Birmanie>Net Hebdo n° 39
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie


Sommaire

  • Aung San Suu Kyi entame une nouvelle période d'assignation à résidence
  • L'émissaire de Kofi Annan à Rangoun pour renouer les fils du dialogue 
  • Remise en cause de la mission de Razali
  • Discours du ministre des Affaires Etrangères birman: Win Aung

Aung San Suu Kyi entame une nouvelle période d'assignation à résidence
Source: AFP, 27 septembre 2003

 L'opposante birmane Aung San Suu Kyi a entamé samedi  une nouvelle période d'assignation à résidence dont la durée est totalement imprévisible, la troisième de son combat pour la démocratie depuis 1988. Le retour à son domicile, après trois mois et demi de détention au secret et une semaine d'hospitalisation, s'il est loin d'équivaloir à une libération, améliore toutefois les conditions de vie de Mme Suu Kyi et, plus important pour cette militante, pourrait lui permettre de mener des activités politiques. Lors de sa dernière période d'assignation à résidence, de 2000 à 2002, elle  avait pu ouvrir, fin 2000, des discussions historiques en vue d'une "réconciliation nationale" avec la junte. Ces discussions ont capoté avec l'arrestation de Mme Suu Kyi fin mai et la répression qui s'est abattue sur son parti, la Ligue Nationale pour la démocratie (LND). Si le régime sous lequel elle est désormais placée est le même qu'en 2000, son confinement ne devrait pas l'empêcher de recevoir des émissaires, tel Razali
Ismail, envoyé spécial de l'ONU attendu dès mardi à Rangoun, sans parler des officiers de liaison de la junte. Et peut-être aussi, à terme, ses adjoints de la LND, si ceux-ci voyaient lever leur propre assignation à résidence. "Toute personne souhaitant me voir quand je serai chez moi devra faire les démarches nécessaires auprès des autorités", avait dit l'opposante vendredi. Le calme régnait samedi autour de l'avenue de l'Université où demeure Mme Suu  Kyi, les renseignements militaires ayant bloqué les deux accès à la rue et s'assurant qu'aucun visiteur ne viendrait frapper à sa porte, hormis son médecin personnel qui devait la revoir dans la journée. Aucun des medias birmans, tous implacablement censurés par le régime, n'a fait état du retour de Mme Suu Kyi chez elle. Mais de nombreux Birmans avaient été informés des derniers événements l'oreille collée aux transistors diffusant les services de radios étrangères. La veille, le Département d'Etat américain a estimé que la junte devait  libérer Aung San Suu Kyi. "Nous restons préoccupés par sa situation et celle des autres prisonniers politiques et nous lançons à nouveau notre appel à la junte pour qu'elle lève immédiatement toutes les restrictions pesant contre elle et relêche tous les autres prisonniers politiques", a indiqué un porte-parole.
Mme Suu Kyi avait quitté discrètement vendredi soir la clinique privée de Rangoun où elle a subi le 19 septembre une importante opération gynécologique, probablement une hystérectomie. Elle a été ramenée de nuit à son domicile, où elle avait déjà été assignée à résidence de 1989 à 1995 et de 2000 à 2002. La nouvelle période de détention de Mme Suu Kyi durera tant que la junte n'aura pas décidé que la "tension" est retombée et la situation "stabilisée" après le 30 mai. "Il faut attendre de voir ce qui se passe avec Razali", dit un analyste, pour qui il y a deux options.  "Soit la junte profite de la situation pour imposer une convention nationale, et le fait accompli, comme au bon vieux temps, soit elle veut repartir sur de bonnes bases, qui seraient acceptables pour tous les protagonistes et les Nations unies".

