Edito
La libération d'Aung San Suu Kyi, il y a prés d'un an et demi, fut saluée
comme une victoire par l'ensemble de la communauté internationale. L'espoir
suscité par l'ouverture d' un dialogue entre les généraux et le prix Nobel
de la paix, provoqué par l'envoyé spécial des Nations Unies, M. Razali Ismael,
était cependant très modéré. En effet, les militaires birmans n'apparaissaient
à personne comme réellement désireux de partager le pouvoir ni meme d'aider
à une quelquonque amélioration des conditions de vie de leur peuple. La plupart
des pays maintinrent une certaine pression sur le régime, ce qui donna à
Aung San Suu Kyi la liberté de se déplacer dans le pays pour y tenir des
meetings et permit de petits progrés au quotidien pour la population ( comme
le dit la dame elle-meme, la Birmanie est comme un lac gelée: meme si à la
surface rien ne semble évoluer, la vie se developpe sous la glace et change
de jour en jour). Par exemple, la radio Democratic Voice of Burma, dont les
informations sont régulièrement utilisées dans Net Hebdo, commença à réaliser
des interviews par telephone à l'interieur du pays sans que celles ou ceux
qui y avaient répondu ne soient inquiétés. Malheureusement, dés la fin de
l'automne, profitant d'un certain relachement de la fameuse pression internationale
après quelques mois, le Bangladesh, puis l'Inde, puis la Thailande recommencèrent
discrètement à faire des affaires avec la junte. Dés lors, un net durcissement
s'engagea, notamment du fait de l'USDA, une association-milice à la solde
des militaires. Des membres de l'USDA commencèrent à perturber les meetings
politiques, à dissuader les birmans d'aller à la rencontre d'Aung San Suu
Kyi et à empecher les membres de la NLD, son parti, de se réunir et d'avoir
quelque activité politique que ce soit. Dans le meme temps, les birmans réfugiés
en Thailande et au Bangladesh virent leurs conditions se dégrader très rapidement.
Malgré tout, des foules immenses, réunissant plusieurs dizaines de milliers
de personnes, ne cessaient de se rassembler dans toutes les villes visitées
par Aung San Suu Kyi.Le constat etait très clair pour les généraux: loin
d'avoir été oubliée par les birmans, ce qu'ils esperaient assez naivement,
la secretaire générale de la NLD jouissait d'un soutien populaire intact.
La réponse fut à leur image: la repression s'accentua, poussant finalement
le prix Nobel de la paix à critiquer ouvertement la junte, et ce pour la
première fois, en déclarant: "Nous avons été poussés à mettre en doute l'intégrité
du SPDC et sa sincérité dans l'accomplissement de la réconciliation nationale.
J'en suis arrivée à la conclusion que le SPDC n'est pas intéressé par la
réconciliation nationale. La réconcilation nationale c'est le changement.
Ils ne veulent pas le changement, mais le changement est inévitable". Un
mois plus tard, le 30 mai, elle devait etre arrétée pour la troisième fois
depuis 1989, et plusieurs dizaines de ses supporters tués ou bléssés lors
d'une attaque d'une sauvagerie rare. On sait quel tollé international s'ensuivit
et comment le monde fut scandalisé de rester plus d'une semaine sans nouvelles
d'un prix Nobel de la paix unanimement reconnu pour son combat pour la démocratie
(cf. les numéros precedents de Net Hebdo). Pour la première fois dans l'histoire
de cette institution, les membres de l'ASEAN condamnèrent l'un des leurs,
les Etats-Unis et l'Union Européenne renforcèrent leurs sanctions, le Japon
suspendit le versement de l'aide au developpement. Mais au-delà de cette
radicalisation dans la mise au ban des Nations, les attitudes vis à vis de
la junte sont très diverses. Le Bangladesh, l'Inde et la Chine soutiennent
que la crise actuelle est un problème interne qui ne regarde que les birmans.
