Birmanie>Net Hebdo n°78 - 10 janvier 2005
La lettre d'information hebdomadaire d'Info Birmanie



Sommaire 

  • Edito - Appel à don
  • Exclusivité Info Birmanie : Témoignage d'une touriste française en Birmanie
  • Communiqué de presse du député français Lionnel Luca. Birmanie : pas de nouvelles... Bonnes nouvelles ?
  • La junte birmane est accusée de masquer le bilan réel des morts et des destructions
  • Séisme en Asie: interrogations sur le bilan des victimes en Birmanie
  • Les travailleurs clandestins birmans oubliés des statistiques
  • Birmanie / séisme : des centaines de pêcheurs tués par le tsunami
  • En Birmanie, les populations lacustres ont été les plus affectées par le raz de marée
  • Birmanie. L’élargissement de près de 20 000 prisonniers, surtout des droits communs, semble lié aux règlements de comptes internes de la junte.
  • Nouvelle libération de prisonniers en Birmanie
  • Birmanie: un étudiant tué par une bombe dans le Sud-Est
  • Îles Andaman : Après les secousses et les vagues, la peur des crocodiles
  • Les rescapés des Andaman contestent le bilan officiel

Edito

La "catastrophe du siècle" peut en cacher d'autres.

Le glissement de la plaque tectonique indienne sous la plaque birmane est déjà considéré comme la "catastrophe du siècle". Les raz-de-marée consécutifs à un séisme sous-marin au large de l'Ile de Sumatra, suivis de tremblements de terre en chaîne allant des îles Andaman jusqu'au sud de l'état Shan en Birmanie focalisent aujourd'hui, en partie, l'attention de la communauté internationale. La longue liste des événements tragiques survenus dans les pays côtiers du golfe du Bengale est monstrueuse et elle risque de l'être davantage dans les années à venir, notamment si l'on cherche à connaître la réalité de ce qui se passe en Birmanie.

Le régime militaire birman (SPDC) a préféré, comme à son habitude, couvrir la situation par le secret total. Pour quelles raisons les militaires birmans n'ont-ils pas sauté sur l'occasion pour mettre la communauté internationale en porte à faux, en réclamant de l'aide humanitaire d'urgence ?
Aujourd'hui, comme hier, l'aide humanitaire d'urgence est nécessaire en Birmanie, que ce soit aux frontières de la Thaïlande ou du Bengladesh pour venir en aide aux réfugiés qui fuient les exactions commises par l'armée birmane, ou dans le Nord dans les états Shans, Kachins ou Chins, comme dans le Sud du pays avec les Karens, les Mons, les Karennis, les Tavoyans… Aujourd'hui, comme depuis 1988, la Birmanie est au bord du gouffre parce que le pouvoir militaire préfère l'autarcie raciste, plutôt que la transition démocratique.
Si Madame Aung San Suu Kyi avec son parti la LND gouvernait la Birmanie, nous sommes certains que ce pays n'aurait pas été tenu à l'écart des pays touchés par les vagues meurtrières !

Chaque jour en Birmanie, des milliers de personnes sont victimes de la politique désastreuse des militaires, notamment dans les régions interdites aux touristes, où nous sommes sûrs qu'aucun étranger aura perdu la vie. Sûrs ? Non, pas vraiment en fait, car la Birmanie est un de ces pays qui comporte sur son territoire une bonne partie de populations indésirables, par conséquent non reconnues, et donc non-identifiables.

Si l'on observe une carte de la région touchée, il est extrêmement difficile de ne pas se poser de questions sur les 2850 km de côtes birmanes exposées à l'impact des cataclysmes. Pourtant, de nombreuses cartes ou reportages de presse minimisent, voire excluent, touteanalyse sur la Birmanie.
La Birmanie serait-elle protégée sur ses frontières d'un mur de plomb, comme la France l'était pour s'épargner l'impact du nuage radioactif de Tchernobyl ? Non, définitivement, le martyr des Birmans n'intéresse pas la presse.

Selon nos estimations, il y a près de 50 000 personnes qui vivent dans les zones directement affectées par les tsunamis. Pour une bonne partie des populations lacustres et insulaires, dont la démographie est difficilement évaluable, le bilan serait beaucoup plus important que les 90 morts officiellement reconnus pour atteindre plusieurs milliers de victimes, et que nous denombrons déjà plus d'un millier de morts originaires de Birmanie sur le sol thaïlandais. Enfin, nous ne connaissons pas la portée réelle des tremblements de terre dont l'épicentre a été détecté sur le territoire birman, dans le sud de l'état shan.

Il est urgent de faciliter l'arrivée d'équipes d'assistance humanitaire sur le territoire birman, pour permettre de réduire les conséquences des tsunamis. Or nous savons qu'elle n'est pas favorisée par les autorités birmanes, ni même désirée. Le seul espoir repose sur les informations délivrées avec réserve par les agences onusiennes ou les ONG internationales qui ont signé des Memorandum of Understanding (accords de principe) et qui agissent légalement, sous contrôle, en Birmanie.
Cependant, nous savons qu'une assistance humanitaire s'organise déjà, de manière clandestine, depuis de nombreuses années à partir des frontières. Nous savons également qu'il existe sur place, une claire détermination de la population à sortir le pays de la dictature militaire, si la communauté internationale savait imposer le dialogue de réconciliation nationale qui aujourd'hui fait défaut. Les annonces des libérations massives de prisonniers (et peu de prisonniers politiques) ont pour objectif de manifester des signes positifs en apparence, mais se traduisent dans la réalité par un durcissement à l'égard de toutes les forces de contestation (la LND, le clergé bouddhiste, la presse…) ou d'opposition (celle des guerillas des minorités ethniques, et celle de la chasse aux derniers éléments des services de renseignements militaires dirigés par le Lieutenant-général Khin Nyunt, demis de ses fonctions en octobre 2004).

