprs? Source: AFP, 20 juin 2003 Le ministre birman des Affaires Žtrangres Win Aung a comparŽ sa position cette semaine ˆ Phnom Penh ˆ celle de la cible de flŽchettes, mais, pour les analystes, il est probable qu'aucune des flŽchettes n'aura touchŽ le mille. Win Aung, qui ne dŽtient aucun pouvoir, rentre ˆ Rangoun aprs avoir "pris note trs, trs sŽrieusement" du dŽluge de critiques adressŽes toute la semaine ˆ son pays suite ˆ l'arrestation de l'opposante Aung San Suu Kyi, et qu'il va transmettre aux trois gŽnŽraux plus ou moins coupŽs du monde qui tiennent le pays paria. La Birmanie a contre son grŽ ŽtŽ sous les projecteurs de l'actualitŽ aux rŽunions depuis lundi de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), Žlargies ensuite ˆ celles du Forum rŽgional de l'ASEAN (FRA) qui comprend Etats-Unis, Union europŽenne, Russie et Chine. A l'heure o les Etats-Unis et l'Union europŽenne ont dŽjˆ renforcŽ leurs sanctions et le Japon menace de suspendre son assistance Žconomique, Rangoun n'avait pas ŽtŽ la cible d'autant de pressions depuis des annŽes. Fait sans prŽcŽdent, l'ASEAN --largement encouragŽe par Washington et les EuropŽens-- a fait une entorse au principe cardinal de non-ingŽrence en appelant dans son communiquŽ final la Birmanie, l'un des siens, ˆ "lever rapidement les restrictions" pesant contre Mme Suu Kyi, au secret depuis le 30 mai. Puis c'est le secrŽtaire d'Etat amŽricain Colin Powell qui a, mercredi, dŽnoncŽ les "actes mŽprisables" du gouvernement militaire et appelŽ les 22 autres pays du FRA ˆ "dire aux dirigeants birmans de libŽrer Aung San Suu Kyi". "Les gens de l'ASEAN se sont rendus compte que la Birmanie n'est plus prŽsentable du tout", estime un diplomate ˆ Phnom Penh. "Puisque la mŽthode du club ASEAN n'a pas fonctionnŽ, le club a donnŽ une sanction ˆ l'un de ses membres". Mais quant aux effets de ces condamnations, Rangoun a dŽjˆ prouvŽ une grande impermŽabilitŽ aux critiques, fussent-elles virulentes et planŽtaires. "C'est trs bien qu'ils l'aient fait, c'est un tournant", note un diplomate joint ˆ Rangoun ˆ propos de l'appel de l'ASEAN mais "pour l'effet, ils sont totalement imprŽvisibles". "Il n'y a aucun signe de libŽration imminente de Suu Kyi", ajoute-t-il. Londres a annoncŽ jeudi que le prix Nobel de la paix Žtait dŽtenu "dans une cabane de deux pices" de la prison d'Insein, prs de Rangoun, en vertu d'une loi "draconienne" qui autorise une dŽtention administrative pouvant aller jusqu'ˆ cinq ans. Des rŽvŽlations qui, vu l'image particulirement sinistre attachŽe ˆ Insein, "apportent encore de l'eau au moulin" contre Rangoun, selon un analyste joint dans la capitale birmane. "S'ils Žtaient sensibles aux pressions, ils la libŽreraient ces jours-ci", indiquait un diplomate ˆ Phnom Penh. Mais Win Aung n'a pas donnŽ l'impression que les gŽnŽraux se prŽcipiteraient. "Nous voulons un retour ˆ la normale", a-t-il expliquŽ jeudi ˆ la BBC. "Ca veut dire ˆ la vie avant le 30 mai", a-t-il dit en rŽfŽrence aux heurts entre des membres du parti de Mme Suu Kyi et des ŽlŽments pro-junte ˆ l'issue desquels elle a ŽtŽ arrtŽe. "Mais d'abord il faut que la situation s'Žclaircisse". Confirmant sentir lui aussi "zŽro signe" d'une libŽration rapide de Mme Suu Kyi, l'analyste de Rangoun estime que les gŽnŽraux, surpris par l'ampleur des rŽactions, "sont dŽsemparŽs". "S'ils la librent, elle va demander justice, comme elle l'a expliquŽ ˆ Razali" Ismail, envoyŽ spŽcial de l'ONU qui l'a brivement rencontrŽe dŽbut juin. "Mais ce sera une situation de confrontation, et ils ne veulent pas de a". "Ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire", dit-il. L'espoir rŽside dŽsormais dans le fait que les pressions sur Rangoun ne vont pas s'arrter lˆ. "Ce n'est qu'un dŽbut de la part de la communautŽ internationale", note l'analyste, pour qui de plus de pays poussent pour que "le cas de la