50 000 Rohingya seraient
sur le point de passer la frontière avec le Bangladesh
Source : Narinjara News, Dhaka, 1er novembre 2003
Les Bangladesh Rifles (BDR) seraient en état d’alerte, et la frontière fermée.
Environ 50 000 Rohingya de l’Etat d’Arakan, en Birmanie ont campé le long
de la rivière Naf ces derniers jours avec l’intention de traverser la frontière
pour se rendre au Bangladesh. Les Bangladesh Rifles (BDR) sont en état d’alerte
et auraient fermé la frontière, selon le journal bangladeshi Daily Star de
ce jour.
Le journal a indiqué que les autorités du Bangladesh tentent de confirmer
cette information, en provenance de la frontière Bangladesh-Birmanie, d’un
possible afflux de musulmans Rohingya craignant des représailles de la communauté
de l'Arakan.
Le vice-commissionnaire de Cox’s bazar, Saifuddin Ahmed a déclaré au Daily
Star dans un entretien téléphonique la nuit dernière que la frontière était
fermée afin de repousser tout flux de rohingya venant de l’autre côté de la
rivière, frontière entre les deux Etats voisins.
" Nous avons mis en place une garde à la frontière et les Bangladesh Rifles
ont été mis en état d’alerte ", a déclaré le député commissionnaire.
Quant à l’information selon laquelle les forces de la police aux frontières
birmane, la Nasaka, seraient en train d’accumuler des troupes le long de la
frontière, celle-ci n’a pas été confirmée par l’administrateur du district.
La station radiophonique BBC a cité les déclarations faites la nuit dernière
le ministre des affaires étrangères M Morshed Khan selon lesquelles des mesures
de précaution avaient été prises pour éviter toute intrusion.
Le malaise frontalier a coïncidé avec des discussions jeudi sur la question
des réfugiés birmans qui ont eu lieu lors d’une réunion entre le ministre
bangladeshi de la gestion et de la réparation des catastrophes et les deuxième
et troisième secrétaires de l’ambassade américaine à Dhaka.
De décembre 1991 à mars 1992, 250 000 Rohingya ont fui l'Arakan dans l’ouest
de la Birmane vers le Bangladesh devant la peur de tortures, de persécutions
religieuses et de travail forcé de la part de l’armée birmane.
Tous les Rohingyas qui ont fui la Birmanie en 1991-1992, excepté environ
20 000 d’entre eux, sont retournés chez eux sous l’initiative du Haut Commissariat
des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR)
Le gouvernement birman a déclaré qu’il accepterait seulement 7 500 des 21
800 personnes dont l’identité birmane a été vérifiée.
L’organisme des Nations Unies a demandé au Bangladesh d’intégrer les 14
000 rohingya restant avec les bangladeshi, mais le Bangladesh n’a pas accepté
la demande faite par l’UNHCR.
Des rapatriements ont eu lieu depuis 1997, mais le processus s’est principalement
heurté à la réticence des réfugiés à l’idée de rentrer chez eux et à la procédure
assez longue de vérification du côté de la frontière birmane.
Ce sont les militaires qui
enflamment le conflit religieux, affirment des résidents
Source : The Irrawady, 29 octobre 2003
Le gouvernement militaire de Birmanie est en train d’enflammer le conflit
entre bouddhistes et musulmans afin de retarder la réconciliation politique.
C’est ce qu’affirment des résidents ainsi qu’un diplomate occidental à Rangoun.
De petits affrontements ont éclaté entre bouddhistes et musulmans dans plusieurs
villes à travers le pays, après l’émeute qui a eu lieu le 19 octobre à Kyaukse,
dans la circonscription de Mandalay et au cours de laquelle une douzaine de
musulmans auraient été tués. Selon plusieurs déclarations, cette émeute à
Kyaukse a été déclenchée lorsque trois musulmans ont coupé la tête d’une statue
de Bouddha dans la ville.
Le diplomate a déclaré que les autorités militaires peuvent désormais citer
les troubles religieux pour justifier le danger qui existe à vouloir libérer
le leader de l’opposition Aung San Suu Kyi, actuellement en résidence surveillée.
Le diplomate a indiqué que des " faux moines " ont été aperçus en train de
porter des rasoirs et des talkies-walkies près d’un zoo de Rangoun. En Birmanie,
seuls les services secrets et les officiers de police ont le droit de porter
de telles radios.
Certains dissidents dans la capitale sont d’accord sur le fait que le régime
est en train de réveiller l’instabilité religieuse pour justifier le non-respect
de sa promesse de reprise du dialogue politique. Les dirigeants musulmans
pensent que les émeutes sont motivées par des groupes politiques, mais ne
savent pas s’il faudrait s’en prendre au gouvernement ou à des dissidents.