Au moment où des événements terribles secouent l'ensemble des pays côtiers du Golfe du Bengale, nous lançons un appel dans le tumulte des urgences, pour sauver la vie des Birmans et du prix Nobel de la paix 1991, Madame Aung San Suu Kyi. Nous espérons que cet appel soit entendu, car sa vie est mise en danger par les dures restrictions que lui impose désormais le SPDC.

Nous appelons toutes les forces vives à soutenir le combat pour la démocratie en Birmanie, afin que les 50 millions de citoyens en Birmanie puissent bénéficier de l'aide humanitaire d'urgence.
Nous diffusons cet appel, lancé depuis plus d’une décennie : "Usez de votre liberté, pour promouvoir les nôtres"
- pour porter la voix de la démocratie réduite au silence ;
- pour offrir un don aux actions de soutien aux démocrates de Birmanie ;
- pour demander à la communauté internationale de mener les opérations nécessaires en Birmanie pour évaluer sérieusement les dommages causés par les tsunamis ;

Chaque donation à but humanitaire dans le cas précis de la Birmanie est donc légitimement consenti pour une œuvre politique. L'urgence dans ce pays, si l'on veut secourir ce qui est secourable dans un état gangrené par la corruption, est de mettre un terme à la gestion dictatoriale du régime imposé par les militaires depuis 1962. Permettons que le raz de marée électoral de la Ligue Nationale pour la Démocratie, le 27 mai 1990, puisse enfin prendre en main les destinées gouvernementales du pays, à un moment où l'histoire ne laisse pas d'autre choix.

L’équipe d’Info Birmanie

Exclusivité Info Birmanie : Témoignage d'une touriste française en Birmanie

Reçu le 11 janvier 2005 - copyleft
"Je m'inquiète comme vous certainement des conséquences camouflées du tsunami en Birmanie. J'y ai passé trois semaines du 11 à fin décembre. J'étais à Rangoun le jour de la catastrophe, on y a ressenti le tremblement de terre vers 7h du matin, mais rien de très conséquent au niveau des dégâts. Je n'ai appris que quelques jours plus tard l'ampleur du tsunami en Asie. Rien n'a filtré dans les infos nationales avant plusieurs jours, et au début la junte ne parlait que des autres pays, puis progressivement a commencé à annoncer quelques dégât et dizaines de victimes dans le pays, pour aujourd'hui n'en déclarer que 90. Les birmans là-bas à Rangoun parlent d'au moins plus de 500 victimes, d'après ce qu'ils entendent ici et là de personnes des régions touchées venues sur la capitale. On peut imaginer que ce nombre est largement sous-estimé. D'après les dernières nouvelles que j'ai eu de birmans sur place, ils sont très inquiets pour les communautés de pêcheurs (comme les Moken) sur la bande côtière sud et les nombreuses îles au large (l'île Coco, où les services de renseignements militaires birmans et des prisonniers se trouvent, aurait été sévèrement touchée). Plus récemment, on m'a parlé de la région de l'Arakan, qui elle aussi aurait subi beaucoup de dégâts, notamment les îles au large. De plus, dans cette région, l'hiver est plus froid cette année, et les habitants des zones de l'Arakan souffrent du froid (les températures sont bien plus basses dans cette région que dans la plaine centrale). Voilà, si j'ai plus d'infos, je vous en ferai part."

Communiqué de presse du député français Lionnel Luca.
Birmanie : pas de nouvelles...bonnes nouvelles ?


Lionnel LUCA  -  Député de la Nation
Vice-Président du Conseil Général des Alpes-Maritimes
                                                                                                 Paris, 10 janvier 2005   

BIRMANIE : Pas de nouvelles… bonnes nouvelles?


Alors que la Birmanie est géographiquement proche du lieu du séisme sous-marin et n’a pas pu être épargnée par le raz de marée, nous sommes toujours sans aucune information sur les dégâts et les victimes sans nul doute aussi importants qu’ailleurs.

La junte militaire veut éviter que le monde découvre la réalité tragique que vit le peuple birman sous sa dictature et veut empêcher l’aide internationale de remédier à sa souffrance.

J’ai demandé à Michel Barnier, notre ministre des affaires étrangères, d’intervenir auprès du gouvernement birman et du Secrétaire Général de l’ONU pour que le goulag birman  ouvre enfin ses portes…

                                                                
                               Lionnel LUCA
                               Fondateur du Collectif des Parlementaires Français pour la Birmanie Libre

CONTACT PRESSE
Marie Huteau
Tel. : 01.40.63.76.87 - Fax : 01.40.63.76.35
Courriel : marie.huteau@lionnel-luca.org - Internet : http://www.lionnel-luca.org


La junte birmane est accusée de masquer le bilan réel des morts et des destructions


LE MONDE,  le 5 janvier 2005 à 14h29
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-392997,0.html

L'évaluation de la situation reste controversée.

Phuket de notre envoyé spécial

La Birmanie cache-t-elle l'ampleur des dégâts provoqués par le tsunami du 26 décembre ? Dix jours après le désastre, personne n'est encore en mesure de donner une estimation convaincante du nombre de victimes et de la nature des destructions dans ce pays fermé et très pauvre. 

Officiellement, la junte militaire à Rangoun s'en tient à son bilan initial de 53 morts, d'une vingtaine de disparus et d'environ 800 sans-abri. Mardi 4 janvier, un porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) à Genève
estimait toutefois que plusieurs centaines de pêcheurs avaient "probablement" trouvé la mort, et que 30 000 personnes avaient besoin de nourriture, d'eau, d'abri et de médicaments. L'organisation devrait effectuer, mercredi, une visite dans le sud du pays.

En visite officielle à Phuket (Thaïlande), mardi, Colin Powell déclarait de son côté que l'examen des photos par satellite suggérait que "la Birmanie n'a pas été frappée aussi fortement que les autres nations de la région". Puis le secrétaire d'Etat américain a nuancé : "Les informations que nous avons restent approximatives et limitées." Le 28 décembre, les agences onusiennes avaient avancé, elles, le chiffre de 90 morts.

