Tango avec la Chine
The Irrawaddy, le 16 Septembre 2003
Depuis le massacre du 30 Mai en Haute Birmanie, nombreux étaient ceux qui
attendaient que la Chine use de son influence pour contraindre les généraux
à assumer leurs crimes. Mais Beijing continue à dire, avec une constance
sans faille, qu’ils n’interviendront plus dans aucune affaire nationale.
La Chine a toujours été un bon ami pour tous les régimes birmans depuis 1948.
Beijing a toujours fourni de l’aide et des armes à ses voisins malgré les
tentatives régulières du régime de Rangoon de mater les communistes à l’intérieur
de ses frontières. Même lorsque la Birmanie était dirigée par un gouvernement
civil, les liens avec la Chine étaient forts. Au début des années 1960, les
missions culturelles et les échanges entre Rangoon et Beijing étaient fréquents.
La politique de Beijing par rapport à Rangoon a toujours été relativement
constante, excepté lors de la Révolution Culturelle nationaliste en Chine.
Au quotidien, le peuple birman n’a jamais ressenti les flots d’aide généreuse
de la Chine et a rarement vu les militants anti-fascistes de la Ligue pour
la Liberté et les gouvernements du Parti du Programme Socialiste Birman
sous la coupe de Beijing.
En réalité, la population de Birmanie a toujours considéré les chinois
avec bienveillance. La population chinoise est parfois appelée "paukphaw"
( personnes gentilles) et les enfants potelés avec un caractère juste ont
pour habitude d'être surnommés Mao Zedong. Les relations entre la Chine
et la Birmanie s'étaient tendues qu'une seule fois, lorsque le Général Ne
Win et le Conseil Révolutionnaire avaient fomenté des émeutes anti-chinois
vers la fin des années 1960. Les émeutes avaient été déclenchées après que
Ne Win ait répondu à des moqueries publiques en disant qu’il avait des origines
chinoises. Lors d'un discours à l'Université de Rangoon en 1965, le dictateur
avait amplement démenti tout héritage chinois et expliqué qu'il avait même
les oreilles percées lorsqu'il était jeune, comme cela se fait dans les villages
traditionnels birmans. La défense chauvine de Ne Win s'était alors transformée
en jingoïsme et il arrêta d'offenser la Chine par son attitude.Les ferveurs
anti-chinois commencèrent à se réveiller à travers toute la Birmanie après
ce discours et culminèrent en Juin 1967, lorsque des émeutiers attaquèrent
la population et les commerces chinois à Rangoon. Avant cette manifestation
de violence en Juin, les leaders chinois avaient de nombreuses fois assuré
à Rangoon que les centaines de communistes birmans isolés dans la province
de Sichuan dans le sud de la Chine, ne seraient pas autorisés à traverser
la frontière vers la Birmanie, les empêchant ainsi de lancer une attaque
contre l'armée birmane. Mais les émeutes donnèrent à Beijing une raison de
rompre ses promesses et la Chine encouragea les Birmans à retourner dans
leur pays avec le plus d'armes possible. Le Parti Communiste Birman, composé
principalement de birmans et de Kachins, franchit la frontière sino-birmane
en Janvier 1968, installa des bases et des "zones libérées" en Birmanie.
Ils lancèrent de nouvelles offensives dans la région de la rivière Salween
en Etat Shan et dans des zones au nord de la route entre Kengtung et Taunggyi.
L'animosité entre la Chine et la Birmanie s'intensifia. Aung Gyi - une
figure clef du Conseil Révolutionnaire de Ne Win avant d'être évincé et
emprisonné- écrivit à Ne Win de la prison d'Insein pour le convaincre que
les communistes birmans représentaient une menace croissante. Selon Aung
Gyi, les communistes birmans pensaient aider le Vietnam à ouvrir la voie
à Ho Chi Minh. Il dit alors à Ne Win qu’il était nécessaire de s’allier
avec la Chine pour contenir la montée du communisme en Birmanie. Aung Gyi
implora Ne Win de le laisser partir en Chine et de se faire l'agent de la
conclusion d'une trêve avec les leaders chinois. Mais Ne Win, trop fier,
décida d'y aller lui-même. Ne Win arriva en 1971 et malgré sa forte position
anti-chinoise, il se montra humblement conciliateur avec les leaders de
Beijing. Non seulement il obtint qu'ils arrêtent de supporter les communistes,
mais il réussit aussi à renouer l'amitié rompue entre les deux pays. L'aide
fut restaurée et les deux nations signèrent un accord de commerce, donnant
à chacune un statut favorable. Depuis que Rangoon a rétablit ses relations
avec Beijing, les leaders du CPB à Panghsang dans l'Etat Shan, luttent pour
rester présents à Rangoon par leurs propres moyens, d'un autre côté ils sont
maintenus par une aide militaire et économique généreuse de la part de la
Chine Aujourd'hui la Chine maintient une attitude de non-intervention avec
Rangoon, et a récemment déclaré qu'elle croyait la Birmanie capable de résoudre
ses problèmes elle-même. Mais ceci n'a pas toujours été l'attitude de Beijing.