La Thailande, tiraillée entre la raison ( à cause de la dictature, plus d'un
million de birmans se sont refugiés sur son sol, le Yaa-ba, drogue chimique
issue du pavot birman, est devenu l'un des principaux problème de santé publique
du royaume, la frontière est contamment le théatre de combats, …) et les affaires,
garde plus que jamais une position ambiguë, condamnant l'arrestation d'Aung
San Suu Kyi et proposant la mise en place d'une feuille de route tout en
réprimant l'opposition birmane et en durcissant les conditions de vie des
travailleurs migrants. D'autres pays de l'ASEAN, comme l'Indonésie, la Malaisie
et les Philippines, semblent determinés à pousser les militaires birmans
à changer, les menaçants purement et simplement d'exclure la Birmanie de
l'ASEAN. Il faut dire que la perspective d'une présidence birmane prévue pour
2006 n'est pas la meilleure dont puissent rever les autres membres de cette
organisation…Le Japon , quant à lui, à gelé jusqu'à nouvel ordre l'aide publique
au developpement qu'il accordait au pays, et qui representait une véritable
manne pour les généraux. Les Etats-Unis ont été encore plus loin en gelant
les avoirs de tous les proches du pouvoir et en interdisant toute importation
en provenance de Birmanie (ce qui n'empeche pas Unocal d'etre sur le point
d'investir de nouveaux fonds dans le projet Yadana dont Total est le principal
partenaire). Contrairement à ce qui est frequemment retorqué à ceux qui,
comme nous, soutiennent l'idée d'un boycott, il semblerait bien que cette
stratégie se révéle payante. Comme nous l'ont confirmé plusieurs témoins
occidentaux s'etant rendus recemment en Birmanie, la pression s'accentue sur
ceux qui bénéficient du régime en place, sans que la population ne souffre
plus que depuis l'arrivée au pouvoir des militaires, en 1962. Encore faudrait-il
que l'Union Européenne fasse de meme. Malheureusement, autant la dénonciation
du régime birman est très claire, autant les actes ne sont pas à la hauteur
de l'enjeu. Comment se satisfaire d'interdire de visas une oligarchie prédatrice
et criminelle ? Comment supporter que privée de dollars, celle-ci se tourne
vers l'euro ? Les signes montrant que la junte est sensible à la pression
ne manquent pourtant pas. A commencer par les gesticulations de palais qui
ont agité Rangoun recemment. D'abord annoncé limogé, Khin Nyunt, n°3 du régime,
est devenu Premier Ministre, sans que l'on arrive très bien à savoir quelle
signification donner à cette promotion. Une seule chose est sure: les généraux
birmans modifient régulièrement leur propre organigramme (la dernière refonte
ne datait que de fevrier 2002), sans que cela n'affecte leur mainmise sur
le pays. En somme, on serait tentés de croire à une volonté d'améliorer l'image
(Khin Nyunt est souvent vu comme plus moderé que Than Shwe) sans changer sur
le fond. Pour ajouter à la confusion, la déclaration américaine selon laquelle
Aung San Suu Kyi aurait entammé une greve de la faim, depuis dementie par
la croix-rouge, ne nous permet d'avoir une vision qu'assez floue de la réalité
de la situation. Mais nous restent malgré tout un certain nombre d'elements:
les morts dues aux mines antipersonelles ont doublé en 2002, l'armée continue
à tuer, violer, emprisonner, torturer, recruter de force (notamment des enfants),
deloger, recourir au travail forcé, requisitionner, detruire, etc… Et Aung
San Suu Kyi est enfermée dans un lieu inconnu.
Mael Raynaud
Le CICR a rendu visite à
Aung San Suu Kyi
Source:AFP, 6 septembre 2003
Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a pu constater samedi
qu'Aung San Suu Kyi s'alimentait et qu'elle allait "bien", lors d'une visite
autorisée par la junte pour couper court aux allégations des Etats-Unis sur
une grève de la faim de l'opposante. Sous pression américaine depuis une
semaine, le régime militaire birman a émis un communiqué pour faire état
de cette visite, demandée sans succès depuis plus d'un mois par le CICR.