SIGNES DE DÉTENTE

Les organisations de dissidents, comme le gouvernement national de coalition de l'Union de Birmanie, basée aux Etats-Unis, ou Democratic Voice of Burma, un journal en ligne tenu par des exilés en Norvège, parlent de 200 à 600 morts, voire plus. Ils accusent la junte de masquer la vérité et de bloquer l'accès aux zones touchées. Des témoignages anonymes recueillis par ces organisations parlent de destructions sur les îles Coco, où existent des installations militaires d'écoute, et où sont également présents des militaires Chinois.

Pourtant, la junte de Rangoun a donné quelques signes de détente, depuis l'éviction du général Kim Nyunt par le général Than Shwe en novembre. Lundi 3 janvier, à l'occasion de la Fête de l'indépendance, la junte a libéré 5 500 prisonniers, dont plusieurs journalistes et dissidents. Un journaliste birman interviewé par Democratic Voice of Burma se félicitait que, pour la première fois,
la junte avait invité des "journaux et magazines privés" à la conférence de presse donnée deux jours après le tsunami.

Une visite effectuée en Birmanie le 2 janvier (Le Monde du 4 janvier), dans la division de l'Irrawaddy, à la frontière de la Thaïlande, n'a pas révélé de nervosité particulière, ni de présence militaire ou policière visible sur les routes autour de la ville. Sur place et dans deux villages de pêcheurs avoisinants, les témoignages sur le nombre de morts sont souvent contradictoires. Les locaux auraient-ils reçu des consignes de silence ? Il semble plus probable que ces populations très pauvres, vivant plus ou moins en autarcie, soient le cadet des soucis du régime.

De même, Rangoun se montre peu préoccupé par le sort de ses ressortissants victimes de la tragédie en Thaïlande. Quelque 5 000 Birmans - une population difficile à dénombrer car souvent composée de clandestins - travaillaient dans les provinces sinistrées de Phuket et Phang-Nga, essentiellement dans la pêche, la construction et pour le tourisme. Plusieurs centaines auraient trouvé la mort, notamment dans le gros village de pêcheurs de Baan Nam Khem, au sud de Takuapa, où 3 000 des 5 000 villageois ont disparu.

Une partie des rescapés de la région souhaiteraient rentrer en Birmanie. Le gouvernement thaïlandais, aidé par l'ONG World Vision, s'est occupé de transférer près de 700 personnes dans un centre de transit, ouvert le 30 décembre dans la ville de Ranong, à la frontière. Les trois premiers jours, environ 250 Birmans - des femmes, des enfants et des blessés - ont pu retourner dans leur pays. Mais, depuis mardi, les autorités birmanes refusent d'accepter les suivants et près de 500 Birmans sont bloqués à la frontière.

"Ces émigrés birmans ont visiblement été choqués par ce qui est arrivé et, comme souvent après les catastrophes, ils veulent rentrer chez eux, observe Elsa Laurin, une représentante de l'Unicef jointe mercredi à Ranong. Même si certains n'ont pas de papiers d'identité, le gouvernement thaï a choisi de les traiter tous comme des victimes et de les aider."

Brice Pedroletti - ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 06.01.05


Séisme en Asie: interrogations sur le bilan des victimes en Birmanie


http://www.24heures.ch/home/journal/index.php?Page_ID=12437&id=227104&rubrique_news=international
       

BANGKOK, le 5 janvier 2005 à 04:33 (AP) - Même après avoir regardé des photos satellite de la Birmanie, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a déclaré ne pas être certain de la véracité du bilan des victimes des tsunamis en Birmanie, où la junte militaire affirme que seuls 59 personnes ont été tuées par les raz-de-marée.
« Je ne sais pas si il faut les croire ou pas», a déclaré mardi Colin Powell en visite dans la Thaïlande voisine, où plus de 5.000 personnes ont été tuées et 4.000 autres sont toujours portées disparues. Selon les organisations humanitaires, au moins 90 personnes sont mortes sur la côte sud de la Birmanie, mais les dissidents et les exilés birmans estiment que le véritable bilan s'élève à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de morts.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), environ 30.000 personnes ont besoin d'assistance en Birmanie.
« Dans un premier temps, le gouvernement birman a cru qu'il pouvait gérer le problème seul, mais ils sont revenu sur leur position. Alors notre offre d'aide a été acceptée», a précisé Simon Pluess, porte-parole du PAM, programme onusien basé à Genève.
Colin Powell a déclaré pour sa part que d'après les photos satellite, la Birmanie n'a pas été aussi touchée que les autres pays d'Asie du Sud, une estimation partagée par les organisations humanitaires, du moins en ce qui concerne l'intérieur du pays.
Mais la situation sur les côtes et les îles birmanes est moins claire. Alors que nul ne connaît la population exacte de la Birmanie, il est d'autant plus difficile d'avancer un bilan des victimes dans ce pays fermé, où la junte militaire au pouvoir ne laisse infiltrer que très peu d'informations.
Selon Aymeric Peguillan, porte-parole de Médecins sans frontières (MSF) en Suisse, une équipe de MSF a visité l'île birmane de Lampi, de la taille de Phuket en Thaïlande, et a constaté qu'il y avait peu de dégâts. Le Comité international de la Croix Rouge et la Croix Rouge birmane devaient se rendre mercredi dans les îles birmanes pour évaluer la situation sur place, a précisé le porte-parole du CICR, Eros Bosisio.
Selon Zin Linn, porte-parole de la Coalition nationale du gouvernement de l'Union de la Birmanie, une organisation regroupant les dissidents et les exilés birmans, le bilan est entre 400 à 600 morts.
Quant à So Myint, rédacteur en chef d'un site Internet pro-démocratique birman, le bilan pourrait s'élever à 5.000 morts.


