Edito
"La Birmanie peut obtenir un partenariat politique et économique euro-asiatique si la dirigeante de l'opposition Aung San Suu Kyi n'est plus assignée à domicile et si son parti peut jouer un rôle dans la rédaction d'une constitution, ont annoncé des ministres de l'Union européenne. Malgré la forte opposition des Pays-Bas et de la Grande-Bretagne, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont retransmis ces conditions pour l'adhésion de la Birmanie au sommet Europe-Asie (ASEM) lors des pourparlers qui se tiennent ce week-end près de Dublin, a annoncé samedi le ministre néerlandais des Affaires étrangères Ben Bot".
Cet extrait d'une dépêche d'Associated Press sonne comme une réponse quelque peu inquiétante à nos propos de la semaine dernière (édito de Net Hebdo 63):
"(…) soit à l'inverse les généraux se contentent actuellement de donner à peu de frais des gages de bonne volonté à la Communauté Internationale, tout en empêchant dans les faits l'avènement d'un système démocratique. Dans cette deuxième hypothèse, le risque serait grand de voir le régime banalisé (en étant par exemple accepté au sein des réunions de l'ASEM) sans avoir évolué le moins du monde. A cet égard, on suivra avec intérêt les résultats de la prochaine rencontre de Bangkok, mais aussi de celle de Dublin entre les partenaires européens et asiatiques de l'ASEM ce week-end."
Mais d'autres déclarations, rapportées par l'AFP, tempèrent la première:
" Les ministres européens ont résisté aux pressions de leurs homologues asiatiques, estimant que la situation n'était pas encore mûre pour cette reconnaissance internationale que jusqu'à présent ils ont toujours refusée."
Ou plus loin,
"Mais les ministres européens estiment que le compte n'y est pas encore, et repoussent toute avancée à la prochaine réunion du partenariat euro-asiatique, au Japon au mois de mai, au niveau des hauts fonctionnaires."
Ce week-end aura donc apporté, une fois de plus, son lot de bonnes nouvelles et de nouvelles inquiétudes. Les bonnes nouvelles, c'est la réouverture des bureaux de la NLD à Rangoun, et peut-être encore plus la manifestation pacifique de 400 supporters du parti d'Aung San Suu Kyi, qui ne s'est apparemment ensuivie d'aucune arrestation, ce dont on ne peut que se réjouir. Mais on suivra bien sur de prés l'évolution de la position de l'Union Européenne, et du reste de la Communauté Internationale. Le temps n'est pas encore venu, loin s'en faut, de relâcher la pression sur la junte birmane, ou de se contenter de ce qui il y a un an etait un acquis: la liberté de mouvements et de parole du Prix Nobel de la Paix.
La priorité, aujourd'hui, c'est que "la convention qui doit préparer la démocratisation de la Birmanie soit largement ouverte (aux différents partis) et que les restrictions qui pèsent sur Aung San Suu Kyi soit levées", selon les propres termes de Brian Cowen, le ministre des Affaires étrangères irlandais.
Réouverture du siège du principal parti d'opposition
Source: Le Monde, 17 avril 2004
La junte birmane a rouvert, samedi 17 avril, le siège de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), fermé il y a près d'un an à la suite d'affrontements entre des partisans de la LND et des éléments pro-gouvernementaux. Ce geste était attendu en préambule d'une levée de l'assignation de Mme Suu Kyi, prix Nobel de la paix, et de Tin Oo, vice-président du parti, derniers hauts responsables de la LND à être en résidence surveillée après leur arrestation le 30 mai 2003.
Ces derniers n'ont cependant pas encore recouvré la liberté samedi matin.
Depuis qu'elle a subi une grave opération, en septembre, Suu Kyi est assignée à résidence dans sa maison de Yangon, au bord d'un lac. Son téléphone est coupé et ses visiteurs sont triés sur le volet. La LND est considérée par une grande partie de la communauté internationale comme le gouvernement légitime du Myanmar. Elle avait remporté haut la main les dernières élections législatives dans le pays, en 1990, mais la junte a refusé de lui céder le pouvoir.
Des témoins ont indiqué que la chaîne et le verrou qui avaient été posés sur la grille d'entrée avaient été retirés mais qu'aucun membre du parti n'était arrivé à cette heure matinale du jour de l'an birman. Des sources de la Ligue ont indiqué qu'il n'y aurait pas d'activité au siège avant lundi en raison de la célébration du nouvel an traditionnel. Par ailleurs, les permanences du parti dans le pays sont restées closes.
