Birmanie>Net Hebdo n° 36
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie


Sommaire

  • Edito
  • Il est trop tôt pour établir un calendrier de la démocratisation 
  • Suu Kyi restera en prison pour le moment
  • Thailande:une employée birmane violée et tuée
  • Unocal a l’intention de poursuivre ses activités en Birmanie
  • Des prisonniers en grève de la faim à la prison de Bassein
  • Suite à l’incident de Dipeyin, U Tun Aung Kyaw a succombé à ses blessures


Edito

Comme nous le disions dans le precedent numéro de Net Hebdo, la junte birmane ne s'est montré capable de réagir à la pression internationale que par des gesticulations de palais. En effet, aucun progrés notable n'est à enregistrer. Meme si Khin Nyunt, nommé Premier Ministre, s'est fendu d'un long discours d'investiture dans lequel il faisait part d'une feuille de route qui permettrait à la Birmanie de se diriger résolument vers la démocratie, aucune date ou calendrier n'ont été avancées, et Aung San Suu Kyi n'a été évoquée que comme une fauteuse de trouble. On ne peut pas dire que ce soit là un très bon signe. Pendant ce temps là, les affaires continuent, puisqu' Unocal, pourtant en procés pour complicité de crime contre l'humanité à Los Angeles, dans un pays qui interdit désormais les importations en provenance de Birmanie, décide d'investir à nouveau dans le projet Yadana, mené par Total. De l'autre coté de la frontière, en Thailande, les travailleurs birmans, qui ont fui la dictature, sont plus que jamais dans une situation alarmante. Depuis le milieu des années 90, les meurtres et les viols de birmanes et de birmans sont devenus tellement banals que l'on dit qu'une vie birmane vaut deux pneux, puisque c'est placés entre deux pneux usagés que l'on brule les corps des victimes. Travailleurs desireux d'etre payés éliminés par des patrons moins que scrupuleux, victimes du racisme universel des "locaux" contre les nouveaux arrivants ou jeunes femmes payant le prix de l'indifference du monde sur leur sort, les travailleurs migrants birmans en Thailande restent les grands oubliés parmi les oubliés que sont les 50 milions de victimes permanentes de la junte. Au moment où tous les yeux sont tournés vers la communauté internationale, seule apte à favoriser une transition démocratique en Birmanie, il est important de rappeler que la population souffre, encore et toujours.

Il est trop tôt pour établir un calendrier de la démocratisation
Source: AFP, 9 septembre 2003

"Il est trop tôt" pour s'engager sur un calendrier de la démocratisation en Birmanie, a indiqué mardi la junte birmane, qui n'a pas été capable non plus de dire si l'opposante Aung San Suu Kyi serait autorisée à participer à l'élaboration d'une nouvelle constitution. Le nouveau Premier ministre Khin Nyunt avait annoncé le 30 août une "feuille de route" birmane en sept points comportant la promesse d'élections "libres et équitables" et une nouvelle constitution élaborée par une Convention nationale. Certains pays asiatiques avaient accueilli favorablement cette annonce mais de nombreuses voix s'étaient élevées en Occident pour dénoncer le fait que Aung San Suu Kyi, leader incontesté de l'opposition, n'était pas mentionnée dans le processus de démocratisation et que celui-ci ne comprenait pas d'échéancier. La junte, sous pression internationale pour libérer Mme Suu Kyi, au secret depuis le 30 mai, avait paru à certains tenter de gagner du temps, une impression qui sera renforcée par les nouvelles déclarations officielles."Il est encore trop tôt pour annoncer un calendrier à ce stade parce que de nombreuses étapes doivent être franchies avant même que la Convention nationale ne soit convoquée", a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre du Travail et porte-parole du gouvernement Tin Win ."Mais le gouvernement s'est engagé à faire de la Birmanie une Nation paisible et développée où prévaut une démocratie authentique et disciplinée", a assuré Tin Win, déclarant: "Nous vous informerons dès que les choses s'éclairciront". Le ministre a expliqué qu'"il est encore trop tôt pour dire si le parti d'opposition Ligue nationale pour la démocratie (LND) sera autorisé à participer à la Convention nationale" chargée de rédiger la constitution. Le parti de Mme Suu Kyi avait boycotté la Convention nationale à partir de 1996, l'estimant non représentative, et celle-ci avait été suspendue."La LND n'a pas été expulsée de la Convention nationale pour commencer, c'est elle qui a choisi de retirer ses délégués", a dit le porte-parole du gouvernement. Le général Khin Nyunt avait expliqué fin août que la première étape de la feuille de route était la reconvocation de la Convention nationale lancée en Mais Tin Win a expliqué que la junte devait d'abord remplacer ceux des 702 délégués décédés ou démissionnaires et a laissé entrevoir que cela prendrait un certain temps.La LND avait remporté une écrasante victoire aux législativs de 1990, dont le gouvernement militaire n'a jamais reconnu le résultat.Mme Suu Kyi est au secret depuis le 30 mai, date à laquelle son convoi est tombé dans une violente embuscade apparemment tendue par des hommes de la junte, tandis que le reste des dirigeants de la LND sont en résidence surveillée et que toutes les permanences du parti ont été fermées.