Les travailleurs clandestins birmans oubliés des statistiques

http://www.marianne-en-ligne.fr/exclusif/virtual/sant/e-docs/00/00/2A/B2/document_web.md?type=text.html

Le 04/01/2005 à 10 h 00

Installés en Thaïlande pour des raisons économiques, plusieurs milliers d’immigrés birmans ont sans doute perdu la vie dans le raz-de-marée…dans l’indifférence générale.

Alors que la communauté internationale s’interroge sur le nombre exact de victimes en Birmanie, le sort des travailleurs migrants passés en Thaïlande reste incertain. Officiellement, le gouvernement thaïlandais compte 5139 immigrés birmans et curieusement, aucun d’entre eux ne figure sur la liste des personnes décédées… Ces statistiques sont d’autant plus fausses que le nombre de clandestins venus de Birmanie est en constante augmentation. La communauté birmane aurait-elle miraculeusement survécu au tsunami ? Certainement pas, mais le gouvernement thaïlandais a bien trop à faire entre les touristes occidentaux et ses propres ressortissants pour se préoccuper des immigrés venus d’un des pays les plus pauvres de la planète.

« Ils ont été totalement oubliés », commente Somyos Leetrkul, membre de l’ONG « World Vision ». C’est lui qui a découvert un camp de réfugiés birmans dans les collines, où plus de 500 personnes ont trouvé refuge après avoir fui la côte. Privés d’eau potable, de nourriture et de médicament, ces Birmans tentent de survivre sans bénéficier d’aucune aide extérieure. « Ils veulent rentrer chez eux et revoir leur famille », explique le travailleur humanitaire. Un retour bien plus difficile à organiser que celui des touristes occidentaux.

Auteur : Anna Topaloff


Un village de pêcheurs de Birmanie balayé par le tsunami

http://www.courrierinternational.com/AFP/depeche.asp?obj_id=050103081905.jbo7r3su

KHA PYAT THAUNG (Birmanie), 09:19, le 3 janvier 2005 (AFP)

Un village birman de quelque 600 pêcheurs a été totalement balayé par le tsunami du 26 décembre, laissant 17 morts et des vies brisées sur les côtes de ce pays isolé.

La plupart des victimes étaient des enfants jouant sur la plage devant les eaux habituellement calmes de la mer des Adamans. Une vague de 10 mètres a anéanti leur vie et pulvérisé les huttes en bois du bord de mer, ont indiqué des villageois à l'AFP.

"Notre petit campement de pêcheurs a été balayé par la vague. Tout a été emporté, toutes les cabanes ont été détruites et 17 personnes ont été tuées, des enfants surtout", déclare un habitant, Ko Myo Tun, dans l'un des premiers témoignages directs recueillis dans ce pays où l'information ne circule guère.

Les journaux officiels ont actualisé lundi le bilan à 59 morts et trois disparus, tandis que l'Onu sur place a fait état de 90 morts. Ce pays d'Asie du Sud-Est semble avoir été largement moins touché par les raz-de-marée qui ont fait plus de 140.000 morts dans les pays voisins, Indonésie, Sri Lanka, Inde et Thaïlande en tête.

A 350 km au sud-ouest de la capitale Rangoun, dans la division d'Ayeyarwaddy, le village nomade s'était installé là il y a seulement un mois, à la faveur de la fin de la saison des pluies. Le tsunami a provoqué de nombreuses destructions dans les environs de Kha Pyat Thaung, a constaté la journaliste de l'AFP. Plusieurs villages voisins tentent de remettre debout leurs cabanes de bois.

"Dès qu'on a vu cette vague incroyable venir vers nous on s'est tous précipités vers les hauteurs, emmenant avec nous certains des enfants qui jouaient", explique Myo Tun. "Mais ceux qu'on n'avait pas pu faire remonter, 14 au total, ont été emportés sous nos yeux", dit-il, bouleversé. Les enfants avaient entre deux et six ans. Trois femmes ont aussi été tuées quand les vagues ont aplati le village.

Les communications dans les zones côtières éloignées du pays dirigé par une junte repliée sur elle-même sont très difficiles. L'Unicef a averti que le bilan pourrait être bien plus élevé qu'on ne le croit, car de nombreux villages côtiers ont pu être touchés dans ce pays qui a 2.830 km de littoral, en général non développé et difficile d'accès.

Les dégâts semblent être les plus importants dans les divisions d'Ayeyarwaddy et de Tanintharyi, à la pointe sud du pays, frontalière de la Thaïlande. L'état Rakhine, dans l'ouest, aurait aussi souffert, et notamment les îles Co Co, selon l'Onu, qui s'inquiète du sort des villages de gitans de la mer.

La Croix rouge dans la division d'Ayeyarwaddy a annoncé que quelque 1300 personnes avaient besoin d'aide dans la zone de Labutta et le Programme alimentaire mondial (PAM) a été contacté pour acheminer de la nourriture.

Maung Maung, un pêcheur de 36 ans, a raconté à l'AFP, qu'il était en mer avec sept autres hommes lorsque leur bateau a chaviré. "On a chaviré mais on a réussi à tenir et à rester au-dessus de la surface jusqu'à l'arrivée des secours", dit-il. "J'ai paniqué quand je suis arrivé à terre et qu'on m'a dit que des enfants avaient été emportés", ajoute-t-il. "Je me suis précipité dans ma hutte et j'ai été soulagé de voir que mes deux petites filles et ma femme étaient saines et sauves, mais la hutte et tout ce qu'on avait a été emporté".

Mais d'autres ont eu moins de chance. Comme Tin Moe Kyi, une femme de 28 ans et mère de quatre enfants, qui a perdu son plus jeune enfant qu'une vague a arraché à la main de l'homme qui essayait de le sauver. Cette bouddhiste est allée dimanche au monastère déposer des offrandes en hommage aux victimes, dont son petit enfant. Les responsables du régime militaire ont survolé la zone en hélicoptère et ont fait acheminer de l'aide à ceux qui avaient perdu des proches.