L'émissaire de Kofi Annan à Rangoun pour renouer les fils du dialogue
Source: AFP, 29 septembre 2003  

 L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Razali Ismail, arrive mardi à Rangoun pour l'une de ses plus difficiles missions: tenter de renouer les fils ténus du dialogue entre la junte et l'opposante Aung San Suu Kyi désormais assignée à résidence. L'infatigable émissaire de Kofi Annan, qui effectue de mardi à jeudi sa 11ème visite en Birmanie, avait largement contribué fin 2000 à l'ouverture de discussions historiques entre le gouvernement militaire et le chef de file de l'opposition en vue d'une "réconciliation nationale". Les violences meurtrières du 30 mai orchestrées par la junte contre un cortège du parti de Mme Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), survenues dans un contexte de défiance croissante, ont tout anéanti. La dernière visite à Rangoun de M. Razali, début juin, avait pris un tour dramatique alors que l'opposante était détenue au secret. L'émissaire avait obtenu un accord à l'arraché pour la voir et rassurer le monde entier, choqué par son arrestation, sur son intégrité physique. Depuis, Mme Suu Kyi a été placée en résidence surveillée avant le week-end après trois mois et demi de mise au secret et une semaine d'hospitalisation pour une intervention majeure. Les généraux n'ont donné aucun signe qu'ils s'apprêtaient à la libérer, même pour faire plaisir à l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN) avant son sommet de Bali (7 et 8 octobre). Cette fois-ci, la visite de M. Razali s'inscrit dans une tout autre perspective: c'est moins le sort de "la Dame", comme on l'appelle à Rangoun, convalescente et confinée chez elle, que le processus politique en Birmanie qui est à l'ordre du jour, selon les analystes. Même si, à terme, les deux vont ensemble. "Razali va essayer de voir s'il est possible d'allier les desiderata des uns et des autres autour de la feuille de route ou s'ils voient les choses différemment", a estimé une source informée. Le général Khin Nyunt, nouveau Premier ministre, avait présenté le 30 août une feuille de route en sept points, mais sans aucun calendrier, comprenant la rédaction d'une Constitution par une convention nationale et des élections "libres et justes". C'est cette fameuse convention nationale qui cristallise les enjeux. Une précédente convention nationale avait été mise sur pied en 1993 pour mettre en chantier une Constitution, mais la LND avait claqué la porte, estimant les dés pipés. "La question essentielle est de savoir qui va participer et comment ça
fonctionne", relève un diplomate, "y aura-t-il de nouvelles règles?". "Il est évident qu'il faut que chaque côté mette de l'eau dans son vin, les positions sont tellement éloignées", ajoute-t-il. La junte, si elle a décidé d'associer l'opposition, pourrait proposer une représentativité de la LND et des minorités ethniques acceptables par celles-ci. La LND pourrait de son côté renoncer à des exigences inacceptables pour le gouvernement, par exemple la validation des élections de 1990 qu'elle avait triomphalement remportées. Mais la junte peut aussi décider "de faire une Constitution toute seule", avertit le diplomate, et avec zéro crédibilité. "Le sort de Suu Kyi sera automatiquement réglé si le dialogue commence", explique-t-il. "On ne voit pas comment elle pourrait participer à une convention nationale en étant assignée à résidence". Comme à chaque fois, M. Razali n'aura la garantie de voir l'opposante à son domicile bien gardé qu'au dernier moment, a indiqué une source informée, ajoutant toutefois qu'il était "impensable qu'il ne la voie pas". "On ne voit pas comment il n'y aurait pas de rencontre, l'intéressant c'est combien il y en aura", note le diplomate, qui espère voir M. Razali faire "des allers et retours" entre les généraux et l'opposante.

Remise en cause de la mission de Razali
Le 30 Septembre 2003.