En 1963, elle aida en tant que médiateur les pourparlers de paix entre le
gouvernement militaire et les groupes armés d'opposition. En 1980, la Chine
fit accéder le CPB et l'Organisation d'Indépendance Kachin à la table des
négociations et aida Rangoon a établir un projet d'accords de cessez-le
feu signé après 1989. Comment pourrions - nous retourner à nouveau la Chine
contre la junte? L'Histoire montre que la Chine ne veut pas interférer. Mais
vue la tranquillité relative sur la frontière sino-birmane actuelle, on peut
attendre de Beijing qu'elle garde des distances amicales.
Des anciens prisonniers politiques cherchent justice
Bo Kyi sait à quel point une peine de prison peut être cruelle en Birmanie.
Il a passé sept ans derrière les barreaux, accusé pour son militantisme
politique et n'avait qu'une vingtaine d'année lorsque le calvaire a commencé.
Ici, à Mae Sot en Thaïlande, une petite ville aux rues étroites et ventées,
aux immeubles qui tombent en décrépitude, il y en a de nombreux autres qui
pourraient s'identifier à l'histoire de Bo Kyi tels que Nay Rein Kyaw et
Tate Naing, qui ont souffert le même destin, contrôlé d’une main de fer par
le gouvernement militaire birman. Rein Kyaw a été emprisonné de 1992 à 2000.
Pendant six ans, il fut incarcéré dans la prison d'Insein, la plus grande
prison de Birmanie, qui abrite environ de 9 000 à 10 000 prisonniers parmi
lesquels des militants politiques. Mais leur envol vers la Thaïlande signifie
moins une volonté de fuir leur passé qu'une tentative de recommencer leur
vie en tant que personne libre venant de Birmanie. Au contraire, ils ont
choisi de mettre la liberté dont ils jouissent actuellement - aussi fragile
soit-elle- au service de la lutte pour faire tomber ce mur d'oppression dans
leur pays. Le chemin qu’ils ont choisi est celui qu’ils considèrent comme
le meilleur : se confronter à la junte sur la question des prisons dans le
pays, en général et de la misère extrême de plus de 1 600 prisonniers politiques
en particulier. " Nous voulons que le monde tire les leçons de nos expériences
et voulons que le monde garde en mémoire tout ceux qui sont encore en prison,
qui ont été isolés ou oubliés. " a déclaré Bo Kyi qui fait partie de l’Association
d’Aide aux Prisonniers Politiques (AAPP) en Birmanie. Les membres de l’AAPP
ne doivent remplir qu’une exigence- avoir encouru une peine de prison en
Birmanie en qualité de prisonnier politique. Actuellement, l’association
compte 49 membres dont 20 vivent à Mae Sot. L’association attire l’attention
sur les conditions de détention des prisonniers, publie des arrêts, et aide
les familles des prisonniers. L’AAPP a aussi construit le seul musée de Mae
Sot- qui cherche à immortaliser l’horreur qui prévaut dans les 39 prisons
éparpillées à travers toute la Birmanie. Ce petit musée, construit en forme
de grand cube avec un petit SAS d’entrée, renferme en ses murs l’histoire
des supplices et de la violence que la junte a déchaînée à l’encontre de
ses citoyens, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons. Le musée montre
les positions que les prisonniers doivent adopter lorsqu’ils prennent un
bain. Un mur est couvert de noms et disparaît sous des photos de personnes
qui ont été emprisonnées pour leur opinion politique à la suite des manifestations
pro-démocratiques de 1988 en Birmanie. Les visages qui se dessinent en fond
comprennent ceux des 82 personnes qui décédèrent en prison, de 18 parlementaires
et de 59 moines bouddhistes emprisonnés pour des raisons politiques.
" Je fais encore des cauchemars après ce qu’ils (le gouvernement militaire)
m’ont fait subir en prison. ", dit Rein Kyaw, âgé de 33 ans, qui a choisi
les thèmes et a dessiné le musée, situé derrière les bureaux de l’AAPP.
" C’est, d’une certaine manière, ma revanche pour tout ce qu’ils ont fait.