Hamid, secrétaire de l’Union des Birmans Musulmans (All Burma Muslim Union),
basée en Thaïlande, indique que soit le gouvernement militaire, soit des groupes
pro-démocratiques situés à l’intérieur du pays sont à l’origine de cette
l’instabilité religieuse, avec pour volonté de faire avancer leur propre agenda
politique.
Le vice-président du Conseil Islamique Religieux du Myanmar (Myanmar Islamic
Religious Council), basé à Rangoun, Soe Moe Aung, a indiqué pour sa part que
les autorités gouvernementales avaient arrêté plusieurs personnes liées aux
émeutes. Il a déclaré à la BBC que bien que certains hommes aient été vêtus
en habits de moines, ils auraient pu être des civils.
Le gouvernement a ordonné aux magazines et aux journaux de faire paraître
des articles accusant des groupes dissidents en exil de faire entrer clandestinement
en Birmanie des sarongs sacrilèges portant des symboles bouddhistes. L’un
des groupes montrés du doigt par la junte, le National League For Democracy
basé à Mae-Sot (Territoire libéré) a démenti une telle allégation.
L’animosité religieuse a toujours existé entre musulmans et bouddhistes
en Birmanie, mais les troubles se sont multipliés ces dernières semaines.
Le week-end dernier, déclare Soe Moe Aung, un musulman a été blessé et hospitalisé
lors d’un affrontement religieux dans le quartier de Thingangyun, à Rangoun.
Et cette semaine, on a rapporté de petits affrontements à Mandalay. Plusieurs
musulmans et bouddhistes auraient été blessés, mais ces informations m’a pas
été confirmées.
Près de 90% de la population birmane est bouddhiste. Les musulmans représentent
environ 4% de la population.
Des coupures de courant qui aggravent la peur de violences religieuses
Source : The Irrawady, 4 novembre 2003
Des nouvelles de coupures de courant et des rumeurs qui se répandent de
plus en plus aggravent les peurs dans les quartiers musulmans de la Birmanie,
d’une violence religieuse continuelle dans tout le pays. C’est ce qu’ont indiqué
des sources en provenance de Rangoun.
Des émeutes entre bouddhistes et musulmans ont dans un premier temps éclaté
à Kyauskse, dans le centre de la Birmanie, où environ douze musulmans auraient
été tués. La violence s’est ensuite propagée dans les centres urbains du pays,
y compris à Rangoun et Mandalay, faisant un nombre indéterminé de morts.
" Ce problème est très sérieux, puisque des personnes ont été tuées ", déclare
Htein Lin, un ancien éditeur de journal, aujourd’hui disparu, Botataung. Il
ajoute que les gens ne connaissent pas réellement l’ampleur ou les raisons
de cette violence. " Les gens doivent être informés. Sinon, la cohésion sociale
de la communauté se désagrégera ", dit-il.
Un habitant musulman de Kandawlay, quartier musulman de Rangoun, dit que
sa femme et d’autres musulmans s’empressent de s’approvisionner en riz et
autres produits de première nécessité dans le cas où les affrontements religieux
rendraient difficile tout déplacement hors de leur maison. " Ces jours-ci,
je ne peux pas dormir la nuit. J’ai peur que des foules viennent nous détruire
", dit-il.
Des sentiments anti-musulmans se diffusent depuis des années, mais ils se
diffusent désormais de façon plus importante. Des tracts excoriating? Les
musulmans ont récemment été affichés dans certains monastères. " De nombreux
bouddhistes pensent que tout ce drame est orchestré par le régime ", déclare
Theingi, ancien militant politique de Rangoun. " Bien que les militaires prétendent
défendre les musulmans, de telles émeutes n’auraient jamais pu avoir lieu
dans les grandes villes sans que les services secrets (Military Intelligence)
n’en soient préalablement informés. " Plus tôt dans la semaine, une série
d’attaques anti-musulmanes s’est produite à Pakkoku, dans le centre de la
Birmanie, provoquant la destruction de plusieurs habitations, boutiques, et
véhicules appartenant à des musulmans. Les troupes militaires sont intervenues
et ont tiré des coups de feu en l’air pour disperser les foules.
Une habitante a fait savoir au service birman de la BBC que les résidents
locaux ont appris que des violences contre les musulmans auraient peut-être
lieu quelques jours avant que les émeutes éclatent vraiment.
Selon des témoins, des camions militaires patrouillent dans les rues de
Rangoun pour prévenir toute violence religieuse supplémentaire. Les moines
bouddhistes qui se trouvaient dans la rue ou dans des teashops ont été renvoyés
dans leurs monastères par les patrouilles, ont ajouté les témoins.
