Edito
Comme nous le disions dans le precedent numéro de Net Hebdo, la junte
birmane ne s'est montré capable de réagir à la pression internationale que
par des gesticulations de palais. En effet, aucun progrés notable n'est
à enregistrer. Meme si Khin Nyunt, nommé Premier Ministre, s'est fendu d'un
long discours d'investiture dans lequel il faisait part d'une feuille de
route qui permettrait à la Birmanie de se diriger résolument vers la démocratie,
aucune date ou calendrier n'ont été avancées, et Aung San Suu Kyi n'a été
évoquée que comme une fauteuse de trouble. On ne peut pas dire que ce soit
là un très bon signe. Pendant ce temps là, les affaires continuent, puisqu'
Unocal, pourtant en procés pour complicité de crime contre l'humanité à
Los Angeles, dans un pays qui interdit désormais les importations en provenance
de Birmanie, décide d'investir à nouveau dans le projet Yadana, mené par
Total. De l'autre coté de la frontière, en Thailande, les travailleurs birmans,
qui ont fui la dictature, sont plus que jamais dans une situation alarmante.
Depuis le milieu des années 90, les meurtres et les viols de birmanes et
de birmans sont devenus tellement banals que l'on dit qu'une vie birmane
vaut deux pneux, puisque c'est placés entre deux pneux usagés que l'on brule
les corps des victimes. Travailleurs desireux d'etre payés éliminés par
des patrons moins que scrupuleux, victimes du racisme universel des "locaux"
contre les nouveaux arrivants ou jeunes femmes payant le prix de l'indifference
du monde sur leur sort, les travailleurs migrants birmans en Thailande restent
les grands oubliés parmi les oubliés que sont les 50 milions de victimes
permanentes de la junte. Au moment où tous les yeux sont tournés vers la
communauté internationale, seule apte à favoriser une transition démocratique
en Birmanie, il est important de rappeler que la population souffre, encore
et toujours.
Il est trop tôt pour établir
un calendrier de la démocratisation
Source: AFP, 9 septembre 2003
"Il est trop tôt" pour s'engager sur un calendrier de la démocratisation
en Birmanie, a indiqué mardi la junte birmane, qui n'a pas été capable non
plus de dire si l'opposante Aung San Suu Kyi serait autorisée à participer
à l'élaboration d'une nouvelle constitution. Le nouveau Premier ministre
Khin Nyunt avait annoncé le 30 août une "feuille de route" birmane en sept
points comportant la promesse d'élections "libres et équitables" et une nouvelle
constitution élaborée par une Convention nationale. Certains pays asiatiques
avaient accueilli favorablement cette annonce mais de nombreuses voix s'étaient
élevées en Occident pour dénoncer le fait que Aung San Suu Kyi, leader incontesté
de l'opposition, n'était pas mentionnée dans le processus de démocratisation
et que celui-ci ne comprenait pas d'échéancier. La junte, sous pression
internationale pour libérer Mme Suu Kyi, au secret depuis le 30 mai, avait
paru à certains tenter de gagner du temps, une impression qui sera renforcée
par les nouvelles déclarations officielles."Il est encore trop tôt pour
annoncer un calendrier à ce stade parce que de nombreuses étapes doivent
être franchies avant même que la Convention nationale ne soit convoquée",
a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre du Travail et porte-parole
du gouvernement Tin Win ."Mais le gouvernement s'est engagé à faire de la
Birmanie une Nation paisible et développée où prévaut une démocratie authentique
et disciplinée", a assuré Tin Win, déclarant: "Nous vous informerons dès
que les choses s'éclairciront". Le ministre a expliqué qu'"il est encore
trop tôt pour dire si le parti d'opposition Ligue nationale pour la démocratie
(LND) sera autorisé à participer à la Convention nationale" chargée de rédiger
la constitution. Le parti de Mme Suu Kyi avait boycotté la Convention nationale
à partir de 1996, l'estimant non représentative, et celle-ci avait été suspendue."La
LND n'a pas été expulsée de la Convention nationale pour commencer, c'est
elle qui a choisi de retirer ses délégués", a dit le porte-parole du gouvernement.