Exposer leurs crimes. "C’est un effort qui donne du poids à la pression que
des groupes défendant les droits de l’homme tels que Amnesty International
ou des lobbies écologistes tels que EarthRights International exercent à
propos de la misère des prisonniers politiques et ceux qui sont enfermés
de force dans des camps de travail. Bo Kyi est cependant bien conscient des
risques que les membres de l’AAPP prennent. Cela vient en partie des conditions
dans lesquelles les anciens prisonniers politiques, comme des milliers d’autres
birmans, vivent en Thaïlande. Ils ne jouissent pas des mêmes droits que les
réfugiés depuis que la Thaïlande n’a pas signé la Convention Internationale
sur les réfugiés. Par conséquent, la peur d’être jetés dehors par les autorités
Thaïlandaises si et quand leurs activités politiques contre Rangoon touchent
un point sensible à Bangkok, ne les quitte pas. " Nous vivons sous une
forme d’assignation à résidence que nous nous imposons, nous-mêmes " dit
Bo Kyi,’ Nous ne nous sentons pas en sécurité, nous pouvons être arrêtés.
"Les récentes actions menées par le gouvernement thaïlandais ont exacerbé
ces inquiétudes, après qu’il ait menacé de réprimer des militants politiques
birmans lors de la manifestation contre l’arrestation de la leader pro-démocratique
Aung San Suu Kyi le 30 Mai." Le gouvernement thaïlandais n’a plus qu’une
politique maintenant. Il ne tolérera plus le militantisme d’aucun groupe
birman dans le pays. " a déclaré Sunai Phasuk, du lobby régional pour
les Droits de l’Homme, Forum Asia. C’est une politique qui nuit à la réputation
de la Thaïlande vue comme un pays d’accueil aux dissidents politiques, aux
combattants pour la liberté et aux victimes de guerre qui fuient des pays
voisins. Les Cambodgiens, par exemple, étaient de ceux qui y trouvaient un
sanctuaire au moment où leur pays était en guerre. Actuellement cependant,
les Birmans sont ceux qui continuent à traverser la frontière, cherchant
un refuge à la main de fer de la junte qui est au pouvoir depuis 1962. Ils
sont près de 100 000 réfugiés entassés dans des camps le long de la frontière
birmano-thaïe, environ un million de travailleurs migrants, et des milliers
d’exilés politiques. Mais des organisations comme l’AAPP ont une autre raison
de se sentir menacées – il est possible que des officiers des renseignements
secrets birmans soient présents à Mae Sot pour surveiller l’activité des
dissidents politiques. " C’est une vraie peur, parce que nous ne sommes
pas sûrs de qui sont les nouveaux Birmans qui s’installent dans la ville.
" déclare Myat Thu, du Club des correspondants de Birmanie qui comprend
une cinquantaine de journalistes travaillant dans la zone. Pour des groupes
comme l’AAPP défendre leur cause même face à de telles menaces est " remarquable
" a-t-il ajouté. " C’est très difficile de faire le travail qu’ils font pour
aider les prisonniers politiques en Birmanie. "
La junte et l'éducation
Par Gong On, opposant birman, le 14 septembre 2003
Même si une cérémonie pour le Jour de l'alphabétisation fut organisée dans
la capitale, la junte ne donne pas un kyat à l'éducation publique des minorités
ethniques de Birmanie alors que parallèlement, les descentes fréquentes
des officiers des services de renseignements dans les classes primaires
de ces communautés visent à les faire fermer. Au Diamond Jubilee Hall sur
la route de Pyay à Yangon, le tout nouveau Premier Ministre, le Général
Khin Nyunt, a déclaré le jour international consacré à l'alphabétisation,
que le programme mené sur 30 ans pour élever le niveau d'alphabétisation
des adultes à 95,5% avait été atteint en harmonie avec la décade pour l'alphabétisation
menée par les Nations Unies. Durant la cérémonie qui se déroula le 8 Septembre
dans la capitale, le Général Khin Nyunt, qui occupe diverses fonctions dont
celle de président du Comité birman pour l'Education, a déclaré: " L'union
du Myanmar fait des efforts pour généraliser une éducation systématique de
tous ses citoyens à travers un plan d'éducation dans lequel l'alphabétisation
et des programmes d'éducation continue sont considérés comme des secteurs
vitaux. Des décisions ont été prises pour élaborer des plans propres à chaque
nations pour l'alphabétisation de base et de meilleures habitudes de vie.
Envoyer à l'école tous les enfants en âge d'y aller, enrichir l'éducation
dans les écoles primaires, aller à l'école régulièrement, empêcher les échecs
le mieux possible en fournissant une alphabétisation de base à ceux ayant
dépassé l'âge de scolarisation, fournir toujours plus de moyens humains et
créer des opportunités permanentes pour apprendre, tout cela a été accompli."