"Cet après-midi, le CICR a rendu visite à Madame Aung San Suu Kyi pour lui
apporter un message de sa famille", annonce le texte. "Le CICR a trouvé qu'elle
allait bien et a vu qu'elle n'observait pas une grève de la faim comme l'ont
affirmé certains", dit-il en référence aux Etats-Unis. Le département d'Etat
américain a affirmé trois fois au cours de la semaine écoulée que la dirigeante
de l'opposition avait cessé de s'alimenter pour protester contre sa détention
au secret. Rangoun avait catégoriquement démenti. Le CICR a confirmé à l'AFP
les informations du communiqué officiel birman. "Nous pouvons simplement
confirmer ce qui était dans le communiqué de presse", a indiqué Jean-Pascal
Moret, chargé de la communication du CICR à Rangoun, expliquant "ne pas pouvoir
en dire plus que ce qui est dit dans ce message". Deux membres de la délégation
du CICR de Rangoun ont rendu visite à Mme Suu Kyi et "la rencontre a duré
environ une heure", a-t-il seulement précisé. On ignore si elle s'est déroulée
dans le lieu, qui n'a jamais été révélé, où Mme Suu Kyi est détenue. Ni
l'ONU, ni son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), n'avaient
été en mesure de confirmer l'annonce choc américaine d'une grève de la faim,
accueillie avec scepticisme par les analystes à Rangoun et contredite par
la Thaïlande. Certains avaient avancé que l'allégation américaine avait pour
but de mettre la junte sous pression et la pousser à autoriser enfin des
sources indépendantes à rendre visite à Mme Suu Kyi, dont l'état de santé
était l'objet d'une inquiétude croissante dans le monde. L'annonce d'une
grève de la faim par Washington avait déclenché des réactions de profonde
préoccupation de l'ONU, de l'Union européenne ainsi que de plusieurs pays
occidentaux. Jeudi, Washington avait mis Rangoun au défi de libérer l'opposante
pour prouver qu'elle ne poursuivait pas une grève de la faim. "Je crois
que le gouvernement se demandait sérieusement comment il pourrait
apporter un démenti, et c'est pour cela qu'il a autorisé l'accès" à
Mme Suu Kyi, a déclaré un diplomate asiatique contacté à Rangoun.
"C'est une bonne chose", s'est-il félicité, souhaitant que la junte "continue
d'autoriser des visites d'organisations internationales à Mme Suu Kyi". On
est loin toutefois de voir satisfaite l'exigence, réitérée maintes fois, par
les pays occidentaux et ceux de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est
(Asean) d'une libération de Mme Suu Kyi. Aucune source indépendante n'avait
vu le prix Nobel de la paix, une frêle femme de 58 ans, depuis le 28 juillet,
date d'une première visite du CICR, qui avait alors estimé qu'elle se portait
bien. "Depuis la visite du CICR et de (l'envoyé spécial de l'ONU) Razali (Ismail),
personne n'avait d'information sur son état. Cela (la visite de samedi) nous
permet au moins (...) de savoir qu'elle va bien", a déclaré Sunai Phasuk
de Forum Asia, organisation de défense des droits de l'Homme basée à Bangkok.
M. Razali --homme-clé de l'ouverture de discussions historiques entre Mme
Suu Kyi et la junte fin 2000 qui ont depuis capoté-- tente de revenir à Rangoun
à la mi-septembre, à la condition expresse de pouvoir y revoir l'opposante.
Mme Suu Kyi est au secret depuis le 30 mai, date de heurts meurtriers entre
ses partisans et ceux de la junte qui ont apparemment tendu une embuscade
à son convoi, lors d'une tournée politique dans le nord du pays.
Les Etats-Unis prennent
de nouvelles sanctions contre la Birmanie
Source: Voice Of America, 1er septembre 2003
Les Etats-Unis ont imposé de nouvelles sanctions économiques à l'encontre
de la Birmanie et quelques hommes d’affaires disent qu’elles ont déjà provoqué
la fermeture de plusieurs usines de textile. Le but de ces sanctions économiques
est de faire pression sur le gouvernement militaire pour qu’il relâche la
leader de l’opposition démocratique, Aung San Suu Kyi. Ces nouvelles sanctions
empêcheront le gouvernement militaire d’accéder au dollar, monnaie forte
dont il a besoin. Depuis le 28 Août, les Etats-Unis ont interdit toutes importations
en provenance de Birmanie et ont gelé tout soutien financier. Le marché américain
représente environ 25% des exportations officielles de la Birmanie. En 2002,
les exportations de textile et de chaussures vers les Etats-Unis valaient
350 millions de dollars. Selon les hommes d’affaire de Rangoon, les sanctions
ont déjà commencé à nuire. Dans les semaines précédant la mise en œuvre
effective des sanctions, les consignes américaines se faisaient déjà sentir.