Birmanie aille devant le Conseil de sŽcuritŽ" de l'ONU. La pression internationale s'accentue sur la junte birmane Source: Associated Press La pression internationale s'accentue sur la junte au pouvoir ˆ Rangoon, qui refuse de libŽrer la dissidente Aung San Suu Kyi, emprisonnŽe depuis le 30 mai dernier. Le Japon a ainsi gelŽ mercredi toute aide financire ˆ la Birmanie, dont l'ambassadeur ˆ Paris a ŽtŽ convoquŽ au ministre franais des Affaires Žtrangres. Ce gel "sera rŽexaminŽ si Mme Suu Kyi est libŽrŽe", a prŽcisŽ mercredi ˆ l'Associated Press Kojiro Matsumoto, un haut fonctionnaire du ministre nippon des Affaires Žtrangres. Cette mesure est significative du durcissement de la position internationale, le Japon Žtant l'un des rares pays dŽveloppŽs ˆ avoir conservŽ des contacts directs avec la junte pour l'inciter ˆ dialoguer avec l'opposition. C'est Žgalement le principal pays bailleur de fonds de la Birmanie, avec une aide de 9,2 milliards de yens (67,8 millions de dollars) en 2001. Deux jours avant la suspension du financement japonais, le vice-ministre nippon des Affaires Žtrangres Tetsuro Yano et le No3 de la junte, le gŽnŽral Khin Nyunt, s'Žtaient rencontrŽs ˆ Rangoon. Tokyo avait alors brandi la menace de gel de l'aide, sans rŽsultat. La junte dŽtient l'opposante ‰gŽe de 58 ans dans un lieu gardŽ secret "pour sa propre protection" aprs les violences de mai. Selon le gouvernement britannique, elle est emprisonnŽe dans la tristement cŽlbre prison d'Insein, prs de la capitale, o de nombreux opposants ont dŽjˆ ŽtŽ dŽtenus. La Birmanie a de nouveau dŽmenti mercredi qu'elle s'y trouvait. Paralllement, la France, qui a fait part de ses "vives inquiŽtudes", rŽclame toujours "avec force" la fin de la "rŽtention de protection" de la prŽsidente de la Ligue nationale pour la dŽmocratie (LND). Elle a demandŽ mercredi sa libŽration ainsi que celle de toutes les personnes arrtŽes ou assignŽes ˆ rŽsidence depuis les incidents du 30 mai dans le nord de la Birmanie. La France a d'ailleurs averti mardi l'ambassadeur birman ˆ Paris WannaMaung Lwin qu'elle avait invitŽ Mme Suu Kyi et les 15 membres du conseil exŽcutif de la LND ˆ la rŽception donnŽe ˆ l'ambassade de France pour la fte nationale franaise du 14 juillet. A ce titre, "nous comptons sur les autoritŽs birmanes (...) pour qu'elles ne fassent pas obstacle ˆ leur venue", a dŽclarŽ le porte-parole du Quai d'Orsay HervŽ Ladsous. Paris demande aussi la rŽouverture des permanences de la LND et d'"un dialogue de substance avec l'opposition dŽmocratique", ainsi qu'un libre accs du corps diplomatique ˆ la laurŽate du prix Nobel de la Paix. En se raidissant, le Japon se rapproche des positions des Etats-Unis et de l'Union europŽenne, notamment la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, qui ont dŽjˆ imposŽ des sanctions pour tenter d'obtenir la libŽration d'Aung San Suu Kyi. Le seul Žtranger ˆ avoir pu rencontrer la prŽsidente de la LND est l'envoyŽ spŽcial de l'ONU Razali Isma•l, qui l'a vue le 10 juin. Il a rendu comte de cette visite mercredi ˆ la ministre japonaise des Affaires Žtrangres Yoriko Kawaguchi. Selon M. Razali, qui accompagnait les efforts de rŽconciliation nationale lancŽs fin 2000, Aung San Suu Kyi n'Žtait pas blessŽe et avait bon moral. Le ComitŽ international de la Croix-Rouge (CICR) a pour sa part rendu visite mardi au vice-prŽsident de la LND, Tin U, qui est aussi en bonne santŽ. Selon la junte birmane, les accrochages du 30 mai ont ŽtŽ provoquŽs par des membres de la LND et ont fait quatre morts, mais des dissidents parlent de 70 morts. Le gŽnŽral Khin Nyunt a assurŽ lundi que "tous les efforts seraient faits pour trouver une solution ˆ la situation aussi rapidement que possible". Net Hebdo est une newsletter gratuite ŽditŽe tous les mercredis par l'association Info Birmanie. 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