Suu Kyi restera en prison pour le moment
Source: Associated Press, 10 septembre 2003

Manille, Philippines : " Le Myanmar s’exposerait à des protestations et à une instabilité politique fortes, si la leader pro-démocratique Aung San Suu Kyi était relâchée ", a dit un général de la police du Myanmar mercredi. Cependant, le général de brigade Khin Yi a déclaré à l'Associated Press, que le Prix Nobel de la Paix, arrêté le 30 Mai, ne serait plus détenue pour " très longtemps ". Le Myanmar est soumis à une forte pression de la part des autres membres de l’ASEAN concernant la libération de Suu Kyi. Ils voudraient qu’elle soit relâchée avant leur prochain sommet le 7 Octobre à Bali. L’emprisonnement de Suu Kyi avait déjà occulté la dernière réunion des 10 membres du groupe en Juillet. " Je pense que l’actuelle situation politique est vraiment stable. Si nous la relâchons immédiatement, elle créera des problèmes. " a déclaré Khin Yi à une réunion des officiers de police de l’ASEAN à Manille. " Pour l’heure, il n’y aucun rassemblement, il n’y a aucune protestation. " Suu Kyi a été arrêtée après de violents heurts opposants ses partisans et des groupes pro-militaires, alors qu’elle voyageait dans le nord du Myanmar. Les Etats-Unis, en imposant des sanctions économiques et politiques, font pression pour sa libération. Selon Washington, l’information considérant Suu Kyi en grève de la faim est crédible, mais a été démentie par des officiels de la Croix Rouge qui lui ont rendu visite samedi, Khin Nyunt la récuse aussi. " Elle va bien, elle va bien, elle va bien…elle n’est ni malade ni en grève de la faim " a t-il déclaré. Le Myanmar est des membres les plus récents de l’ASEAN, et certains officiels/membres de l’ASEAN estiment qu’il ternit l’image de l’organisation en maintenant Suu Kyi emprisonnée. Le parti de Suu Kyi, la Ligue Nationale pour la Démocratie, avait remporté les élections nationales il y a plus de dix ans, mais la junte avait refusé de lui céder le pouvoir. Depuis lors, elle a passé la plus grande partie de sa vie assignée à résidence.

Thailande:une employée birmane violée et tuée
Source: The Irrawaddy, 2 septembre 2003

Environ 800 employés de la KI Found knitting factory (une entreprise textile) à Mae Sot en Thaïlande, ont protesté ce matin après qu’une de leur collègue ait été retrouvée violée et tuée.  Selon les travailleurs, le crime a été commis par un garde de sécurité de l’usine, mais ils ne croient pas que la police cherchera la vérité et lui rendra justice. Le sergent Major Sathiang Kaewriang a déclaré que le corps de Ma Oo, agée de 25 ans, a été retrouvé près du village de Pu Tae à 2 km de l’usine.  Des sources affirment qu’elle avait disparu depuis le dimanche soir, et qu’elle avait été vue pour la dernière fois sur la moto d’un garde en marche. A l’annonce du viol et de la mort de la jeune femme, les employés se sont rués à l’usine et ont attaqué le garde de nationalité Thaïlandaise. Alertée, la police de Mae Sot vint alors arrêter le garde mais empêcha les ouvriers de quitter l’enceinte de l’usine. Les employés s’inquiètent que le suspect ne soit relâché " Nous ne prendrons des mesures que si nous prouvons sa culpabilité. " " Ce type de crime est puni par la peine de mort ", à déclaré le Colonel Sonkran Sangkakorn, commissaire de police de Mae Sot, aux travailleurs par l’intermédiaire d’un traducteur ; " Face à la loi, tous les êtres humains sont égaux. "  Après avoir bloqué les véhicules de police pendant deux heures, les travailleurs acceptèrent de les laisser passer. Selon des sources, le suspect avait déjà été condamné l’année dernière pour trafic d’amphétamines mais avait été relâché. Les travailleurs s’inquiètent que l’affaire ne se passe comme pour le massacre de 6 travailleurs birmans en mai dernier à Mae Sot, ou le suspect de meurtre avait été relâché sous caution.