Birmanie / séisme : des centaines de pêcheurs tués par le tsunami


http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=77279

GENEVE, 4 jan (AFP)

Des "centaines" de pêcheurs ont vraisemblablement été tués en Birmanie par le raz-de-marée dans l'océan Indien, a indiqué mardi le Progamme alimentaire mondial (PAM), alors que le régime birman a fait état jusqu'à présent de 53 morts et 21 disparus.

"On craint que des centaines de pêcheurs soient morts", a déclaré à l'AFP le porte-parole du PAM à Genève, Simon Pluess. "Quelque 30.000 personnes sont dans le besoin immédiat d'un abri, de nourriture, d'eau potable et de médicaments". M. Pluess a précisé que Rangoun avait lancé un appel à l'aide internationale le 30 décembre, quatre jours après que les régions côtières du pays eurent été frappées par le raz-de-marée. Cet appel comprend une demande d'aide alimentaire.

"Le gouvernement birman croyait pouvoir régler le problème par lui-même mais il a fini par faire appel à l'aide internationale", a observé le porte-parole. Samedi, les médias officiels birmans avaient fait état de 53 morts dans 17 villages de pêcheurs, ainsi que de 21 disparus, 43 blessés et 778 sans-abri. Le dernier bilan de l'ONU, donné le 28 décembre, faisait état d'au moins 90 morts. La Birmanie est frontalière de la Thaïlande, où le tsumani a fait plus de 5.000 morts, sur un total de plus 145.000 morts pour l'ensemble des pays frappés par la catastrophe.

La junte au pouvoir ne détaille que rarement les nombreux désastres naturels qui frappent régulièrement le pays. Les dégâts matériels, dans l'un des pays les moins développés de la planète, ont été officiellement évalués à quelque 53.000 dollars.

M. Pluess a indiqué qu'une équipe d'évaluation du PAM devait faire dans la journée une inspection de la région côtière de Khatong, considérée comme l'une des plus touchées par la catastrophe. Une mission similaire s'est rendue le week-end dernier dans la région d'Irrawaddy, où elle a découvert que 10.000 personnes nécessitaient une aide alimentaire immédiate. Le PAM coordonne la réponse des Nations unies dans cette région, en collaboration avec la Fédération internationale de la Croix-Rouge, a souligné M. Pluess.

En Birmanie, les populations lacustres ont été les plus affectées par le raz de marée

LE MONDE, le 03.01.05 à 15h03 ; http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-392709,0.html

Aucun officiel n'est passé, disent les villageois, et personne n'a rapporté les décès. A peine répertoriés, vivant pour certaines communautés en nomades, les sinistrés n'ont aucune idée de l'ampleur des destructions.

Kawthaung de notre envoyé spécial

A Ranong, au nord des provinces côtières qui abritent la plupart des zones touristiques dévastées de Thaïlande, il suffit de traverser le large estuaire de la rivière Chan pour passer en Birmanie. Les touristes qui n'ont pas de visa birman peuvent passer, pour 5 dollars, de un à trois jours dans la zone de Kawthaung, que les Britanniques appelaient Victoria Point à l'époque coloniale. 
Ils ne sont pas censés sortir d'un périmètre de cinq milles, à cause des actions de la guérilla Mon. Le poste d'immigration est sur pilotis, on y accède dans un de ces bateaux "à longue queue" qui sont le principal moyen de transport local. Le douanier, les dents rougies par le bétel, a visiblement peu d'informations sur les dégâts du tsunami en Birmanie. Officiellement, il aurait fait 53 morts et provoqué la destruction de 17 villages.

Gouverné par un régime militaire très dur, le pays est l'un des plus fermés et des plus pauvres d'Asie. Il est en pleine crise économique, et politique.

L'Unicef parle d'un bilan de 90 victimes, mais il pourrait être plus élevé de quelques centaines à quelques milliers. Et pour cause : les populations les plus touchées sont les habitants de villages lacustres à peine répertoriés, nomades, pour certains, ayant un niveau de vie très bas et de très nombreux enfants.

La petite ville de Kawthaung vit du commerce avec la Thaïlande et de trafics en tout genre. Des groupes d'adolescents proposent du Viagra et du Valium à des prix imbattables. Des panneaux bleu clair, en anglais et en birman, incitent à la lutte collective contre la drogue. La ville est dans l'estuaire, elle a été protégée. A la sortie de Victoria Point, on rejoint assez vite la côte de la mer d'Andaman. Toute la zone est parsemée d'îlots. Ils ont manifestement affaibli l'impact du tsunami.

DES ENFANTS SUR LE TAMARINIER

Ici, la route a été submergée et les maisons ont été inondées par la vague. Mais pas de murs affaissés comme en Thaïlande. Plus loin, en revanche, un grand pont de bois a été emporté. Une femme s'est noyée. Il faut faire un détour pour parvenir à Sitong, village de pêcheurs qui se trouve sur l'autre rive du bras de mer.

Quelques maisons ont été complètement détruites. Surtout, l'eau a monté, très vite. Il y a eu trois morts, dit-on ici, dont un homme qui se serait pendu, au moment de l'inondation, car il avait tout perdu. Les corps ont été brûlés un ou deux jours plus tard, disent les villageois. Aucun représentant des autorités n'est passé, affirment-ils, et personne n'a pris la peine de rapporter les décès.

Le village s'en est bien tiré, à voir la multitude d'enfants qui accourent au passage d'étrangers. Quand l'eau a monté, des adultes ont fait grimper 15 enfants sur un grand tamarinier, au centre du village. Tua Zar, une jeune femme de 28 ans, aux allures de garçon manqué, orpheline arrivée dans le village à 13 ans, en a pris deux sur son dos, et a couru sur le chemin, pieds nus. Rattrapée par l'eau, elle a tenu bon et sauvé les enfants. Mais elle n'a plus de chaussures.

