Birmanie>Net Hebdo n° 68 - 14 mai 2004
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie



Sommaire 

  • La NLD boycotte la Convention Nationale
  • La Déclaration de la Junte du 19 avril 2004
  • Les groupes ethniques, partisans d’une modification des principes de la Convention
  • Des centaines d'inscriptions à la Convention Nationale


A noter;

la nouvelle de la non participation de la NLD à la Convention Nationale n'etant tombée que quelques heures avant la publication de cette lettre, certains des articles qu'elle contient s'en trouvent dépassés, au moins sur ce point. Nous les publions malgré tout, car ils ont gardé une trés large part de leur interet.

La NLD boycotte la Convention Nationale


Depuis le report sine die de la seconde réunion du Processus de Bangkok, deux questions agitaient toutes celles et tous ceux qui se soucient de la démocratisation de la Birmanie. La première etait de savoir si Aung San Suu Kyi serait libérée avant le 17 mai, jour de l'ouverture de la Convention Nationale. La seconde concernait la participation de son parti à ladite Convention.

La NLD vient donc de répondre aujourd'hui même, par la négative, à cette dernière interrogation. Selon les propres termes d' Aung Shwe, son président, la NLD "est parvenue à la conclusion qu'elle ne servirait pas les intérêts de la Nation en participant à la convention nationale. Nous avons décidé de ne pas participer parce que le gouvernement n'a pas satisfait nos demandes".
La décision a été applaudie par la centaine de militants réunis dans les locaux de la NLD, rouverts voici 1 mois.

Pourtant, ces fameuses demandes ne semblaient rien avoir d'exorbitant. La NLD demandait que ses deux leaders, Suu Kyi et Tin OO, soient libérés, que la possibilité soit donnée aux participants à la Convention Nationale de discuter les six objectifs et les 104 principes édictés par les militaires avant même le début de celle-ci, que chaque partie puisse choisir elle-même ses représentants, et que tous ses bureaux soient réouverts.

 Aucune de ces conditions n'étant réunies, le parti qui a gagné les élections de 1990 ne participera donc pas, ôtant du même coup toute légitimité à la Convention, qui se tiendra par ailleurs à quarante kilomètres de la capitale, aux abords de plusieurs camps militaires…

Quand à la première question, U Lwin, le porte-parole de la NLD, qui est allé voir Suu Kyi à sa résidence vendredi matin, a  indiqué que celle-ci avait eu des contacts avec des représentants du régime militaire qui lui avaient signifié ne pas envisager sa libération prochaine.


La Déclaration de la Junte du 19 avril 2004.
Source: The Irrawaddy, le 20 avril 2004

Par Kyaw Zwa Moe

La Junte militaire birmane a déclaré hier que la Convention Nationale se tiendrait en accord avec les 104 principes et  six objectifs qui avaient déjà mené la précédente Convention à sa perte. En effet, la Convention, qui s’était initialement tenue entre 1993 et 1996, fut ajournée en raison du retrait de la NLD qui avait jugé les principes employés non démocratiques.
Cette annonce,  faite par Lt-Gen Thein Sein, Président de la Commission de Convocation à la Convention Nationale et Sous-Secrétaire Général, fut retranscrite dans le journal d’Etat New Light of Myanmar. Elle est intervenue trois jours après que la NLD a manifesté sa position à l’égard de la Convention : " Si les mêmes procédures et les mêmes règles sont employées lors de la Convention, il ne nous paraît pas utile d’y participer. Le fonctionnement de cette Convention  et ses principes doivent être conformes aux valeurs démocratiques. "
Les six objectifs de la Convention incluent " un rôle politique majeur de l’armée dans le futur Etat. " Cette demande est fermement critiquée par l’opposition et les groupes ethniques. U Lwin a déclaré " il sera difficile pour la NLD de participer à la Convention selon de telles conditions. "
Les objectifs de la Convention comportent l’épanouissement d’un authentique système démocratique et multipartite ainsi que le développement de valeurs sociales comme la justice, la liberté et l’égalité. Mais certains objectifs soulèvent une controverse comme la non désintégration de l’union, la non désintégration de la solidarité nationale et la perpétuation de la souveraineté.
A ce sujet, U Lwin a déclaré " personnellement, j’aimerais voir le développement de la feuille de route de Kofi Annan, la libération d’Aung San Suu Kyi et des membres de la NLD ainsi qu’un dialogue avec les différents groupes ethniques et politiques. "
Selon le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, qui a critiqué la feuille de route de la Junte l’an dernier : " la seule façon de garantir la productivité et la crédibilité de la feuille de route en procédant de manière stable et ordonnée est d’impliquer, dès le départ, tous les partis politiques, les leaders nationaux, les minorités ethniques et les différentes strates de la société. "
D’autres groupes ethniques ont reçu des invitations pour assister à la Convention, mais ils n’ont toujours pas pris leur décision et continuent à demander un changement dans les objectifs et les principes qui garantiront leur pleine participation.  


