Aung San Suu Kyi devrait
être libérée en octobre selon le Premier Ministre thaïlandais
Source : Nation, 22 février 2004
Le Premier Ministre Thaksin Shinawatra a affirmé le 21 février qu’il prévoyait
la libération par la junte militaire de l’opposante démocratique Aung San
Suu Kyi avant le mois d’octobre.
Même si aucune annonce en ce sens n’a été faite par Rangoon, la junte a
envoyé plusieurs signes positifs permettant de présager sa libération, a déclaré
le Premier Ministre thaïlandais. " Nos rapports étroits avec la Birmanie
me permettent de penser que c’est ce qu’ils vont faire ", a-t-il ajouté,
précisant que la Birmanie avait prévu d’envoyer des représentants au deuxième
round de négociations du forum international sur la Birmanie, désormais surnommé
le " Bangkok Process ".
Bangkok devrait convoquer la deuxième session du Bangkok Process avec les
" pays de même opinion " afin d’aider la junte à trouver des solutions pour
mettre fin à l’impasse politique survenue à la suite de l’arrestation de
Aung San Suu Kyi en mai dernier.
Thaksin n’a pas donné de détails sur les raisons pour lesquelles il avait
avancé la date du mois d’octobre, mais son porte-parole Jakrapob Penkair
a déclaré que c’est en octobre que se tiendrait le meeting Asie-Europe (ASEM),
dont la Birmanie ne fait pas partie.
Khin Nyunt et Suu Kyi prêts
à oeuvrer pour la démocratie (ONU)
Source: Reuters, 4 mars 2004
Le Premier Ministre du gouvernement militaire birman, Khin Nyunt, se dit
engagé à mener son pays vers la démocratie et Aung San Suu Kyi, leader de
l’opposition démocratique jusqu’ici détenue serait prête à travailler avec
lui. C’est ce qu’a annoncé mardi un envoyé spécial des Nations-Unies.
" Je pense que le Premier Ministre est véritablement soucieux de mener
ce processus à une transition vers la démocratie, " a confié à Reuters l’envoyé
spécial Razali Ismail, qui semblait confiant de ce qu’un réel progrès était
fait, à son retour à Kuala Lumpur après une visite de quatre jours à Rangoun.
" Je pense qu’il [le Premier Ministre] est convaincu qu’une relation de
travail peut être établie entre Suu Kyi, la LND et lui-même ", a rajouté Razali,
faisant référence au parti de la Ligue Nationale pour la Démocratie du lauréat
du Prix Nobel de la Paix. "
Le vétéran malais de la diplomatie a déclaré que Suu Kyi, qu’il a rencontrée
deux fois dans la villa dans laquelle elle se trouve en résidence surveillée,
pourrait se laisser convaincre de faire marcher le processus.
”Elle m’a dit qu’elle était prête à tourner une nouvelle page”, a-t-il
dit. " Il n’y a pas de récriminations dans ses propos, et elle ne demande
pas que des têtes tombent. "
Razali a indiqué que Suu Kyi et d’autres dirigeants de la LND pourraient
être libérés le 16 avril, date du nouvel an birman, mais il a ajouté que
cette date était un “délai informel”. Il n’a pas précisé d’où provenait cette
information.
" Les sceptiques le seront moins lorsque Suu Kyi sera libérée et qu’on
l’a verra travailler avec le gouvernement et avec Khin Nyunt ", a-t-il répondu
lorsque interrogé sur la différence possible entre cette initiative et les
nombreuses initiatives qui ont échoué par le passé.
" Elle est en très bonne forme. En même temps, elle est vraiment d’accord
et prête à apporter sa contribution et à travailler avec le Premier Ministre
et d’autres militaires ", a-t-il ajouté.
Cette année, le gouvernement du Myanmar a promis de ré-ouvrir la convention
nationale abandonnée depuis 1996, mais n’a pas donné de calendrier. " Il
faudra de toutes façons qu’ils annoncent la mise en place d’une convention”,
a indiqué Razali.
En vertu de leur législation, lorsqu’ils auront procédé à cette annonce,
ils devront déclencher le processus dans un délai d’un mois. Avant de le
faire, ils doivent libérer Suu Kyi.
“Soutien international”
Razali, qui n’a pas rencontré le général Than Shwe, numéro un du gouvernement,
lors de sa douzième visite au Myanmar effectuée pour promouvoir la réconciliation
nationale, a déclaré que Khin Nyunt avait besoin d’un soutien international
pour sa feuille de route en sept points intitulée " feuille de route pour
la démocratie ", détaillée lors de son entrée en fonction en août dernier.
" Il est nécessaire qu’on lui octroie un mandat total afin qu’il puisse
prendre les mesures nécessaires pour parvenir à la réconciliation nationale
et à la démocratie ", a-t-il indiqué.