De Sitong, on prend une pirogue à moteur pour accéder à l'île d'en face, où se trouve le village de Baloc Tong Tong, véritable cité lacustre. Les maisons sont perchées à un ou deux mètres au- dessus de l'eau. La jetée principale est en ciment. Il y a au bout un réparateur de moteurs de bateaux, puis une école où des enfants chantent, une bibliothèque avec des livres usés, enfin, une sorte de café où des hommes sont attablés au soleil. Sur la terre ferme, une petite maison surmontée d'un drapeau birman fait office de bâtiment officiel. Il y a près de 500 maisons, soit entre 1 000 et 2 000 personnes. Le village est orienté de telle sorte que la vague est arrivée de côté.

"La vague a frappé à 11 heures. On l'a vue venir au loin. Tout le monde a couru se réfugier dans la montagne", dit le "président" du village, un musulman, nommé Sadad. Dans les maisons sur pilotis, l'eau est arrivée à hauteur de poitrine. Trois cents foyers ont connu des dégâts, surtout du côté musulman, et plusieurs maisons ont été détruites ; les provisions, les fruits de la pêche, les filets ont été emportés. Mais pas de morts.

Personne n'a d'informations sur le sort des autres centaines de villages similaires de la division de Tanintharyi. Le chef ne connaît pas le chiffre officiel de victimes donné par le régime.

Une autre région birmane aurait été touchée, peut-être davantage : le delta de l'Irrawaddy, au sud-ouest de la capitale, Rangoun. La région est, elle aussi, composée de villages lacustres qui vivent de la pêche. Une partie des habitants sont nomades, ce sont des "gitans de la mer", d'ethnies Salone et Moken. Selon un envoyé spécial de l'Agence France-Presse, quinze enfants ont disparu dans un de ces villages, Kha Pyat Thaung.

Brice Pedroletti - ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 04.01.05


Birmanie. L’élargissement de près de 20 000 prisonniers, surtout des droits communs, semble lié aux règlements de comptes internes de la junte.


L'Humanité, article paru dans l'édition du 4 janvier 2005.
http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-01-04/2005-01-04-454079

Démocratisation de façade

L’apparence est trompeuse. La libération hier par le Conseil pour la paix et le développement de l’État, la junte au pouvoir en Birmanie, de 5 588 prisonniers, à l’occasion du 57e anniversaire de la fête de l’indépendance du pays, pourrait laisser penser à un adoucissement du régime. D’autant que cette quatrième vague de libérations depuis la mi-novembre porte le nombre total de personnes élargies des prisons du pays à 19 906. Pourtant, la répression du pouvoir contre les opposants, et notamment contre la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le principal parti d’opposition dont la large victoire aux élections législatives de 1990 a été annulée par la junte, ne s’est pas arrêtée.

Moins de cent « politiques »

Le 29 novembre, les généraux qui dirigent le pays ont annoncé la prolongation du placement en résidence surveillée d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix et dirigeante de la NLD. Cette dernière, qui avait été de nouveau arrêtée en mai 2003 après avoir pu profiter d’une année de liberté relative, a vu début décembre ses conditions de détentions se durcir. Par ailleurs, les arrestations de membres de son parti n’ont pas cessé. L’incarcération le 24 décembre d’un membre de l’organisation de jeunesse de la NLD était la cinquième en dix jours. Elle avait été précédée, le 14 décembre, par quatorze autres arrestations.

Surtout, moins de 100 prisonniers politiques sont concernés par les récentes vagues de libérations massives, dues pour l’essentiel à des règlements de comptes internes au régime. Fin 2004, Amnesty International estimait qu’encore 1 300 prisonniers politiques, parmi lesquels le journaliste Win Tin, âgé de soixante-quatorze ans et parrainé par l’Humanité, croupissaient dans les geôles birmanes. En réalité, ceux qui ont été élargis, depuis la mi-novembre, semblent avoir en majorité été arrêtés par les services secrets militaires (MIS), souvent pour des raisons plus proches d’intérêts commerciaux que pour des questions politiques. Le cas du journaliste sportif Zaw Thet Htwe, libéré hier, qui avait été mis en prison parce que, selon Reporters sans frontières, « un officier du MIS cherchait à éliminer ce journaliste gênant » est emblématique du poids de cette instance.

Car, pour le pouvoir à Rangoon, il s’agit surtout de faire table rase de l’ancienne puissance du MIS, dans la foulée de l’arrestation le 18 octobre dernier, officiellement pour corruption, du général Khin Nyunt, alors premier ministre et tout-puissant chef de ces services. Ce dernier s’était opposé pendant des années aux deux autres hommes forts du régime, le président général Than Shwe et le vice-président Maung Aye. Contre ces deux militaires de la vieille école, Khin Nyunt était, depuis 1988, l’artisan à la fois des cessez-le-feu négociés avec les guérillas ethniques et d’une ouverture économique d’un pays qui avait jusque-là fonctionné en quasi-autarcie. Sa mise à l’écart sanctionne l’échec de ses choix politiques aux yeux des autres caciques du régime, mais surtout, leur jalousie vis-à-vis des avantages croissants que s’était arrogés son clan dans la gestion de l’économie du pays, notamment dans le contrôle du commerce frontalier. L’arrestation de l’ancien chef de MIS a ainsi été l’occasion d’un vaste ménage. Le MIS a été démantelé et des dizaines de milliers de ses membres ont été arrêtés, limogés ou mis à la retraite.

Libérations en trompe-l’oeil

Ce grand nettoyage s’inscrit dans la perspective de la réunion de la convention nationale prévue pour février prochain. En août 2003, Khin Nyunt avait initié sous le nom de « feuille de route », un pseudo-processus de dialogue démocratique devant aboutir à la réunion d’une convention chargée de rédiger une nouvelle constitution, en vue de l’organisation d’élections. Pour le régime, ce programme permet de donner l’apparence d’ouverture dont il a besoin pour prendre, en 2006, la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est. La permanence de la dictature à Rangoon est, en effet, un embarras pour les autres membres de l’organisation régionale, car elle constitue le motif
récurrent d’accrochages avec l’Union européenne. Aussi la mise à l’écart de Khin Nyunt ne devrait pas remettre en cause ce programme qu’un diplomate interrogé par l’AFP qualifie de « démocratie disciplinée ». En clair, en l’absence de la NLD, qui a décidé en avril dernier de boycotter la convention nationale tant que ses principaux leaders, dont Aung San Suu Kyi, n’étaient pas libérés, la junte devrait poursuivre cette démocratisation de façade. Tout en redorant son blason à coup d’annonces de libérations et de dialogue avec certains petits partis politiques dénués de légitimité, il semble n’avoir toujours pas l’intention d’entamer un processus de démocratisation ouvert à tous.