L'envoyé spécial des Nations Unies en Birmanie est arrivé à Rangoon aujourd'hui dans l'espoir de convaincre les plus importants officiers du gouvernement de libérer la leader de l'opposition Aung San Suu Kyi, et de reprendre un dialogue politique. Par coïncidence, ce jour marque aussi quatre mois depuis l’incident du Vendredi Noir, lorsqu’un groupe organisé par le gouvernement avait attaqué Suu Kyi et ses partisans en Haute Birmanie. Selon des témoins des douzaines de personnes avaient été tuées cette nuit-là, alors que le gouvernement militaire déclarait qu’il y avait seulement quatre victimes. A la suite de cet incident, Suu Kyi fut placée en " détention pour sa propre protection " et des centaines d’autres partisans furent emprisonnés. Parmi les prisonniers, on compte Tin Oo, Vice - Président de la Ligue Nationale pour la Démocratie. (LND)
De plus, l’attaque à l’encontre de la LND et des partisans de la démocratie a continué malgré les déclarations du ministre des Affaires Etrangères, Win Aung, qui assure que la Birmanie fait des efforts significatifs sur le chemin de la démocratie. Les rapports informent que Razali, lors de son onzième voyage en Birmanie, sera autorisé à rencontrer Suu Kyi, qui est sortie de l’hôpital suite à une opération qu’elle a subie la semaine dernière. Dans son emploi du temps chargé, de demain, Razali rencontrera plusieurs leaders ethniques et d’anciens hommes politiques à Rangoon.
L’envoyé des Nations Unies doit aussi rencontrer le Premier Ministre birman, le Général Khin Nyunt, et se faire expliquer les sept points de la feuille de route. Mais à Rangoon, l’air est lourd de cynisme et de doute. Les généraux restent fermement sur leur position et ne sont pas prêts à relâcher Suu Kyi de son assignation à résidence, tandis que les militants pour la démocratie vivent toujours dans la peur. Plusieurs membres de l’Association des Pays de l’Asie du Sud Est, comme les Philippines et l’Indonésie, ont exprimé leur désaccord à la répression en Birmanie.
Cependant, les leaders en Thaïlande se sont montrés optimistes et voyaient dans les récentes évolutions en Birmanie, un pas dans la bonne direction. Hier, le Premier Ministre Thaïlandais, Thaksin Shinawatra, a demandé instamment à la communauté internationale de ne pas mettre la pression sur la Birmanie. Le fait est que Rangoon fait rarement des concessions. Ce sera une surprise si Razali rapporte de bonnes nouvelles de Rangoon à la fin de sa mission, jeudi. Il semble que l’on ne sorte pas de l’impasse cette fois-ci. Des solutions toutes faites pour résoudre rapidement les problèmes de la Birmanie avant la réunion du Sommet de l’ASEAN à Bali les 7 et 8 Octobre, ne résoudront pas les conflits politiques qui déchirent le pays. Pour faire avancer les choses, les gouvernements internationaux doivent redoubler leurs efforts pour faire pression sur la junte afin qu’elle reprenne les négociations avec l’opposition.

Discours du ministre des Affaires Etrangères birman: Win Aung
Source: AFP. 29 Septembre 2003
 
Lundi, le ministre des Affaires Etrangères birman a déclaré que les sanctions internationales étaient injustes, a insisté sur le fait que le pays est engagé dans un processus démocratique, même si le gouvernement garde encore la leader de l'opposition Aung San Suu Kyi en résidence surveillée. S'adressant à l'Assemblée Générale des Nations Unies lors de sa réunion annuelle, le ministre des Affaires Etrangères Win Aung, a aussi critiqué la communauté internationale d'imposer des sanctions aux pays de l'Asie sur le dossier des droits de l'homme. " Il est déconcertant que quelques pays  aient choisi de fermer les yeux sur la réalité et aient soumis le Myanmar à une multitude de sanctions économiques injustes, tout cela pour leur propre fin politique." A t-il déclaré. Les militaires du Myanmar prirent le pouvoir en 1988 après la répression d'une manifestation pro-démocratique. Des élections furent organisées en 1990 mais ils refusèrent de reconnaître que le parti de Suu Kyi, la Ligue Nationale pour la Démocratie, avait gagné. Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix, est actuellement en résidence surveillée pour la troisième fois depuis 1989. L'arrestation de Suu Kyi avait rompu un processus de réconciliation entre la junte militaire du Myanmar et l'opposition, ce qui a accru son isolement sur la scène internationale. Win Aung n'a pas mentionné Suu Kyi dans son discours, mais a affirmé que le pays " était fermement engagé dans un processus systématique de transformation vers la démocratie" " Si quelqu'un regardait la situation du pays de près et de façon objective, il verrait que la seule chose nécessaire pour opérer une transition démocratique en douceur est, en premier lieu et avant toute chose, la volonté politique. Laissez - moi vous assurer que nous avons cette volonté politique." Win Aung.


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