Je vais m’entretenir avec des pays comme la Chine afin qu’un soutien total
soit apporté à ce que Khin Nyunt va entreprendre et afin de soutenir l’idée
d’une relation de travail entre Khin Nyunt et Aung San Suu Kyi, a-t-il indiqué.
" Je voudrais que le gouvernement chinois reconnaisse quels sont les réels
problèmes et quelles sont les contraintes, et qu’il apporte son aide afin
de faire disparaître les contraintes, " a précisé Razali sans donner plus
de détails.
Razali a indiqué qu’il comptait également se rendre en Indonésie, qui préside
actuellement l’ASEAN (Association des Nations du Sud-Est Asiatique), pour
obtenir que l’ASEAN fasse pression pour amener un changement. L’ASEAN est
l’un des seuls groupements d’Etats à avoir accepté le Myanmar en son sein.
Le Ministre des Affaires étrangères indonésien, Hassan Wirajuda a déclaré
jeudi que les Nations du Sud-Est Asiatique soutenait la participation du
Myanmar au forum transrégional en Octobre, et ce malgré les objections de
l’Europe.
Suu Kyi envisage d'assister
à la Convention Nationale
Source: Network Media Group, 5 mars 2004
Un leader de la NLD/LA, la représentation de la NLD en Thaïlande, a déclaré
qu'Aung San Suu Kyi envisagerait d'assister à la Convention Nationale si
quatre demandes étaient positivement accueillies par le régime de Rangoun:
La libération de tous les prisonniers politiques, la réouverture de tous
les bureaux de la NLD à travers le pays, l'annulation des 104 principes de
base de la Convention Nationale, et l'ouverture d'une enquête sur le massacre
de Depeyin par une commission indépendante.
La nouvelle a été rendue publique juste après la rencontre de Suu Kyi avec
M.Razali, l'envoyé spécial des Nations Unies à Rangoun. "Daw Suu a énoncé
quatre demandes. Sont incluses la libération de tous les prisonniers politiques,
la réouverture de tous les bureaux de la NLD à travers le pays, l'annulation
des 104 principes de base de la Convention Nationale, et l'ouverture d'une
enquête sur le massacre de Depeyin par une commission indépendante.
Elle a déclaré que si ces demandes étaient exaucées, la NLD et elle-même
envisageraient une éventuelle participation à la Convention Nationale. Cette
nouvelle provient des sources de la NLD à Rangoun." a déclaré Nyo Ohn Myint,
membre du Département des Affaires Etrangères de la NLD/LA. La secrétaire
de la NLD/LA, Daw San San, qui est arrivé de Thaïlande suite aux évènement
de Depeyin, a également confirmé cette déclaration.
Elle a précisé qu'Aung San Suu Kyi n'a fait aucune promesse quant à sa participation
à la Convention mais qu'elle envisagerait cette possibilité si ses demandes
étaient favorablement entendues par le régime. "Le dialogue devrait précéder
la Convention Nationale". Les conditions posées par Suu Kyi font précisément
référence à ce dialogue entre la NLD et la junte. Il devrait se tenir un dialogue
tripartite, comme proposé par les minorités ethniques. Suu Kyi pourrait participer
à la Convention après en avoir précisément discuté la procédure." Daw San
San donne ici le point de vue de la NLD/LA.
L'année dernière, le Général Khin Nyunt, le chef des services de renseignements
militaires et Premier Secrétaire du SPDC a été nommé Premier Ministre et a
annoncé une feuille de route en sept points. La Convention ainsi que la rédaction
de la nouvelle constitution constituent l'un de ces sept objectifs. "La feuille
de route" a vu le jour après que le gouvernement ait orchestré une attaque
préméditée contre le convoi d'Aung San Suu Kyi et ses partisans, ainsi qu'une
opération militaire d'envergure nationale clôturant tous les bureaux de la
NLD à travers le pays. Le Premier Ministre birman Khin Nyunt a déclaré que
presque tous les groupes ayant signé des accords de cessez-le-feu participeront
à la Convention Nationale.
Tout déblocage en Birmanie
passe par une libération de Suu Kyi
Source: AFP, 5 mars 2004
Les déclarations d'Aung San Suu Kyi qui s'est dite prête à travailler avec
la junte en Birmanie ont été accueillies vendredi avec prudence par les
experts pour qui tout déblocage de l'impasse politique passe par une libération
de l'opposante, toujours assignée à résidence.
Ils font aussi valoir que, aussi forte que puisse être la détermination
à dialoguer de Mme Suu Kyi, tout dépend évidemment de la volonté
du régime militaire à travailler ou non avec l'opposition à une
vraie démocratisation.