Camille Bauer


Nouvelle libération de prisonniers en Birmanie

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-392687,0.html

02.01.05 ; 19h08 ; LEMONDE.FR

Le gouvernement militaire birman a annoncé, dimanche 2 janvier, qu'il avait libéré 5 588 prisonniers dans la perspective du 57e anniversaire de la fête de l'Indépendance, qui sera célébré le 4 janvier, ce qui porte à 19 906 le nombre total de détenus élargis en six semaines.

"Les prisonniers sont libérés pour bonne conduite et bonne contribution à l'Etat pendant leur détention et aussi en l'honneur du 57e anniversaire de l'Indépendance", a annoncé la junte sur la radio publique. Cet élargissement porte à 19 906 le nombre prisonniers, dont beaucoup sont considérés comme ayant commis des délits mineurs, relâchés par les autorités depuis le 18 novembre. 

Pour les trois précédentes vagues d'élargissement, la radio officielle avait expliqué que les prisonniers avaient été incarcérés en raison d'"irrégularités" commises par le Bureau national du renseignement (NBI), un organe des services de renseignements militaires, aujourd'hui dissous. Aucun chiffre concernant les libérations n'a pu être vérifié de source indépendante jusqu'à présent.

UNE CINQUANTAINE DE PRISONNIERS POLITIQUES

Sur le total des personnes libérées figurent une cinquantaine de prisonniers politiques, selon les partis d'opposition, dont la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi. La grande majorité des personnes relâchées sont des détenus de droit commun condamnés à des peines réduites ou qui avaient déjà été accomplies.

Les dissidents les plus connus à avoir recouvré la liberté sont trois hommes dont la libération avait été demandée maintes fois par les organisations de défense des droits humains : Min Ko Naing, dirigeant étudiant des grandes manifestations pro-démocratiques de 1988, Htwe Myint, ancien vice-président du petit parti d'opposition "Parti de la démocratie", et le président de ce parti, Thu Wai, tous deux après plus de neuf ans de prison.

Ces trains de libérations surviennent alors que la junte semble soucieuse de marquer une rupture avec l'ère du général Khin Nyunt, le premier ministre et chef des renseignements militaires, limogé soudainement le 18 octobre pour corruption. Le NIB était l'une des branches des renseignements militaires sur lesquels Khin Nyunt, aujourd'hui en résidence surveillée, avait assis son pouvoir.

La junte souhaite aussi peut-être s'attirer enfin quelques encouragements, alors que sa récente décision de prolonger d'un an l'assignation à résidence de Mme Suu Kyi, prix Nobel de la paix, lui a valu de nombreuses critiques dans les pays occidentaux.

Le pays compte une quarantaine de prisons et autant de camps de rééducation. L'organisation de défense des droits humains Amnesty International a récemment estimé à 1 300 le nombre de prisonniers politiques dans le pays gouverné d'une main de fer par les militaires depuis 1962.

Avec AFP

Birmanie: un étudiant tué par une bombe dans le Sud-Est

http://www.edicom.ch/news/international/041225060133.sa.shtml

25 décembre 2004 ; 6:01 ; ATS

RANGOON - Un étudiant âgé de 21 ans a péri dans l'explosion d'une bombe vendredi à Pha-An, dans l'Etat de Karen frontalier de la Thaïlande, dans le sud-est de la Birmanie. L'engin était dissimulé dans un lecteur de cassettes abandonné sur le toit d'une voiture.
L'engin a explosé lorsque le jeune homme a mis en marche l'appareil par pure curiosité, a indiqué le journal gouvernemental «Myanma Ahlin». Trois autres étudiants ont également été blessés dans la déflagration.
Mardi, un employé de restaurant de Rangoon avait trouvé la mort dans un premier attentat à la bombe. Deux hommes qui ont été aperçus en train déposer un colis suspect dans l'établissement peu avant l'explosion sont activement recherchés par la police.
La junte militaire au pouvoir dans l'ancienne Birmanie depuis 1962 a attribué les précécents attentats à des «éléments destructifs» - expression souvent utilisée par les généraux pour désigner les opposants politiques et les groupes ethniques qui se battent pour l'autonomie.


Îles Andaman : Après les secousses et les vagues, la peur des crocodiles
(REPORTAGE)