Par voie de conséquence, un tiers des 300 entreprises birmanes de textile
et de vêtement ont fermé, laissant derrière elles 10 000 sans – emploi,
dont majoritairement des jeunes femmes. L'ONG ALTSEAN Burma appelle toujours
plus de pays à soutenir les mesures américaines. Selon la porte-parole du
groupe, Debbie Stothard, cet embargo coupera ainsi l’accès à la monnaie américaine
nécessaire pour le commerce international. " Les sanctions sont résolument
dures. Ce n’est pas uniquement l’embargo sur les importations des Etats
– Unis qui les met à mal, mais aussi l’embargo sur les versements de dollars
américains qui se dessine à travers les comptes américains. " a t-elle dit.
" Cela signifie que le régime devient petit à petit à court de dollars américains.
" Ces sanctions s’ajoutent aux précédentes, mises en œuvre il y a des années,
après que le gouvernement militaire ait sévi contre les militants démocrates.
Ces nouvelles mesures viennent, quant à elles, en réponse à l’arrestation
en Mai de la leader de l’opposition Aung San Suu Kyi par le gouvernement.
Selon Madame Stothart, le remaniement récent du gouvernement, avec la nomination
du chef des renseignements secrets Khin Nyunt comme premier ministre, avait
pour but de limiter les conséquences négatives des sanctions. Selon le premier
ministre Khin Nyunt, cette pression extérieure n’aura pour seul effet que
d’éloigner encore plus la Birmanie de la démocratie. Diffusé par les médias
d’état, le gouvernement a déclaré que les sanctions nourriraient la haine
et le conflit international. De nombreux gouvernements s’opposent pourtant
à la position américaine. Selon le ministre des Affaires Etrangères Thaïlandais,
Surakiart Sathirathai, ces sanctions ne toucheront que la population ordinaire
: " Nous ne sommes pas d’accords avec les sanctions. Et nous l’avons réaffirmé
de nombreuses fois parce qu’elles ne mènent pas à la démocratie. " " Les
sanctions rendent la vie plus dure aux plus pauvres, nous avons une approche
différente, nous n’adhérons pas aux sanctions. " Mr Surakiart précise qu’il
y a déjà plus d’un million de réfugiés birmans en Thaïlande, et que si les
sanctions se durcissent, plus encore chercheront à traverser la frontière
pour venir trouver un emploi.
La Birmanie se met à l’euro
!
Source: Irrawaddy, 29 aout 2003
Depuis la mise en œuvre, hier, des sanctions américaines sur la Birmanie,
les hommes d’affaire de Rangoon ont commencé à ouvrir des comptes en euro
à la Myanmar Foreign Trade Bank (MFTB), leur permettant de contourner tout
problème de transaction, (selon une source en place à Rangoon). Depuis la
ratification par le président américain G.W.Bush de " la feuille de sanction
" le 29 Juillet, les banques étrangères refusent les Lettres de Crédit provenant
des institutions financières birmanes – changement qui a eu un impact immédiat
sur les exportations et importations en Birmanie. " Depuis que les transactions
ne peuvent plus s’effectuer en dollars américains, les autorités cherchaient
un moyen de modifier le système de change. " explique un économiste de Rangoon.
" Elles avaient émis l’idée d’utiliser soit la monnaie chinoise, soit l’euro,
soit le bath thaïlandais comme un substitut au dollar. " " Aujourd’hui l’euro
apparaît comme la meilleure monnaie alternative". " Nous sommes tous en train
d’en tester la couleur " dit Aung Lwin, un homme d’affaire de Rangoon. "
J’ai ouvert un compte avec 100 euros à la MFTB. D’autant que je sache, personne
n’a encore commencé à utiliser son compte en euro pour effectuer des transactions
– donc pour l’heure, personne ne sait comment ça va marcher. " De nombreux
experts redoutent que ce passage, du dollar américain à l’euro, ne se fasse
pas en douceur. L’euro n’est pas aussi internationalisé que le dollar, et
doit lui-même être converti en dollars dans la plupart des transactions.