Face aux Ministres en exercice du SPDC, aux ambassadeurs, aux représentants
des agences des Nations Unies et aux professionnels de l'éducation, le premier
Ministre a annoncé que durant l'année scolaire 2003-2004, la participation
aux 144 projets lancés dans des villes différentes a été de 98,93% et de
95,05% dans tous le pays. Usant du même ton grave, il a confirmé que le Myanmar
avait désormais un haut taux d'alphabétisation. Il précisa que plus de 480
Centres d'apprentissage, où les gens peuvent rester toute la journée, ont
été ouverts. Le taux d'alphabétisation des adultes au Myanmar s'est élevé
à 92,2% en 2003. Grâce au plan d'éducation mené sur 30 ans, des programmes
d'éducation informels, mis en place dans le but d'augmenter le taux d'alphabétisation
des adultes jusqu'à 95,5%, sont aujourd'hui pleinement effectifs. Cependant,
le revers de la médaille, est que des droits d'inscription ont été introduits
dans l'Etat Mon à la rentrée 2003-2004 dans les écoles publiques, selon des
sources locales. A Moulmein, la capitale de l'Etat Mon, les droits d'inscription
à l'école, les livres et le sport coûtent plus de 1000 kyats, les frais pour
l'entretien et la construction de nouveaux bâtiments coûtent entre 7000
et 20 000 kyats, et outre les frais d'entrée, les parents doivent aussi
payer pour l'entretien des ordinateurs des écoles en ville mais aussi rurales.
Malgré cela, les enseignants d'état, répondent aux parents qu'ils n'ont pas
reçu assez de fonds pour l'entretien de l'école et la construction de nouveaux
bâtiments. La population doit payer pour ça. Malheureusement, ces écoles
nationales Mon sont considérées comme illégales, et sont fermées souvent
après subit de nombreuses menaces des autorités birmanes. L'actuel SPDC a
ratifié la Convention des Droits de l'Enfant, mais le régime la bafoue de
manière flagrante et refuse aux enfants de l'ethnie Mon leur droit à leur
propre culture ainsi que la satisfaction de pratiquer leur langue maternelle.
En Juillet, les services de renseignements de Moulmein dressèrent la liste
de tous les enseignants, étudiants ainsi que leurs parents de nationalité
Mon dans la ville de Thanbyu Zayat. Même si le personnel enseignant n'a pas
été actuellement arrêté, nombreux pensent que cela était fait pour intimider
l'éducation nationale Mon, qui fut à la fois fondée et organisée par une
communauté Mon très ancrée, qui perdure depuis plus de 100 ans sans avoir
perdu sa souvereineté de 1757. Avant les accords de cessez-le feu conclu
avec le régime en 1995, beaucoup d'enseignants Mon avaient été arrêtés et
accusées par la junte d'être des supporters rebels même si ceux-ci n'étaient
engagés dans aucun mouvement armé, mais supportaient simplement leur éducation
nationale, fondée par le Comité d'Education Nationale Mon du Nouveau Parti
de l'Etat Mon. Alors qu'ils étaient marginalisés et discriminés par le gouvernement
central de Rangoon, les Mons et les Karens prirent les armes peu après l'indépendance
de la Birmanie en 1948. Ces deux ethnies, Mon et Karen, dirigent quelques
territoires et ont installé leur propre système d'éducation nationale.
(...)
En ce qui concerne la situation générale en Birmanie, l'Unité de documentation
sur les Droits de l'Homme du NCGUB a rapporté que l'éducation en Birmanie
avait été sérieusement touchée par 40 ans de dictature. Parce que les régime
militaire voit l'université comme un potentiel de militants politiques et
les études secondaires comme une des principales menaces pour leur maintien
au pouvoir, toute éducation non militaire est considérée comme à détruire.
Toutes les écoles et universités d'état à travers la Birmanie souffrent d'un
cruel manque de ressources et de professeurs compétents, un problème récurrent
dans de nombreux pays en développement, cependant ce qui rend le cas birman
exceptionnel, c'est que la junte essaie d'empêcher un enseignement supérieur
universel et avancé. Malgré le fait que seulement 0,5% du PNB soit consacré
à l'éducation en Birmanie, comparé à 2,7% dans les autres pays de l'Asie du
Sud Est, le gouvernement militaire dépense sans compter pour construire des
infrastructures universitaires aux alentours des principales villes, proche
des installations militaires afin de pouvoir surveiller les étudiants et
les empêcher de se réunir et de manifester. Les campus les plus importants
de l'Université de Rangoon et de l'Institut de technologie de Rangoon, qui
ont été les foyers des manifestations étudiantes dans le passé, ont été déplacés
à 20 km de rangoon. Les étudiants venant des provinces voisines furent répartis
dans les nouvelles universités pour empêcher toute concentration d'étudiants.
Lorsque le général Khin Nyunt a déclaré fièrement que le Myanmar est sur
un pied d'égalité avec les autres pays, il oublie de dire que les citoyens
doivent payer les frais d'éducation de leurs enfants. Malgré même le fait
de n'avoir aucun fonds pour l'éducation de la part du gouvernement militaire,
les minorités ethniques espèrent simplement avoir le droit de promouvoir
leur propre savoir.