Lorsque elle avait été libérée en mai 2002 d'une précédente période d'assignation à résidence de 19 mois, Mme Suu Kyi s'était immédiatement rendue au siège de la Ligue où elle avait été accueillie par une liesse populaire. Environ 400 membres de la LND ont traversé Rangoun, samedi, pour demander la libération de Mme Suu Kyi, mais ils ont été bloqués par la police anti-émeutes à proximité de son domicile.
La réouverture du siège doit, dans l'esprit du gouvernement militaire, permettre à la LND de fonctionner à nouveau normalement alors qu'elle a été invitée à participer, à partir du 17 mai, à une convention nationale en vue d'une démocratisation. Cette convention devra rédiger une Constitution et doit rassembler représentants du gouvernement, des partis politiques et des minorités ethniques. La LND, dont des responsables ont reçu des invitations nominales ces derniers jours, a clairement dit qu'elle ne pourrait se prononcer sur son éventuelle participation que si sa Commission exécutive centrale (CEC) au complet pouvait se réunir, c'est à dire si Mme Suu Kyi et Tin Oo étaient libérés. Une convention nationale sans participation de la LND, principale parti d'opposition, n'aurait aucune crédibilité, selon les experts.
La réouverture du siège de la LND intervient alors que l'Union européenne et l'ASEAN (Association des nations d'Asie du Sud-Est) plus la Chine, le Japon et la Corée du Sud débutent une rencontre ministérielle de deux jours samedi à Kildare, en Irlande, qui risque d'être assombrie par la question birmane. Cette réunion tenue dans le cadre du dialogue ASEM promet des débats difficiles sur le cas de la Birmanie, où l'Europe, qui a déjà imposé des sanctions, exige une amélioration de la situation des droits de l'Homme.
La Birmanie encouragée mais pas encore récompensée pour ses progrès
Source: AFP, 18 avril 2004
Les ministres des Affaires étrangères européens et asiatiques réunis à Straffan (Irlande) ont salué les progrès dans la situation politique en Birmanie, sans encore ouvrir la porte du partenariat politique Europe-Asie (l'ASEM) au régime au pouvoir à Rangoun.
Les ministres européens ont résisté aux pressions de leurs homologues asiatiques, estimant que la situation n'était pas encore mûre pour cette reconnaissance internationale que jusqu'à présent ils ont toujours refusée.
"Nous prenons note de ce qui s'est passé jusqu'à maintenant et nous recherchons de nouveaux progrès", a expliqué Brian Cowen, le ministre des Affaires étrangères irlandais qui présidait la réunion des ministres à Straffan, près de Dublin.
Les ministres ont salué les récents développements en Birmanie, avec notamment la fixation d'une date (le 17 mai) pour la convention qui doit démocratiser le pays, et la réouverture du siège de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), un geste qui laisse entrevoir la libération prochaine de sa dirigeante Aung San Suu Kyi.
Mais les ministres européens estiment que le compte n'y est pas encore, et repoussent toute avancée à la prochaine réunion du partenariat euro-asiatique, au Japon au mois de mai, au niveau des hauts fonctionnaires.
"Nous voulons que la convention" qui doit préparer la démocratisation de la Birmanie "soit largement ouverte (aux différents partis) et que les restrictions qui pèsent sur Aung San Suu Kyi soit levées" a souligné Brian Cowen devant la presse.
Les ministres asiatiques, sans vouloir provoquer de crise avec les Européens, ont de leur côté maintenu leur refus de principe de voir imposer des conditions à la Birmanie pour son entrée dans le cercle européano-asiatique.
Européens et Asiatiques doivent "encourager" la Birmanie à continuer à progresser, mais "je ne crois pas qu'imposer quelque chose du dehors serait la bonne réponse aux avancées vers la démocratisation de la Birmanie", a averti le ministre adjoint des Affaires étrangères japonais Hitoshi Tanaka.
Dans la matinée, les ministres thailandais Surakiart Sathirathai et chinois Li Zhaoxing avait tous les deux appelé à soutenir le processus de réconciliation nationale en Birmanie.
Il faut "résoudre rapidement" la question de l'intégration de la Birmanie dans le partenariat ASEM, a averti Li Zhaoxing.