Les groupes ethniques, partisans d’une modification des principes de la Convention.
Source: The Irrawaddy, le 21 avril 2004

Par Kyaw Zwa Moe

Les leaders des groupes ethniques birmans qui ont déjà décidé d’assister à la Convention, y compris ceux qui ont signé un accord de cessez-le-feu, souhaitent que le gouvernement militaire en modifie les principes afin de permettre un débat démocratique. Ainsi, différents groupes réagissent aux propos tenu par la Junte selon lesquels la Convention débuterait le 17 mai, selon les mêmes objectifs et principes que la précédente. 
Selon le Dr Tu Ja, Vice-Président de la KIO (Kachin Independance Organisation) : " A moins que le gouvernement ne change ses 104 principes de base, la Convention rencontrera de nombreuses difficultés (…). Nous voulons que la procédure change. "
Il assure que la KIO a déjà discuté des principes à modifier et prévoit de soumettre un projet au gouvernement, le moment venu. Il refusa toutefois de préciser quels principes étaient visés. Le leader de la KIO a cependant ajouté qu’une discussion s’impose au sujet de la participation des militaires au futur gouvernement civil, qui constitue l’un des six objectifs de la convention. En effet, si la Constitution est adoptée selon les 104 principes de base de la Junte, le Chef d’état-major des forces armées occupera la fonction la plus élevée sous l’autorité de la Constitution et les généraux seront placés au-dessus de la Constitution et de la Loi.
Néanmoins, la KIO, groupe ayant conclu un accords de cessez-le-feu,  pense toujours assister à la Convention, même si le Dr.Tu Ja espère que la junte y apportera quelques modifications. Selon la Junte, les 17 groupes ayant conclu de tels accords ont tous accepter.
Par ailleurs, le NMSP (New Mon State Party), signataire de ces accords et récemment invité à la Convention, a exprimé désaccord avec la position de la Junte sur la Convention. Le Secrétaire du NMSP, Nai Han Tha, a déclaré que son parti serait d’avis de rejeter la Convention si elle s’avère être la même qu’en 1993. Pour l’instant, le NMSP n’a pas décidé s’il participerait ou non à la Convention.
D’autre part, la KNU (Karen National Union), le plus important des groupes armés, a également exprimé son point vue sur la Convention. Le chef de la Commission des Affaires Etrangères de la KNU, David Taw, a expliqué que des secteurs-clés tels que l’administration, la législation et la justice avaient déjà fait l’objet de discussions entre 1993 et 1996 ; mais ces questions ne furent pas réglées de manière satisfaisante et n’encouragent pas la KNU à participer à cette nouvelle version de la Convention.
Toutefois, la KNU a conclut, en décembre dernier, un accord informel de cessez-le-feu avec le régime ; et selon David Taw, il serait profitable aux délégués que ces questions soient a nouveau librement abordées lors de la Convention.

Des centaines d'inscriptions à la Convention Nationale, mais la NLD reste incertaine
Source: The Irrawaddy, 13 mai 2004

Des centaines de délégués se sont inscrit pour la Convention Nationale de rédaction de la nouvelle constitution, mais, le principal parti
d'opposition dirigé par Aung San Suu Kyi, indispensable à la résolution dela question politique birmane, n'a toujours pas confirmé sa participation.

Des douzaines de bus transportant les délégués sont arrivés sur les lieux de la réunion à Nyaung Hnapin, dans la municipalité de Hmawbi à 40km deRangoun.
La junte a annoncé qu'elle prendrait en charge les frais de logement de plus de 1100 délégués, pour la durée de toute la Convention, qui commence lundi; elle n'a cependant pas précisé quand elle se terminerait.
Selon le règlement, les délégués doivent s'inscrire jeudi ou vendredi; passé ce délai, leur participation peut être refusée. Toutefois, la NLD de
Suu Kyi reste indécise car elle n'a aucune garantie de la part du gouvernement que les débats seront libres et ouverts, ce qui
constitue, selon le porte-parole U Lwin, une condition essentielle à sa participation. La NLD a formulé d'autres exigences comme la garantie que son opinion sera entendue, la révision des objectifs de la Convention et le libre choix des délégués participants.

Cinq délégués de chacun des dix partis politiques reconnus du pays ont été invité à participer, mais deux absences au sein de la NLD sont
significatives: Aung San Suu Kyi, lauréate du Prix Nobel de la Paix et Tin Oo, Vice Président du parti restent assignés à résidence.
"Nous attendons toujours une réponse du gouvernement. J'espère qu'elle arrivera." a déclaré U Lwin, refusant de donner plus de détails.
Rangoun a déjà été largement critiqué par les Etats Unis et l'Europe, concernant le non-respect des Droits de l'Homme dans le pays et les
détentions à répétition de Suu Kyi et d'autres figures de l'opposition.

Or, mercredi, l'Ambassadeur Suédois Jan Axel Nordlander, basé en Thaïlande, a déclaré lors d'une visite à Rangoun que la Convention serait
considérée comme un échec si la NLD n'y participait pas. "Nous espérons sincèrement que Suu Kyi et Tin Oo seront libérés dans les heures qui viennent ou au moins avant le début de la Convention Nationale."

Le National Unity Party, successeur du Socialist Party du dictateur Ne Win, a annoncé qu'il s'inscrirait vendredi. Le NUP a remporté dix sièges
lors des élections de 1990, que le gouvernement lui a concédé deux ans plus tard. La NLD est arrivé en tête du scrutin mais les généraux ont
refusé de céder la place.

La Birmanie ne dispose d'aucune constituttion pour l'instant, et selon la junte, la Convention constitue la première étape d'une feuille de route en sept points vers la démocratie. Le gouvernement militaire avait déjà convoqué une convention similaire en 1993, qui fut ajournée en 1995 suite au départ de la NLD qui déclarait avoir été forcé à ratifier les décisions de la junte.

La précédente convention avait établi six principes de base pour la nouvelle constitution, incluant un rôle politique de premier plan pour les
militaires actuellement au pouvoir. La junte a d'ores et déjà déclaré que la nouvelle convention reprendrait les travaux là où l'ancienne les avait
abandonné en 1995. Les délégués participant à la Convention sont divisés selon huit catégories, parmis lesquelles, les partis politiques et tout ceux qui ont remporté des sièges en 1990. La plupart de ceux qui se sont inscrit jeudi, dont 600 membres issus de différents groupes représentant les minorités  ethniques, appartiennent aux six autres catégories.



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