Le général Khin Nyunt avait expliqué fin août que la première étape de la
feuille de route était la reconvocation de la Convention nationale lancée
en Mais Tin Win a expliqué que la junte devait d'abord remplacer ceux des
702 délégués décédés ou démissionnaires et a laissé entrevoir que cela prendrait
un certain temps.La LND avait remporté une écrasante victoire aux législativs
de 1990, dont le gouvernement militaire n'a jamais reconnu le résultat.Mme
Suu Kyi est au secret depuis le 30 mai, date à laquelle son convoi est tombé
dans une violente embuscade apparemment tendue par des hommes de la junte,
tandis que le reste des dirigeants de la LND sont en résidence surveillée
et que toutes les permanences du parti ont été fermées.
Suu Kyi restera en
prison pour le moment
Source: Associated Press, 10 septembre 2003
Manille, Philippines : " Le Myanmar s’exposerait à des protestations et
à une instabilité politique fortes, si la leader pro-démocratique Aung San
Suu Kyi était relâchée ", a dit un général de la police du Myanmar mercredi.
Cependant, le général de brigade Khin Yi a déclaré à l'Associated Press,
que le Prix Nobel de la Paix, arrêté le 30 Mai, ne serait plus détenue pour
" très longtemps ". Le Myanmar est soumis à une forte pression de la part
des autres membres de l’ASEAN concernant la libération de Suu Kyi. Ils voudraient
qu’elle soit relâchée avant leur prochain sommet le 7 Octobre à Bali. L’emprisonnement
de Suu Kyi avait déjà occulté la dernière réunion des 10 membres du groupe
en Juillet. " Je pense que l’actuelle situation politique est vraiment stable.
Si nous la relâchons immédiatement, elle créera des problèmes. " a déclaré
Khin Yi à une réunion des officiers de police de l’ASEAN à Manille. " Pour
l’heure, il n’y aucun rassemblement, il n’y a aucune protestation. " Suu
Kyi a été arrêtée après de violents heurts opposants ses partisans et des
groupes pro-militaires, alors qu’elle voyageait dans le nord du Myanmar. Les
Etats-Unis, en imposant des sanctions économiques et politiques, font pression
pour sa libération. Selon Washington, l’information considérant Suu Kyi en
grève de la faim est crédible, mais a été démentie par des officiels de la
Croix Rouge qui lui ont rendu visite samedi, Khin Nyunt la récuse aussi. "
Elle va bien, elle va bien, elle va bien…elle n’est ni malade ni en grève
de la faim " a t-il déclaré. Le Myanmar est des membres les plus récents de
l’ASEAN, et certains officiels/membres de l’ASEAN estiment qu’il ternit l’image
de l’organisation en maintenant Suu Kyi emprisonnée. Le parti de Suu Kyi,
la Ligue Nationale pour la Démocratie, avait remporté les élections nationales
il y a plus de dix ans, mais la junte avait refusé de lui céder le pouvoir.
Depuis lors, elle a passé la plus grande partie de sa vie assignée à résidence.
Thailande:une employée birmane
violée et tuée
Source: The Irrawaddy, 2 septembre 2003
Environ 800 employés de la KI Found knitting factory (une entreprise textile)
à Mae Sot en Thaïlande, ont protesté ce matin après qu’une de leur collègue
ait été retrouvée violée et tuée. Selon les travailleurs, le crime a été
commis par un garde de sécurité de l’usine, mais ils ne croient pas que la
police cherchera la vérité et lui rendra justice. Le sergent Major Sathiang
Kaewriang a déclaré que le corps de Ma Oo, agée de 25 ans, a été retrouvé
près du village de Pu Tae à 2 km de l’usine. Des sources affirment qu’elle
avait disparu depuis le dimanche soir, et qu’elle avait été vue pour la dernière
fois sur la moto d’un garde en marche. A l’annonce du viol et de la mort
de la jeune femme, les employés se sont rués à l’usine et ont attaqué le
garde de nationalité Thaïlandaise. Alertée, la police de Mae Sot vint alors
arrêter le garde mais empêcha les ouvriers de quitter l’enceinte de l’usine.
Les employés s’inquiètent que le suspect ne soit relâché " Nous ne prendrons
des mesures que si nous prouvons sa culpabilité. " " Ce type de crime est
puni par la peine de mort ", à déclaré le Colonel Sonkran Sangkakorn, commissaire
de police de Mae Sot, aux travailleurs par l’intermédiaire d’un traducteur
; " Face à la loi, tous les êtres humains sont égaux. " Après avoir bloqué
les véhicules de police pendant deux heures, les travailleurs acceptèrent
de les laisser passer. Selon des sources, le suspect avait déjà été condamné
l’année dernière pour trafic d’amphétamines mais avait été relâché. Les travailleurs
s’inquiètent que l’affaire ne se passe comme pour le massacre de 6 travailleurs
birmans en mai dernier à Mae Sot, ou le suspect de meurtre avait été relâché
sous caution.