Cependant, un journaliste à Rangoun a indiqué que la junte militaire devrait
dire la vérité au public si celle-ci était réellement concernée d’étouffer
la violence et de protéger les innocents.
Selon l’AFP, la junte a confirmé qu’il y avait eu des " troubles (…) entre
des personnes de confession différentes ", mais aucune explication concernant
ces émeutes n’est apparue dans les media locaux au sein de la Birmanie.
Couvre-feu imposé par la
Birmanie qui admet des pertes à la suite de troubles religieux
Source : Agence France Presse, 30 octobre 2003
La Birmanie a déclaré jeudi avoir imposé un couvre-feu dans une ville du
centre du pays suite à des violences entre musulmans et bouddhistes qui se
sont soldées par des pertes non divulguées, dans la ville de Mandalay et ses
alentours.
" Des troubles ont récemment éclaté dans la ville de Mandalay et dans quelques
autres endroits entre des personnes de confessions différentes ", a indiqué
le gouvernement militaire birman dans une déclaration faxée a l’AFP.
" Un couvre-feu a été imposé dans la commune de Kyaukse par mesure de précaution
à la suite de ces incidents. "
Radio Free Asia (RFA),citant la déclaration d’un témoin de ces troubles,
a indiqué mercredi qu’une douzaine de personnes, majoritairement musulmans,
ont été tuées, dont une femme enceinte et un enfant, lors d’incendies au cours
d’émeutes qui se sont déroulées à Kyaukse le 19 octobre.
La RFA, basée à Washington, a ajouté que le témoin avait vu beaucoup de
cadavres de personnes mortes pendant les incendies.
" Nous avons très vite vu un cadavre après l’autre. Ils les emmenaient à
l’hôpital ", a fait savoir ce témoin anonyme, un résident du quartier de Kan
Oo, à Kyaukse, à RFA.
Il aurait également décrit avoir emmené le corps brûlé de 11 personnes dans
des sacs au cimetière musulman dans l’après-midi du 20 octobre, pour les enterrer.
Rangoun n’a pas souhaité divulguer d’information sur d’éventuels morts pendant
les troubles, préférant user d’un langage évasif pour décrire ce qui s’est
passé.
" Malheureusement ces troubles ont provoqué des pertes et des dégâts matériels
", s’est contentée d’ajouter la junte, insistant sur le fait que les détails
ne pouvaient être rendus publics tant qu’une investigation était en cours.
La junte a déclaré qu’à la suite de l’intervention des autorités locales
et des dirigeants religieux " tout est désormais revenu dans l’ordre " dans
les endroits qui avaient été en proie aux émeutes, , et que " des mesures
juridiques ont été prises contre les individus qui ont perturbé la loi et
l’ordre ainsi que la paix et la tranquillité dans ces endroits. "
Des foules séditieuses ont été vues marchant dans les rues de Kyaukse dans
la nuit du 19 octobre, selon la RFA, qui a cité les déclarations de résidents
selon lesquelles la mosquée locale Su Gyi avait été incendiee.
Les groupes de défense des droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude
que le Myanmar ait provoqué des affrontements violents entre les groupes ethniques
et religieux, en partie pour éloigner l’attention des problèmes politiques.
Les attaques anti-musulmanes
se propagent vers le sud de la Birmanie
Source: Democratic Voice of Burma, 29 octobre 2003
Les attaques anti-musulmanes, qui se sont déclenchées dans le centre de
la Birmanie, se propagent désormais vers la capitale Rangoon, dans le sud
du pays. Les 25 et 26 octobre, un groupe de " moines " bouddhistes a saccagé
les propriétés de musulmans habitant la commune de Thinganggyum. Les propriétaires
ont également été attaqués et leur biens détruits.
Bien que les autorités aient arrêté et détenu les personnes responsables
de l’attaque d’un homme d’affaires local, U Htay Kywe, le 25 octobre, la plupart
des habitants pensent, eu égard à ce qu’elles ont vu, que ce sont les autorités
elles-mêmes qui ont systématiquement organisé ces attaques. U Htay Kywe a
été hospitalisé et a reçu 9 points de suture à la suite des blessures reçues
sur la tête. Ces attaques non provoquées ont été commises par quelques "
moines " et des civils. Selon un résident, les auteurs de ces attaques ont
versé du pétrole sur lui alors qu’ils lui demandaient de l’argent, mais ne
l’ont pas brûlé.
Le 26 octobre, les attaquants se sont également livrés au saccage et ont
attaqué des propriétaires et des employés de restaurants musulmans locaux.
Dans le même temps, des lettres de menaces ont été envoyées au domicile
de musulmans à Moulmein, dans l’Etat Mon, et leur habitations ont fait l’objet
de jets de pierres. Leurs maisons sont actuellement " gardées " par les forces
de sécurité locales.