"Nous respectons nos positions réciproques. Travaillons ensemble pour voir de nouvelles améliorations", a résumé Brian Cowen, qui a précisé que la décision politique d'intégrer la Birmanie dans l'ASEM relève de toute façon du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du partenariat, en octobre à Hanoi.
Les pays asiatiques participant à l'ASEM sont sept pays de l'ASEAN (Association des nations du Sud-Est asiatique), plus la Chine, le Japon et la Corée du Sud). La Birmanie, ainsi que le Cambodge et le Laos, font partie de l'ASEAN mais ne sont pas encore intégrés dans l'ASEM. La participation du Cambodge et du Laos ne pose pas de problème aux yeux des Européens.
La LND "exige" la libération de Suu Kyi, la réouverture de ses permanences
Source: AFP, 17 avril 2004
La Ligue nationale pour la démocratie (LND) a exigé samedi dans un communiqué la libération immédiate de sa dirigeante Aung San Suu Kyi et la réouverture de toutes ses permanences dans le pays.Le principal parti d'opposition en Birmanie a publié ce communiqué après avoir été autorisé à rouvrir sa permanence de Rangoun, une mesure qu'elle estime clairement insuffisante, et critique en termes forts le processus choisi par le gouvernement pour lancer une démocratisation, menaçant même de ne pas s'y associer.Mme Suu Kyi avait été arrêtée le 30 mai 2003 alors qu'elle circulait dans un un convoi de la LND qui était tombé dans une embuscade dans le nord de la Birmanie. Ces événements avaient entraîné une brutale vague de répression qui avait vu la fermeture immédiate de toutes les permanences de la Ligue dans le pays ainsi que de son siège de Rangoun."Nous exigeons la libération immédiate du vice-président Tin Oo et du secrétaire général Aung San Suu Kyi et la réouverture de toutes nos permanences", déclare la Ligue dans son communiqué."A cause de ces contraintes, nous pensons que la LND ne peut pas pleinement travailler".La Ligue critique aussi les conditions dans lesquelles la junte prépare la tenue d'une convention nationale à partir du 17 mai qui doit réunir gouvernement, partis politiques et minorités ethniques pour rédiger une Constitution."Nous ne prendrons pas de décision concernant la (participation de la LND à la) convention nationale sans la participation du vice-président et du secrétaire général", poursuit le texte.La Ligue estime aussi "nécessaire de revoir les objectifs de la convention de 1993" et "considère que les conditions présentes ne sont pas favorables à des discussions ouvertes et libres".Une précédente convention lancée en 1993 avait échoué en 1996, la LND en ayant claqué la porte en 1995 après l'avoir jugée non représentative."Nous nous opposons à la manière dont les invitations ont été envoyées individuellement, au lieu d'inviter le parti en tant que tel. Donc s'il n'y a pas de coordination ou de discussion entre les délégations, la nouvelle convention sera la même que la précédente et nous serons obligés de la quitter", avertit la LND.
Aung San Suu Kyi prochainement libérée (ministre thaïlandais)
Source: AFP, 18 avril 2004
L'opposante birmane Aung San Suu Kyi devrait être libérée "dans un futur pas trop lointain", a estimé dimanche le ministre thaïlandais des Affaires étrangères Surakiart Sathirathai en marge d'une réunion avec ses collègues européens et asiatiques à Staffran (Irlande).
"J'ai des raisons de croire que dans un futur pas trop lointain, elle sera libérée", a affirmé M. Surakiart devant les journalistes. "Mais pour savoir quand, adressez-vous au gouvernement birman", a-t-il ajouté.
Le ministre thaïlandais se trouve en Irlande pour participer à une réunion dans le cadre de l'ASEM, le partenariat entre l'Union européenne et l'Asie, consacrée notamment à l'évaluation de la situation en Birmanie.
Les pays asiatiques veulent que l'Europe lève son opposition à une participation de la Birmanie au partenariat de l'ASEM, en tenant compte des signes d'ouverture de la junte.
"La Birmanie a progressé" vers une ouverture politique intérieure, a plaidé M. Surakiart. "Nous devons soutenir (les Birmans) pour que le processus de démocratisation puisse continuer sans interruption", a-t-il affirmé.
Son homologue chinois Li Zhaoxing a lui aussi déclaré à Staffran qu'il y avait "un progrès dans le processus de réconciliation nationale en Birmanie", et qu'il fallait "encourager" ce processus.
La Chine pense qu'il faut "résoudre rapidement" la question de la participation de la Birmanie au partenariat euro-asiatique, a-t-il souligné.