Unocal a l’intention de
poursuivre ses activités en Birmanie
Source: Groupe investissement responsable, 8 septembre 2003
En dépit du durcissement des sanctions économiques états-uniennes contre
le Myanmar (Birmanie), Unocal n’a pas l’intention de mettre un terme à ses
investissements dans ce pays. Au début du mois d’août, la société pétrolière
a en effet annoncé qu’elle irait de l’avant avec le projet de gazoduc Yadana.
Dans la foulée, la compagnie affirme avoir demandé au gouvernement de Rangoon
de reprendre les discussions sur la réconciliation nationale et de permettre
à l’émissaire de l’ONU de rencontrer Aung San Suu Kyi, emprisonnée depuis
le 31 mai dernier. Pendant ce temps, un rapport du Kasikorn Research Centre
a révélé que les sanctions des États-Unis, dont l’interdiction de l’importation
de biens birmans, ont provoqué la fermeture de plus d’une trentaine d’usines
de textile au Myanmar. Le centre de recherche s’attend à ce que les autres
usines de textile soient contraintes de fermer leurs portes très prochainement,
entraînant la perte d’environ 350 000 emplois.
Des prisonniers en grève
de la faim à la prison de Bassein.
Source: Democratic Voice of Burma, 10 septembre 2003
Sept prisonniers politiques incarcérés à la prison de Bassein ont entamé
une grève de la faim d’une semaine pour la libération d’Aung San Suu Kyi.
Commencée le 6 de ce mois, la grève de la faim se poursuit. Mais depuis
dimanche dernier, les autorités carcérales ne leur donnent même plus d’eau.
Leurs principales requêtes sont :
- la libération immédiate de Daw Aung San Suu Kyi
- la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques
- le respect des élections de 1990 et
- l’amélioration des conditions de détention des prisonniers politiques
dans toutes les prisons de Birmanie.
Les participants à la grève de la faim sont :
-Ko Aung Hlaing Win of Oaktwin (peine de mort)
-Ko Myo Aung of Pegu (peine de mort)
-Ko Myo Thant of Pegu (peine de mort) [frère de Ko Myo Aung]
-Ko Myo Minn Zaw of Bahan (peine de 52 ans)
-Ko Than Htay of Dawpone (peine de 21 ans)
-Ko Kyaw Zin Htway of Thinggangyun (peine de 28 ans)
-Ko Nay Aung of Pyinmana (peine de 8 ans)
Selon les chiffres collectés par DVB, des prisonniers politiques ont entamé
une grève de la faim dans trois prisons différentes de Birmanie dont celles
de Kalunti et de Mandalay.
Suite à l’incident de Dipeyin,
U Tun Aung Kyaw a succombé à ses blessures
Source: Democratic Voice of Burma, 10 septembre 2003
U Tun Aung Kyaw, un célèbre militant politique de Mandalay, attaqué avec
d’autres supporters de la LND durant l’incident de Dipeyin, est mort de ses
blessures la semaine dernière. U Tun Aung Kyaw avait déjà été arrêté et
incarcéré deux fois en 1990 et en 1996 pour avoir participé à des activités
politiques, et n’avait été relâché de la prison de Mandalay qu’en Avril dernier
Ayant réussi à échapper à l’assaut de brutes à la solde du SPDC à Dipeyin
le 30 Mai, il s’était ensuite caché, mais ne pouvant recevoir les soins appropriés
aux graves coups qu’il avait reçus à la tête, il est mort de ses blessures,
sans etre soigné, selon un militant politique à Mandalay. U Tun Aung Kyaw
était enseignant au lycée n° 11 de Mandalay mais aussi professeur particulier.
Il était connu pour être très doux avec ses élèves et travaillait activement
pour l’émergence de la démocratie en Birmanie. Les autres militants et collègues
ont exprimé leur profond chagrin à l’annonce de la perte d’U Tun Aung Kyaw,
connu comme une personne généreuse, infatigable, active et gentille.