Les analystes financiers à Rangoon pensent que la majorité des banques étrangères
demandera entre 5 et 7 % pour convertir les fonds en euro. Un économiste
birman basé à Singapour, le Dr Maung Kyi, pense que le " plan euro " de la
junte va échouer. " Au prix du change vient s’ajouter d’autres coûts, le
prix des importations va augmenter et les bénéfices des exportations va diminuer.
" De plus, certains analystes économiques soulignent le fait que l’euro a
tendance à plus fluctuer que le billet vert. Un autre souci des membres du
cercle des hommes d’affaire de Rangoon, est la mesure dans laquelle la valeur
du Burmese Foreign Exchange Certificates (FEC) va être touchée, compte tenu
de son indexation au dollar. Parallèlement, la Chine s’est proposée d’aider
les industries d’export voisines de la Birmanie selon des sources gravitant
dans le monde des affaires. " Je pense que la Chine va offrir régulièrement
des prêts et son aide " explique un autre économiste pour ajouter ensuite
: " Mais la Chine ne soutiendra pas les agents de commerce en Birmanie avec
des Lettres de Crédit ou en facilitant les transactions financières. "
Jakarta demande la libération
de Suu Kyi avant le sommet de l’ASEAN.
Source: Financial Times, 10 septembre 2003
L’Indonésie a demandé hier à la junte militaire birmane de libérer la
leader de l’opposition Aung San Suu Kyi, avant la réunion des dirigeants
des pays du Sud Est asiatiques à Bali le mois prochain. L’Indonésie, qui
assume actuellement la présidence de l’ASEAN ( Association des Nations du
Sud Est Asiatique), semble de plus en plus impatiente d’obtenir la libération
de Madame Suu Kyi. Jakarta est inquiète car si Madame Suu Kyi n’est pas libérée
avant le sommet de l’ASEAN, qui se déroulera les 7-8 Octobre à Bali, la
détention du Prix Nobel de la Paix occultera probablement la réunion annuelle
du groupe, alors qu’elle a déjà été le centre des discussions au mois de
Juin lors d’une réunion interministérielle au Cambodge. " Pour le gouvernement
indonésien, la libération d’Aung San Suu Kyi ne peut plus être à nouveau
retardée. " selon le ministre des Affaires Etrangères Hasan Wirayuda s’exprimant
devant le Parlement à Jakarta, hier. La Birmanie est maintenue sous forte
pression depuis l’attaque du convoi de Madame Suu Kyi le 30 Mai dernier,
par des partisans du gouvernement armés de barres de fer. Cette attaque
et la détention ultérieure en un lieu sercret de Aung San Suu Kyi, brise
l’illusion d’un dialogue, mené par l’agent des Nations Unies, vers la fin
de 40 ans de dictature militaire en Birmanie Rangoon peine à justifier la
détention de Madame Suu Kyi, et prétexte le fait que les partisans politiques
de Suu Kyi complotaient le renversement de leur gouvernement. Mais les pays
voisins sont de plus en plus exaspérés par les explications de la junte ainsi
que par le trouble que cause la Birmanie pour l’ASEAN, ce qui ne fait qu’encourager
sa condamnation par ses anciens amis fiables tels que l’Indonésie, la Malaisie
et le Japon. Pendant ce temps, la junte birmane a déclaré qu’elle avait nommé
quatre anciens officiers militaires et un juge peu connu pour superviser
la rédaction du projet d’une nouvelle constitution, considérant qu’elle
remplit ainsi ses engagements, comme pour persuader un monde sceptique que
le pays est sur le chemin d’élections justes et libres. Razali Ismail, l’envoyé
spécial des Nations Unies pour la Birmanie, a déclaré qu’il fallait laisser
une chance à la junte de remplir sa promesse de la semaine dernière, selon
laquelle elle allait établir ce qu’elle appelle " une démocratie disciplinée
" dans le pays. Mais les critiques disent que l’on ne peut accorder que
très peu de crédibilité au discours démocrate du régime tant que Suu Kyi
n’est pas libérée.
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