Unocal a l’intention de poursuivre ses activités en Birmanie
Source: Groupe investissement responsable, 8 septembre 2003

En dépit du durcissement des sanctions économiques états-uniennes contre le Myanmar (Birmanie), Unocal n’a pas l’intention de mettre un terme à ses investissements dans ce pays. Au début du mois d’août, la société pétrolière a en effet annoncé qu’elle irait de l’avant avec le projet de gazoduc Yadana. Dans la foulée, la compagnie affirme avoir demandé au gouvernement de Rangoon de reprendre les discussions sur la réconciliation nationale et de permettre à l’émissaire de l’ONU de rencontrer Aung San Suu Kyi, emprisonnée depuis le 31 mai dernier. Pendant ce temps, un rapport du Kasikorn Research Centre a révélé que les sanctions des États-Unis, dont l’interdiction de l’importation de biens birmans, ont provoqué la fermeture de plus d’une trentaine d’usines de textile au Myanmar. Le centre de recherche s’attend à ce que les autres usines de textile soient contraintes de fermer leurs portes très prochainement, entraînant la perte d’environ 350 000 emplois.


Des prisonniers en grève de la faim à la prison de Bassein.
Source: Democratic Voice of Burma, 10 septembre 2003

Sept prisonniers politiques incarcérés à la prison de Bassein ont entamé une grève de la faim d’une semaine pour la libération d’Aung San Suu Kyi. Commencée le 6 de ce mois, la grève de la faim se poursuit. Mais depuis dimanche dernier, les autorités carcérales ne leur donnent même plus d’eau.

Leurs principales requêtes sont :

- la libération immédiate de Daw Aung San Suu Kyi
- la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques
- le respect des élections de 1990 et
- l’amélioration des conditions de détention des prisonniers politiques dans toutes les prisons de Birmanie.

Les participants à la grève de la faim sont :
-Ko Aung Hlaing Win of Oaktwin (peine de mort)
-Ko Myo Aung of Pegu (peine de mort)
-Ko Myo Thant of Pegu (peine de mort) [frère de Ko Myo Aung]
-Ko Myo Minn Zaw of Bahan (peine de 52 ans)
-Ko Than Htay of Dawpone (peine de 21 ans)
-Ko Kyaw Zin Htway of Thinggangyun (peine de 28 ans)
-Ko Nay Aung of Pyinmana (peine de 8 ans)

Selon les chiffres collectés par DVB, des prisonniers politiques ont entamé une grève de la faim dans trois prisons différentes de Birmanie dont celles de Kalunti et de Mandalay.


Suite à l’incident de Dipeyin, U Tun Aung Kyaw a succombé à ses blessures
Source: Democratic Voice of Burma, 10 septembre 2003

U Tun Aung Kyaw, un célèbre militant politique de Mandalay, attaqué avec d’autres supporters de la LND durant l’incident de Dipeyin, est mort de ses blessures la semaine dernière. U Tun Aung Kyaw avait déjà été arrêté et incarcéré deux fois en 1990 et en 1996 pour avoir participé à des activités politiques, et n’avait été relâché de la prison de Mandalay qu’en Avril dernier
Ayant réussi à échapper à l’assaut de brutes à la solde du SPDC à Dipeyin le 30 Mai, il s’était ensuite caché, mais ne pouvant recevoir les soins appropriés aux graves coups qu’il avait reçus à la tête, il est mort de ses blessures, sans etre soigné, selon un militant politique à Mandalay. U Tun Aung Kyaw était enseignant au lycée n° 11 de Mandalay  mais aussi professeur particulier. Il était connu pour être très doux avec ses élèves et travaillait activement pour l’émergence de la démocratie en Birmanie. Les autres militants et collègues ont exprimé leur profond chagrin à l’annonce de la perte d’U Tun Aung Kyaw, connu comme une personne généreuse, infatigable, active et gentille.


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