PORT BLAIR (Inde), 3 janvier 2005 (AFP) - Les habitants de la petite île de Hut Bay, dans l'archipel indien des Andaman, sévèrement touchée par le séisme suivi de raz-de-marée du 26 décembre en Asie, seraient désormais menacés par les crocodiles chassés de leurs abris. Dans cette île à quelque 1.000 kilomètres à l'est de l'Inde continentale, dans le golfe du Bengale, les prédateurs ont en effet été privés des criques où ils logeaient par les dévastateurs tsunamis, ont raconté des habitants qui ont fui cette zone sinistrée.
Ils errent autour des embarcadères détruits, pendant que les garde-côtes tentent d'empêcher des attaques. "Certains font 3,3 mètres de long", explique le garde forestier Mohammad Hanifa, réfugié à Port Blair, la capitale des Andaman. "Ces animaux rendent les évacuations très difficiles", ajoute un autre garde de l'île, Ram Kishan.
Hut Bay, 10.000 habitants, est située à quelque quatre heures de mer de Port Blair, au sud. Les deux hommes, employés par le département de l'Environnement indien, ont fui l'île avec leurs familles après que leurs maisons aient été détruites par la déferlante. Mais des milliers de personnes y seraient encore bloquées, manquant d'eau et de vivres.
"Des garde-côtes se sont approchés en hors-bord et ils ont dû repousser des crocodiles pour faire monter des gens à bord", affirme Ram Kishan. "Maintenant, ils se servent d'avions de la Marine", dit-il en expliquant que ces évacuations sont moins périlleuses.
Un autre garde, Mohammed Zainuddin, qui a échappé aux vagues en mettant toute sa famille sur un scooter, dit avoir observé un comportement inhabituel chez les crocodiles.
"Après toutes ces années dans les Andaman, c'est la première fois que je vois autant d'agressivité chez les +crocs+. Il se peut que les tsunamis aient englouti la faune marine et que ces créatures soient affamées", estime le spécialiste.
Un autre expert, S.R. Mehta, conservateur en chef de la vie sauvage et des forêts des Andaman, exprime toutefois sa surprise.
"C'est vrai, il y a beaucoup de crocodiles dans les Andaman du centre et du sud, mais nous n'avons jamais enregistré d'attaques contre des humains", dit-il. "Il n'est pas exclu qu'ils mangent des cadavres, mais nous n'avons pas non plus d'informations là-dessus", ajoute-t-il, refusant de confirmer des informations selon lesquelles des crocodiles ont attaqué des blessés dans l'île de Car Nicobar.
Les archipels des Andaman et Nicobar, habités par environ 350.000 personnes, sont par endroits très proches de l'épicentre du séisme qui s'est produit le 26 décembre au large de l'Indonésie.
Selon le dernier bilan livré par les autorités fédérales, au moins 818 personnes se trouvant sur ces îles éparpillées sur 800 kilomètres, entre la Birmanie, au nord, et l'Indonésie, au sud, sont mortes et plus de 5.000 y sont portées disparues.


Les rescapés des Andaman contestent le bilan officiel (REPORTAGE)

PORT BLAIR (Inde), 31 décembre 2004 (AFP) - Les rescapés des archipels indiens des Andaman et de Nicobar, tirés de leur enfer à bord de bateaux et d'avions de l'armée indienne, accusent les militaires d'avoir éparpillé des familles et répriment à peine leur colère face à la faiblesse des bilans officiels.
"Je veux mon père. Il me manque. Je veux retourner dans mon île!": Tapila Abrahim, 18 ans, est née à Chowra, miette des Andaman, ensemble d'îles coralliennes à la végétation tropicale située à quelque 1.000 km à l'ouest des côtes indiennes.
Vendredi, elle était perdue au milieu de 522 sans abri, déposés comme elle dans un refuge de Port Bay, après avoir été ramassés par l'armée dans des dizaines d'îles et d'îlots des deux archipels qui s'étendent sur 800 km, du nord au sud, entre la Birmanie et la pointe nord de Sumatra (Indonésie).
La police estime qu'un tiers de la population de Chowra - soit 1.000 insulaires sur 3.000 - a été emportée par les flots dévastateurs de dimanche.
Cette île située à seulement 200 km de Sumatra était en effet très proche de l'épicentre du séisme qui a déclenché des raz-de-marée dans toute l'Asie du sud et sud-est, tuant plus de 125.000 personnes. Dans le même centre, Matella George, 22 ans, également originaire de Chowra et blessée à la jambe, n'arrive pas à oublier les scènes d'horreur, puis de séparation.
"Nous avons fui vers les forêts et nous nous sommes accrochés aux arbres... mais quand la Marine est arrivée, ils n'ont pris que moi. Je ne sais même pas si ma famille est vivante, personne ne sait", dit-elle.
Sarasamma Sasi, de Hut Bay (10.000 habitants) accuse même l'armée de n'avoir secouru que les femmes et les enfants, plus légers dans les avions en charge des évacuations. "Nous avons été entassés comme du bétail dans l'avion. Moi, je veux juste savoir ce qui est arrivé (à ma famille, NDLR) et aux gens de mon île", dit-elle en pleurant.
Sans nouvelles des leurs, ces rescapés sont aussi persuadés que le bilan officiel est largement inférieur à la réalité. Vendredi, le dernier bilan livré par le ministère de l'Intérieur faisait état de 7.736 morts en Inde continentale et de 712 morts dans ces archipels. Les autorités précisent que l'on est sans nouvelles de 3.000 habitants de ces îles. Mais selon la police et les bénévoles locaux jusqu'à 10.000 personnes pourraient avoir péri.
"A la différence de l'Etat du Tamil Nadu (Inde, le plus touché sur le continent en nombre de victimes, NDLR) qui a une côte sur laquelle les corps peuvent s'échouer, les Andaman n'ont que des îles et les gens emportés par les vagues sont perdus à jamais", affirme le chef de la police de l'archipel, Sarsahn Deol.
"Nous ne cherchons pas à cacher quoi que ce soit, mais nous avons des problèmes logistiques car les îles sont éparpillées sur 800 km", tente pour sa part d'expliquer le préfet Ram Kapse.

"Mais de quoi ils parlent ? Ils ne savent même pas combien de personnes habitent dans chacune de ces îles", s'insurge Mariam Robert, de Chowra, ajoutant que l'éparpillement des réfugiés dans différents abris rend les décomptes encore plus difficiles. Son fils, son neveu et sa belle soeur ont disparu. "Le gouvernement dit que Chowra ne compte que 1.500 habitants. Moi, j'ai vécu là-bas toute ma vie et je sais avec certitude qu'il y a 3.000 habitants, affirme-t-elle.
"Les familles ont été séparées par quatre biais: les camps (pour réfugiés, NDLR), les hôpitaux, les îles, et puis il y a ceux qui sont morts ou disparus comment qui que ce soit peut résoudre ce puzzle chinois ?", s'interroge un bénévole japonais, sous couvert de l'anonymat.

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