Mme Suu Kyi, qui vit confinée chez elle pour la troisième fois depuis le
début de son combat en 1988, a déclaré être prête "à tourner
la page" pour engager un dialogue politique, dans des propos rapportés jeudi
par l'émissaire de l'ONU Razali Ismail à l'issue de sa 12e visite à Rangoun.
"Aung San Suu Kyi est dans un très bon état d'esprit, très positive, et
elle croit qu'elle peut travailler avec le Premier ministre",
le général Khin Nyunt, a dit à l'AFP M. Razali.
Elle n'a exprimé "aucune récrimination" au sujet de sa détention. "Elle
ne réclame rien. Elle veut tourner la page. Elle espère être libérée
prochainement", a-t-il ajouté.
Ces propos positifs de la lauréate du prix Nobel de la paix, à laquelle
M. Razali est l'une des très rares personnes à avoir parlé depuis
son arrestation il y a neuf mois, ont été accueillis très prudemment
par les diplomates à Rangoun.
"Elle a déjà dit qu'elle était prête à dialoguer avec le Premier ministre",
a commenté l'un d'entre eux, "c'est bien qu'elle le redise, mais maintenant
il faudrait que le dialogue commence (...) la balle est dans le camp des
militaires".
Mais pour qu'un dialogue ait lieu, "la première condition est que Khin
Nyunt en ait l'autorisation", souligne-t-il en référence au
Premier ministre "qui n'a guère les coudées franches" avec le
numéro un de la junte, le généralissime Than Shwe, très hostile
à Mme Suu Kyi et rétif à une ouverture politique.
Egalement, il faut que les dirigeants de la Ligue nationale pour la démocratie
(LND) "aient l'autorisation de parler ensemble, de se concerter", ajoute le
diplomate en référence aux responsables --Mme Suu Kyi et trois adjoints--
du principal parti d'opposition, encore en résidence surveillée dans la capitale
birmane et coupés du monde.
"Pour avancer, il faudrait libérer Aung San Suu Kyi et les membres de la
LND pour qu'ils puissent travailler avec le Premier ministre", a clairement
dit M. Razali lui-même jeudi.
Mme Suu Kyi, ses lieutenants Aung Shwe, Tin Oo et U Lwin, avaient été arrêtés
fin mai après une violente embuscade, apparemment orchestrée
par la junte, d'un convoi de la Ligue lors d'une tournée dans
le nord et toutes les permanences du parti fermées dans le pays.
Egalement très prudent, un autre diplomate expliquait que "le vrai pas
en avant sera quand (les généraux) feront justement un pas en
avant en rencontrant Suu Kyi".
"En attendant, c'est beaucoup de parlotte, et on entend ça depuis des années".
Mme Suu Kyi, dont le dialogue avec la junte en vue d'une "réconciliation
nationale" avait été réduit à néant par l'attaque du 30 mai,
a des contacts discrets, à un niveau inconnu, avec des représentants
du gouvernement.
Mais celui-ci n'a pas encore ouvert de discussions politiques avec les
partis sur sa "feuille de route" en vue d'une démocratisation,
selon une source informée.
Les observateurs les plus optimistes espèrent une liberté de mouvement
pour Mme Suu Kyi et ses lieutenants dans les semaines à venir,
et en tout cas avant la réunion Europe-Asie en octobre à Hanoï de l'ASEM,
forum régulièrement empoisonné par la question birmane.
"C'est sûr que s'il y a des progrès sérieux avant octobre, cela simplifiera
la réunion de l'ASEM", note un diplomate.
La Norvège rejoint le Bangkok
Process
Bangkok Post, 25 février
La Norvège a accepté de se joindre d’ici le milieu de cette année au second
round du Bangkok Process sur la feuille de route birmane pour la démocratie,
a affirmé le porte-parole du Ministre des affaires étrangères thaïlandais,
Sihasak Phuangketkeow, le 24 février.
Le Premier Ministre Surakiart Sathirathai a obtenu cette promesse lors
de discussions avec son homologue norvégien Jan Petersen, en visite dans
le pays le 24 février, a ajouté le porte-parole. " La Thaïlande se réjouit
de voir ce pays prendre part au deuxième round du Bangkok Process. Nous voulons
voir la Norvège participer à ce meeting parce que ce pays a joué un rôle
important dans d’autres processus de paix ", a déclaré le porte-parole.
Interrogé sur la participation éventuelle des Etats-Unis à cette réunion,
le porte-parole a répondu que bien que les Etats-Unis n’étaient pas directement
impliqués dans ce processus, ils avaient néanmoins fait connaître leur position
de soutien au processus et d’espoir que ce processus avancerait.
La réunion du Bangkok Process pourrait avoir lieu avant le milieu de cette
année. La Thaïlande estime que la convention nationale en Birmanie se tiendra
juste après.